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Notre Loge

  • : Lumières et laïcité
  • : Promouvoir la laïcité et la mixité au sein du monde profane et encourager la création de loges mixtes au Grand Orient de France
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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 17:32

 

Préambule

 

Parler de la laïcité est toujours un réel problème vu les différentes énormités qu’on dit en son nom.

Pourquoi donc parler de ses fondements philosophiques, voire métaphysiques quand certains réduisent sa définition à un ensemble de lois et règlements pour vivre ensemble (c'est désormais la formule consacrée) voire à une inscription d’ordre constitutionnelle, plus ou moins caractérisée par une armature juridique qui peut varier du tout à son contraire ?

Parce que tout simplement les multiples et divers adversaires de la laïcité, telle qu’elle a surgi au moment de la révolution française dans les années 1789 et suivantes ont tout fait et continue à tout faire pour la dénaturer, car elle est dérangeante, c'est le moins que l'on puisse dire.

En effet les lois formant les caractéristiques d’une société sont toujours sous-tendues par un idéal, lui-même généré par des conceptions philosophiques de l’organisation de la société et qui aboutissent à ce qu’on appelle à terme des civilisations.

Eh oui, toutes les civilisations ne se valent pas comme peut le prétendre une certaine gauche dégénérée, des islamogauchistes aux écologistes relativistes qui ont envahi désormais notre modèle de pensée en imposant une pensée unique de gens bien-pensants et pensants-bien qui monopolisent nos médias.

Les civilisations qui ne prennent pas en compte les libertés individuelles, la liberté absolue de conscience , l’égalité en droit des citoyens, la possibilité à des populations de se constituer en nation sur un territoire lui appartenant n’ont pas intrinsèquement la même valeur que les sociétés essayant d'intégrer les valeurs laïques ,sans compter celles qui ne reconnaissent pas la dignité de l’individu comme celles qui pratiquant l’excision par exemple dont justement certains de nos relativistes culturels et complaisants tolèrent les pratiques en les excusant et en leur donnant des circonstances atténuantes.

Or la laïcité, dit-on dans nos loges, fait parti des plus hautes valeurs morales conceptualisées à nos jours ; c’est donc qu’il est fondamental de mettre à jour les fondements philosophiques qui la sous-tendent, et peut-être dégager une certaine conception métaphysique qui en est l’aboutissement.

 

Pendant longtemps en loge je me suis mis à réfléchir à ce problème, jusqu’à ce que je lise un petit ouvrage, celui de notre F… Daniel BERESNIAK du GODF et de OITAR au titre tout simple la LAICITE qui devrait être, à mon avis, obligatoirement lu par tout apprenti à son entrée en loge. Cet ouvrage m’a incontestablement, il y a plus de 30 ANS, ouvert la voie de réflexion sur cette recherche philosophique et métaphysique de la laïcité.

 

Mais alors il faut analyser comment ce concept de laïcité est né historiquement , et pourquoi c’est un concept qui se fonde sur des préceptes et des piliers organisationnels et non un dogme rigide amené par une sorte de révélation de la part d’un Saint-Esprit laïciste et encore moins une simple idée ou principe mal défini et fourre-tout capable d’emmagasiner le tout et son contraire.

 

Il faut donc faire un peu d’histoire pour comprendre la genèse de ce concept.

 

L’éclosion de l’idéal laïque en France de 1789 à 1807 et l’élaboration concomitante du concept de laïcité.

 

C’est effectivement en France que cet idéal laïque a vu le jour et que ce concept de laïcité s’est élaboré petit à petit à la suite de luttes politiques.

En effet si le mot laïcité fut un mot inventé par LITTRE dans son dictionnaire en 1877 avec une définition a minima qui était la suivante : « ce qui est laïque, ni ecclésiastique, ni religieux », c’était par ce néologisme donner en fait un début de fondement philosophique à cette conception des rapports en société qu’avait entrainé les principes de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen d’aout 1789 sur la liberté individuelle et l’égalité en droit avec la mise en pratique de son article 10 : « Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre publique établi par la loi. »

Mais comment cela a pu être conçu en France ?

