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28 novembre 2013 4 28 /11 /novembre /2013 09:34

 

La démocratie est une doctrine et une organisation politique, un ensemble de valeurs et un idéal.

Cette doctrine et cette organisation politique se fondent sur l'égalisation des conditions, la souveraineté du peuple et l'omniprésence de l'opinion publique1.

L'idéal démocratique s'appuie sur les valeurs de liberté et d'égalité vécues comme complémentaires, sur la fraternité, le respect des différences, la coopération.

 

 

L'histoire de la démocratie remonte à l'Antiquité, au VIIe siècle avant notre ère, en Grèce, en Inde et en Mésopotamie, avec une émergence au XVIIe siècle et une extension jusqu'à nos jours.

Le passage d'une aspiration à une réalisation démocratique est un processus qui peut être chaotique. En Europe, après la Terreur, la restauration de la royauté, la première guerre mondiale et le fascisme, les idées de 1789 ont réinstallé la démocratie2.

En 2010-2011 l'espérance des révolutions démocratiques arabes s'est refermée brutalement pour sans doute resurgir dans l'avenir, si l'on partage la conviction d'un avènement irréversible, universel de la démocratie dans le monde3.

La démocratie constitue aujourd'hui l'héritage commun de l'humanité.

 

 

Dans le monde, quatre gouvernements ne se revendiquent aucunement en tant que démocratie : L'Arabie Saoudite, le Bangladesh, le Vatican et Brunei.

Cuba, la Libye, la Syrie, le Turkménistan, la Chine, le Vietnam, le Laos se déclarent démocratiques mais ne permettent pas l'existence de groupes d'opposition.

156 pays se déclarent démocratiques et permettent l'existence de groupes d'opposition, du moins en théorie.

 

 

L'indice de démocratie4, créé par The Economist group se propose d'évaluer le niveau de démocratie de 167 pays, en se basant sur 60 critères appartenant à cinq catégories (le processus électoral et le pluralisme, les libertés civiles, le fonctionnement du gouvernement, la participation politique, la culture politique). Ces catégories sont interdépendantes et conçues comme un tout conceptuel cohérent. Les élections libres et justes, la liberté politique sont considérées comme des conditions sine qua non. Sont également pris en compte les libertés d'expression, de religion, d'association, et le droit à un procès juste et équitable.

 

Sur 167 pays, classés de l'indice de démocratie le plus élevé au plus faible, on compte 25 Démocraties, 53 Démocraties imparfaites, 37 Régimes hybrides et 52 régimes totalitaires.

La France, classée comme démocratie imparfaite, est en 29e position derrière l'Afrique du Sud, la Corée du Sud, le Costa Rica, la République Tchèque.

Les trois premiers pays sont, dans l'ordre, la Norvège, l’Islande et le Danemark.

Il existe un frontière commune entre la Corée du Sud, démocratie classée en 22ème position et la Corée du Nord, régime totalitaire classé en 167ème et dernière position.

 

Dans le classement de 2011, en France, le processus électoral est évalué à 9,58 (contre 10 au Danemark), le fonctionnement du gouvernement à 7,14 (contre 9,64 en Suède), la participation politique à 6,11 (contre 10 en Norvège), la culture politique à 7,5 (contre 10 en Islande) et les libertés civiles à 8,53 (contre 10 en Irlande).

 

 

Dans les institutions qui contribuent à la démocratie mondiale et œuvrent à la paix dans le monde, l'Organisation des Nations Unies joue un rôle majeur. Fondée en 1945 pour remplacer la Société des Nations, elle compte 193 états membres sur les 197 reconnus par l'organisation.

 

Crée en 2002, la Cour Pénale Internationale est une institution permanente chargée de promouvoir le droit international et de juger les personnes accusées de génocide, crime contre l'humanité et crime de guerre. Elle vient d'émettre en octobre dernier un mandat d'arrêt contre Charles Blé Goudé, proche de Laurent Gbagbo, accusé de crimes contre l'humanité commis pendant les violences post-électorales de 2010-2011 en Côte d'Ivoire, pays classé dans les régimes totalitaires en 142e position sur l'Indice des démocraties.

 

L'Organisation pour l'Interdiction des Armes Chimiques vient d'être mandatée par l'ONU pour assurer le démantèlement de l'arsenal chimique syrien. Elle compte 190 états membres. Deux pays signataires, Israël et la Birmanie n'ont pas encore ratifié la Convention sur l'Interdiction des Armes Chimiques. La République Populaire Démocratique de Corée, l’Égypte, l'Angola et le Sud Soudan ne sont pas membres.

 

La déclaration universelle sur la démocratie5 pose les principes de la démocratie et sa dimension internationale. Elle a été adoptée par le Conseil interparlementaire au Caire le16 septembre 1997.

 

La Campagne pour la création d'une Assemblée Parlementaire des Nations Unies6 (APNU) est initiée par un réseau mondial de parlementaires et d’organisations non gouvernementales œuvrant pour la représentation des citoyens aux Nations Unies et la création d'un parlement mondial.

 

 

Au niveau européen, l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) accueille la totalité des états du continent européen ainsi que ceux qui sont nés de la dissolution de l'Union Soviétique. Les États-Unis et le Canada ont un statut d'associés. Pour les états participants, une sécurité durable ne peut être obtenue sans le respect des droits de l’homme, ni sans institutions démocratiques.

Le Bureau des Institutions Démocratiques et des Droits de l’Homme7 (BIDDH), crée en 1990, a pour mission d'assister les gouvernements à tenir leurs engagements dans le domaine des droits de l’homme et de la démocratie.

 

 

Au niveau local, la démocratie se vit dans toutes les instances de décentralisation des pouvoir de l'état, dans les conseils de quartier, les partis politiques, l'activité syndicale, le secteur associatif