Pour comprendre le processus, il faut remonter au bouillonnement des idées du début du siècle et de la fin du siècle précédant, appelé globalement le siècle des lumières. Celui –ci remit en cause les principes de l’autorité habituellement reconnue d’un ordre naturel, c'est-à-dire prétendument d’origine divine non contestable , et c’est au nom de la raison que des propositions nouvelles furent élaborées dans tous les domaines de la vie en société

La France avait un passé sanglant de guerre de religions et un passé d’oppression totalitaire de l’Église catholique, aggravé après la révocation de l’Édit de Nantes de 1508 et de l’Édit d’Alès de 1629. Or 2 collaborateurs protestants français de la rédaction de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert émirent l’idée que la solution pour l’organisation de la société n’était pas une organisation de type communautariste à l’image de celle imposée de l’Édit de Nantes d’Henri IV qui avait failli historiquement à sa mission, car c'était une organisation typiquement communautariste associant des privilèges accordées à telle ou telle communauté religieuse à des interdictions d’exercice selon le lieu (il faut savoir par exemple que l’Édit de Nantes interdisait le culte protestant é dans beaucoup de villes comme à Paris, et interdisait le culte catholique dans quelques villes du sud-est en prévoyant ici et là des quotas dans l’administration, voire des places fortes armées comme à La Rochelle sensées protéger la communauté protestante, places fortes supprimées d’ailleurs par Louis XIII et Richelieu avec l’Edit d’Alès) Ces protestants participant à l’élaboration de l’Encyclopédie firent le choix d’une organisation sociétale fondée sur la liberté de culte et l’égalité en droit, considérées comme des libertés individuelles toutes les deux, et non communautaires; toute la communauté protestante française en 1789 adhérait déjà à ces idées.

 

Et c’est le symbole de la fameuse journée du 7 juin 1789 où les protestants parisiens voulurent appliquer ces principes.

Malgré l’avis défavorable du lieutenant général de police de Paris, les protestants parisiens se réunirent dans une auberge pour célébrer leur culte, ce qui fut appelé la liberté du culte public, c'est-à-dire non clandestin , mais ce n'était pas un culte en public comme l’admet aujourd'hui l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme, la différence est très importante.

Nous sommes donc le 7juin 1789 à quelques semaines du serment du jeu de paume du 20 juin et après l’ouverture des Etats généraux le 4 mai ; l’autorité royale n’intervint pas contre ce coup de force d’une centaine de protestants parisiens La liberté de culte était instituée dans les faits. Elle le fut dans le Droit par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen le 26 août 1789, précédé de la célèbre phrase du pasteur RABAUD SAINT-ETIENNE à l’Assemblée Constituante « ce n’est pas la tolérance que je réclame, mais la liberté ».

Nous avons donc , en ces journées du 7 juin et du 26 août 1789, le premier fondement de la laïcité émancipatrice ; la liberté de culte acquise non par une liberté communautaire ou communautariste, mais par la liberté individuelle et l’égalité en droit individuelle elle aussi.

 

Le deuxième acte symbolique fondateur de cette laïcité émancipatrice fut, par ces même protestants parisiens, dans leur premier temple construit à Paris en 1791, l’inscription de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen sur une plaque de marbre à l’entrée du temple aux coté du Notre Père inscrit sur une autre plaque de marbre. Il faut bien comprendre la signification symbolique de cet acte audacieux ; cela ne voulait absolument pas dire qu’il y avait apport d’éléments exogènes pour la refondation d’une foi religieuse de type syncrétiste , c’eut été impossible à concevoir pour des adeptes de la rigueur calviniste vis-à-vis du rôle des Ecritures bibliques pour la fondation de la foi ; mais cela signifiait quelque chose de très fort et de très révolutionnaire : c’est que la foi religieuse devait intégrer les hautes valeurs morales et philosophiques humanistes qui sont conçues par la réflexion philosophique au nom de la raison, en l’occurrence en 1789-1791, la liberté individuelle et l’égalité en droit, ce qui revenait à reconnaître qu’aucune organisation religieuse ne devait être considérée comme prédominante dans l’organisation d’un état républicain, et aucune croyance religieuse ne devait s’imposer à tous.

 

Le troisième acte, cette fois juridique, constituant le fondement de la laïcité, et qui fait logiquement suite après la désastreuse application de la Constitution Civile du Clergé de 1790 inspirée de l’abbé Grégoire, qui n’est d’autre qu’une fonctionnarisation du clergé comme l’est l’organisation de la dite laïcité turque de Mustapha KEMAL, fut la séparation de l’Église et de l’État obtenue par décret en 1795 par le conventionnel protestant et franc-maçon BOISSY D’ANGLAS, séparation annulée par le concordat napoléonien de 1801.

 

Mais l’acte suivant de la fondation de la laïcité fut fait étonnamment cette fois dans la continuité de la conception laïque et républicaine de la nation par NAPOLEON quand il convoqua en 1807 le Grand Sanhédrin (en référence à l’organisme du royaume de Judée) face à la communauté juive en France.

En effet le débat durait depuis 1789 en France pour savoir si la communauté juive devait être considérée comme une nation avec des lois propres communautaires s’appliquant à une minorité constituée, ou au contraire composée de citoyens français ayant les mêmes droits et devoir que les autres.

A la différence des protestants, le problème était en plus du problème religieux, un problème de constitution de la nation française.

 

Après la célèbre phrase à l’Assemblée constituante en décembre 1789 de CLERMONT TONNERRE « il faut tout refuser aux juifs comme nation et tout accorder aux juifs comme individus, » c’est 1791 que les juifs obtinrent le statut de citoyens français; mais ce droit fut rogné à plusieurs reprises ensuite, surtout suivant leur origine, séfarades du Sud-ouest, ou ashkénazes de l’Est et en particulier ceux d’Alsace, au nom de l’assimilation plus ou moins grande des différentes communautés locales à la vie de la société française..

Le problème fut aggravé par le fait qu'une grande partie des juifs alsaciens refusaient, semble-t-il d'après des documents de l'époque, d'être citoyens français, préférant être régis par des lois et règlements communautaires, à la différence, par exemple des juifs du Vaucluse (ex Comtat Venaissin) qui s’enthousiasmaient à l’idée d'être des citoyens français à part entière. Napoléon hésita longtemps, d’autant qu’il n’aimait pas la communauté juive en général, car ceux-ci pratiquaient des taux usuraires dans les prêts financiers. Mais finalement, malgré l’opposition virulente de son oncle le cardinal FESCH et des catholiques alsaciens, il trancha par la convocation de ce Grand Sanhédrin en 1807 composé de moitié de rabbins et de moitié de délégués civils, avec le marché suivant ; ou vous êtes une nation à part en France et vous n'avez pas les droits de citoyens, ou vous êtes citoyens français avec les mêmes droits et devoirs; dans ce cas vous abandonnez toutes les dispositions du Talmud contraire au Droit Civil, notamment celles concernant le mariage, le divorce, la polygamie ; la répudiation, les unions mixtes, les prêts à usure, etc… ; malgré la réticence de certains rabbins dans quelques domaines comme les mariages mixtes, le Grand Sanhédrin, sous la pression des délégués juifs de la société civile accepta tous ces renoncements aux dispositions du Talmud contraire aux lois française.

 

Ce fut un tollé dans toute l’Europe, du Tsar à toutes les autres royautés à l’idée que les juifs de France obtenaient des droits complets de citoyens. Car cela voulait dire en plus que les organisations religieuses devaient se plier aux lois de l’Etat. Les responsables catholiques, orthodoxes et protestants de l’Europe comprirent vite le danger pour eux et marquèrent leur désapprobation..

 

Ce fut vraiment le quatrième fondement du concept de laïcité : les adeptes de toutes les religions doivent, quelque soient les prescriptions religieuses, se plier aux lois de l’Etat, quand celles-ci bien sur ne touchent pas à la liberté individuelle de culte et quand elles ne troublent pas l’ordre public par ses manifestations.

 

C’est donc par un abandon de souveraineté républicaine que SARKOZY , ministre de l’Intérieur, à l’origine de la constitution du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) en 2003 n’exigea pas à cette occasion la reconnaissance officielle par le CFCM du droit à chaque musulman de pouvoir renoncer à sa religion malgré les versets du Coran au sujet de l’apostasie, l’abandon de la mise en application de la prescription du voile islamique pour les femmes sur la voie publique, l’abandon de la revendication de la viande halal pour les cantines scolaires, etc….

 

 

L’élaboration du concept philosophique de la laïcité

 

L’élaboration du concept philosophique de la laïcité est donc établi désormais, et nous constatons qu’il est intimement lié à la conception républicaine de la nation, conception que nous ne faisons qu’effleurer ce jour, mais sachant qu’en conséquence elle induit des lois spécifiques dans un état qui se veut républicain.

Mais encore faut-il pour être complet aborder purement les préceptes philosophiques qui l’accompagnent. Car pour tout concept philosophique, il s’agit de la compréhension de sa représentation mentale à partir de principes-postulats qui, eux-mêmes induisent des préceptes à type de commandements , lesquels deviennent alors des éléments de la source. du droit

Et c’est là qu’intervient les recherches philosophiques du GODF essentiellement entre les 2 guerres mondiales pour affiner ce concept de laïcit.

Partant justement des principes-postulats de Liberté individuelle et d’Égalité en droit découverts par les philosophes du siècle des lumières et de Fraternité sociale développé, lui, lors de la révolution de 1848, la voie humaniste cherchée par les différents convents de cette époque aboutit à proposer deux préceptes qui se trouve indissociables au concept de laïcité

Ce sont la liberté absolue de conscience et la tolérance mutuelle.

Liberté absolue de conscience, en référence à l’article 10 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen « nul ne peut être inquiété pour ses opinions même religieuses » mais qui par l’adjectif « absolue » veut se distinguer d’une liberté de conscience communautaire fondée sur une organisation religieuse et des commandements religieux, appelée, elle, souvent liberté de religion mais destiné à être régie par une communauté organisée.

Tolérance mutuelle , ce qui signifie précisément que la tolérance doit être mutuelle, sinon elle n’a pas lieu d'être, et des mesures anticléricales sont alors légitimes et nécessaires dans les lois républicaines à l’encontre de ceux qui la refusent.

 

Pour conclure ce chapitre, il m’a paru nécessaire de rappelée la définition de la laïcité qu’un convent du GODF a donné dans les années 30 après de multiples débats :

« Fondée sur la liberté absolue de conscience, sur la tolérance mutuelle et la reconnaissance de l’autre, sur la dignité de l’homme, et sur l’indépendance des institutions à l’égard des influences dogmatiques, dominantes ou minoritaires, la laïcité constitue le moyen d’une solidarité ouverte et vivante, offerte en partage à chacun, en dehors de tout esprit de ségrégation . »

 

 

 

La valeur spirituelle de nature métaphysique du concept de laïcité

 

Si il y a une nature philosophique, y aurait-il une genèse d’une valeur spirituelle de nature métaphysique dans l’élaboration de ce concept de laïcité ?

En effet, si l’on considère que l’Humanité en général et l’Homme-individu en particulier sont des valeurs suprêmes uniques et irremplaçables et que le concept de laïcité qui en découle s’est élaboré à partir des 3principes postulats fondamentaux que sont la Liberté individuelle, l’Égalité en Droit et la Fraternité sociale, cela semble évident. il apparaît en effet obligatoire que chacun puisse édifier librement ses propres références et croyances métaphysiques, quelle que soit la religion ou la doctrine qui en est à la base, mais aussi que l’acceptation de la liberté absolue de conscience et de la tolérance mutuelle soit nécessaire à la réalisation de l’émancipation individuelle et collective.

De plus cette valeur humaniste, par son caractère universaliste ne peut pas, de par nature, se fonder sur des « révélations »  transcendantales de paroles et d’écrits, mais uniquement à partir de la Raison et sur les principes-postulats humanistes que nous venons d’admettre. Or si la Raison est le moteur exclusif de l’élaboration de la valeur humaniste du concept de laïcité, elle ne peut que prendre en compte comme support les découvertes scientifiques.

C’est la notion de la voie humaniste qui se trace au fur et mesure à travers les découvertes scientifiques et les progrès conceptuels de la morale.. C’est bien aussi une vieille histoire de l’humanité comme nous le rappelle notre F… Daniel BERESNIAK que le savoir et la connaissance ne sont pas figées, et qu’ainsi l’interprétation religieuse et/ou métaphysique ne l’est pas non plus et doit donc évoluer en fonction de la voie humaniste qui se trace au fur et à mesure à travers les découvertes scientifiques et les progrès conceptuels de la morale humaniste : c’est le fondement de l’attitude laïque par excellence.

Cette manière de voir les choses et le monde installe dans la conscience une ouverture d’esprit qui protège ipso facto contre les dérives dogmatiques figeant la pensée, mais aussi produit en retour par conséquent une intransigeance réfléchie à l’encontre de l’application de tout précepte ou dogme pouvant se révéler un obstacle objectif dans la réalisation de l’émancipation individuelle et collective, qui finalement est le but de cette voie humaniste.

Cette attitude laïque n’a pu exister que parce qu’elle est issue aussi de la philosophie grecque basée sur la Raison ; elle permet le développement de la science et du progrès humaniste conceptuel puisque l’acquis des connaissances ou la certitude des croyances peuvent sans cesse être relativisés, donc remis en cause ultérieurement par d’autres découvertes et d’autres avancées conceptuelles allant dans la direction de la voie humaniste émancipatrice grâce à l’action de la raison.

 

Par exemple la liberté individuelle de la femme et la possibilité de conquérir son égalité en droit dans notre société n’a pu se réaliser pleinement dans les faits qu’après les découvertes scientifiques de contraception efficace et sans vrai danger et les possibilités d’avortement avec peu de risques, ce qui a permis de se traduire juridiquement dans les lois avec plus de facilités.

La traduction spirituelle d’ordre métaphysique du concept de laïcité se trouve bien dans la libre interprétation renouvelée que ce soit de la parole révélée qui est à la base de la foi du croyant, ou des acquis philosophiques des uns ou du savoir scientifique des autres, pour qu’elle puisse aller dans le sens de la voie humaniste ; cette voie humaniste devient ainsi une sorte de « prédestination » au sens luthérien du terme permettant l’émancipation individuelle et collective.

Toute autre attitude de certitudes dogmatiques immuables de pensée religieuse ou totalitariste athéiste, mais aussi économiques, scientifiques, politiques est toujours un obstacle à l’édification d’une authentique société laïque.

Dans cet état d’esprit le DALAI LAMA  lors d’un séjour en France il y a une vingtaine d’années déclarait à la question d’un journaliste, que si la science démontrait un jour l’impossibilité de la réincarnation, base de la foi bouddhiste, ceux-ci devraient considérer cette réincarnation comme seulement virtuelle.

Et là on entre dans le problème des « réalités virtuelles » bien exposées il y a une vingtaine d’année aussi d’un point de vue philosophique et métaphysique par un chercheur grenoblois Claude CADOZ qui nous montre que des réalités issues ou non de croyances ou d'imaginations peuvent être conçues virtuellement pour être réelles mais non obligatoirement réalisées matériellement.

C’est à rapprocher d’ailleurs des tentatives par les cabalistes d’aller au-delà des réalités perceptibles et des croyances admises communément, ce qui remet en cause les idées reçues. Leurs tentatives de comprendre un autre univers en déstructurant les phrases et les mots de la BIBLE pour essayer d’en trouver d’autres significations par d’autres lectures ont donc permis , bien avant VOLTAIRE qui a repris ce thème, de penser que si Dieu a créé l’Homme à son image, cela pouvait aussi vouloir dire que l’Homme a créé Dieu à son image, et que si le Soleil tournait visiblement autour de la terre cela pouvait vouloir dire , bien avant les découvertes de GALILEE que c’était la Terre qui tournait autour du Soleil.

 

Cette conception de laïcité émancipatrice en tant que valeur intellectuelle, spirituelle, de nature même métaphysique puisqu’elle a regard critique d’analyse sur ce qui est au-delà de la physique comme le disait ARISTOTE en refusant les dogmes immuables, suppose d’admettre la relativité ou la virtualité des croyances ou certitudes, et, paradoxalement, nous donne les armes idéologiques pour prendre sans état d'âme les dispositions juridiques et politiques nécessaires pour la promouvoir contre l'action des forces obscurantistes, notamment les mesures d’ordre public.

 

Cette conception de laïcité émancipatrice en tant que valeur spirituelle universelle, condamne donc sans appel toutes les dérives de laïcité ouverte ou positive qui révèle une complaisance totale vis-à-vis des forces obscurantistes , ou même dogmatique a minima comme celle fondée sur une frontière arbitraire entre sphère privée et sphères publique, et ces dérives ont un point commun en tout cas : elles ne considère pas la laïcité comme une valeur spirituelle universelle.

L’importance de l’adhésion commune à cette valeur spirituelle du concept de laïcité doit être bien comprise. En effet comme nous l’avons déjà dit, à la fois elle nous protège contre tout dogmatisme laïciste, et à la fois elle nous invite à l’intransigeance envers les formes d’oppression concoctées par des dévots de toutes sortes, aussi bien vis-à-vis de la société toute entière que vis-à-vis des membres de leur propres communautés, formes d’oppression totalitaire qu’elles soient intellectuelles obscurantistes comme la diffusion du créationnisme ou sociétale comme le port en public du voile islamique.

 

 

Les mesures d’ordre public pour asseoir cette conception de laïcité émancipatrice

 

La laïcité dans un état ne s'impose jamais par une sorte de révélation apportée par une sorte de Saint-Esprit laïque ou laïciste, mais toujours par une lutte politique plus ou moins violente que font les forces politiques à travers leurs responsables et militants éclairé contre les forces obscurantistes de toute nature.

SI l'adhésion aux valeurs spirituelles laïques par les groupes communautaires ou religieux ou sectaires ne se fait pas spontanément comme pour les protestants français de l’Église Réformée en 1789 et années suivantes, le devoir du pouvoir politique est de les y aider au besoin par une mise en demeure comme ça été le cas lors de la convocation du Grand Sanhédrin en 1807 pour la communauté israélite de France, et quand ça ne suffit pas la contrainte par des lois est nécessaire comme ce fut le cas pour l’Église Catholique avec la loi de séparation des églises et de l’État de 1905;

 

C'est dans cette optique que les lois à caractère anticléricale ou anti manifestations religieuses sur la voie publique doivent se comprendre.

Les lois Jules FERRY de 1882 sur l'instruction publique obligatoire et celles qui ont suivi comme la loi GOBELET en 1886 excluant les clercs et les congrégation de l'enseignement public ont été nécessaire pour réduire l'influence pernicieuse totalitaire de l'Eglise catholique chez les enfants et adolescents.

Les lois interdisant le port d'habit religieux dans l'espace public s'est avéré une nécessité d'ordre public au Mexique en 1865 par le gouvernement de Bénito JUAREZ et en France en 2004 et 2010 en ce qui concerne le port du voile islamique à l'école et dans l'espace public.

 

Ainsi, contrairement à ce qui est véhiculé souvent par les tenants de la pensée unique, la laïcité n'oblige pas l’État républicain à être neutre, donc complaisant vis à vis des organisations religieuses et d'autres forces sectaires et obscurantistes.

L'état républicain a au contraire l'obligation d'assurer la liberté individuelle vis à vis de l'ensemble de la population, y compris vis à vis des propres adeptes de ces organisations communautaires pour leur donner les moyens intellectuels et juridiques nécessaire à ce qu'ils puissent s'en affranchir si ils le veulent.

Mais quel que soit la nécessité de ces lois anticléricales et anti-manifestations religieuses sur la voie publique, ce sont seulement des moyens pour instaurer la laïcité, moyens souvent indispensables, mais seulement des moyens pour instaurer les valeurs laïques dans une société

 

L'instauration des lois anticléricales en Turquie par Mustapha KEMAL n'a pas amené par elle-même la société à des valeurs spirituelles laïques. Le nettoyage ethnique et religieux a été validé par génocide, massacres divers et autres dragonnades. Et comme il n'a jamais eu de séparation d'églises et de l’État en Turquie mais au contraire fonctionnarisation des imams et autres clercs musulmans rémunérés par l’État et dont les sermons sont préalablement lus par les préfets, la reprise en main des rouages de l’État par les islamistes en est actuellement grandement facilitée.

 

A l'inverse, parce que la laïcité repose sur des valeurs spirituelles telles que nous venons de les énoncer, et qui nous donne un devoir de les défendre pour assurer l'émancipation individuelle et collective, il est indispensable de prendre les mesures d'ordre public qui s'imposent pour se faire.

Devant le danger du pré rapport de l'ONU dit de DURBAN 2 en 2009 préparé par la Libye de KHADAFI et par le Pakistan pour instituer mondialement un délit de blasphème qui aurait eu pour mission de protéger tous les actes d'oppression menés au nom de la religion musulmane, il fallait , comme l'avait demandé le Conseil de l'Ordre du GODF, et les organes de direction du DH et de la GLFF s'opposer à tous prix à sa diffusion et à sa discussion et non se montrer compréhensif pour admettre de possibles compromis au nom du respect des religions et des cultures comme l'ont prônée à ce moment là, la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) et le MRAP en France, car pour leurs dirigeants actuels de ces 2 associations, la laïcité n'est qu'une organisation a minima de la société capable de permettre de vivre ensemble, selon la formule habituellement consacrée, ce qui reviendrait à faire un retour en arrière historique au temps de l'Edit de Nantes qui avait eu aussi seulement cette fonction de permette de vivre ensemble. (rappelons que la LDH et le MRAP ont fait partir de leur rang le tiers de leurs adhérents respectifs qui défendaient la laïcité entre 2003 et 2006, pour se mettre au service d'une idéologie en faveur des revendications islamistes sous prétextes que les travailleurs immigrés en France sont exploités et descendants de populations colonisées ).Il en a été de même de la part de ces 2associations lors des interventions auprès de la commission GERIN à l'Assemblée Nationale sur l'interdiction du port du voile islamique dans la sphère publique.

 

 

Les différentes voies d’approches politiques et juridiques pour atteindre et appliquer le concept de laïcité

 

Nous avons constaté que le concept de laïcité s’était élaboré en France essentiellement pendant la Révolution de 1789 et années suivantes.

Mais comme c’est un concept et non un dogme, il est loisible alors de penser que la construction d’une société laïque puisse se faire d’une manière quelque peu différente de la voie française.

 

Or l’exemple le plus typique est celui des pays scandinaves, Finlande, Suède, Danemark, Norvège.

Le mécanisme a été celui amené par l’Église luthérienne qui a valorisé la place de la femme dans la société au cours des siècles. D’avancée en avancée, elle a permis à la femme d’avoir une condition égale à celle de l’homme aussi bien dans les faits que du point de vue juridique. Au bout du processus, la notion d’égalité individuelle a pénétrer la situation civile et politique de l’ensemble des citoyens et a atteint le cœur même de l’Église luthérienne qui a ordonné les femmes pasteurs et évêques sans compter parfois des hommes et femmes homosexuels. L’aboutissement fut , d'un état scandinave à l’autre, le vote des lois de séparation des églises et de l’Etat, dont la dernière fut en Norvège il y a tout juste 1 mois en mai 2012.

Ce mécanisme d’approche de la laïcité dans la société dominée par l’Église luthérienne montre 2 choses :

1/ que le concept de laïcité pour s’appliquer a besoin d’un support idéologique donc philosophique basé sur la liberté individuelle et l’égalité en droit des citoyens et est donc une valeur d'ordre spirituelle, et non simplement une disposition juridique de séparation des églises et de l’État

2/ que le concept de laïcité pour s’appliquer ne se résume pas à la seule loi de séparation des églises et de l’État comme veulent nous le faire croire les trotskistes de la Libre Pensée qui sont plus ou moins les maîtres à pensée de notre Commission Nationale Permanente de Laïcité et de son président qui pense d'ailleurs que l’Édit de Nantes est une des origines de notre laïcité, ce qui les amène à tolérer certaines formes d’oppression comme le port en public du voile islamique. La séparation des Églises et de l’État peut donc arriver presque en fin de processus de Laïcité d’un état.

 

D’ailleurs l’exemple a contrario est celui des USA dans lequel la séparation des églises et de l’Etat est totale, mais où la soumission des instances politiques et de l’élaboration des lois est, elle, totale vis-à-vis des différentes organisations religieuses, jusqu’à tolérer différentes formes d’oppression et d’obscurantisme comme le créationnisme dans les écoles.

 

Enfin il est je crois nécessaire de dire un mot d’une autre forme d’approche de laïcité si l’on considère justement que celle-ci est générée par la liberté individuelle et surtout l’égalité en droit de chacun, c'est dire la non discrimination civile pour chacun selon ses croyances ou appartenance à une communauté . C’est l’approche ésotérique d’un courant soufi dans l’Iran au 14ème siècle. Il considérait que la recherche ésotérique d’unité en Dieu passait par l’effacement dans la société de toute différence et de toute croyance de chacun. Un célèbre poème de SHABESTERI illustre bien cette pensée : je vous en fait part d’une strophe que vous pourrez retrouver dans le livre de Daniel BERESNIAK.

 

     « Je et Tu sont le voile

      Que l'enfer entre eux a tissé

      Quand ce voile devant vous est levé, il ne subsiste rien

      Des sectes et des croyances qui nous enchainent

      Toute l'autorité des lois ne peut porter

      Que sur ton Je lié à ton corps et à ton âme,

      Quand Je et Tu ne restent plus entre nous deux,

      Que valent mosquées, temples et synagogues? »

 

Dommage que cette approche fut condamnée violemment par le clergé chiite de l’époque et a disparu .

 

 

Conclusion

 

Pour conclure, nous pourrons dire que :

  • la laïcité est un concept philosophique issue de la pensée humaniste, et plus particulièrement des « Lumières » du 18ème siècle, fondée sur la Raison, les connaissances scientifiques et l'acceptation de la relativité de croyances.

  • la laïcité est un concept philosophique construit à partir des principes-postulats fondamentaux que sont la liberté individuelle, l'égalité en droit, la fraternité sociale.

  • la laïcité est un concept philosophique engageant l'application des préceptes de liberté absolue de conscience et de tolérance mutuelle.

  • la laïcité est un concept philosophique engageant des applications juridiques de type institutionnel comme la séparation des églises et de l’État et l'égalité en droit, et souvent des mesures anticléricales et anti-manifestations religieuses dans l'espace public, participant ainsi à l'émancipation individuelle et collective qui est le but de cette voie humaniste

 

          J’ai dit

 

 

 

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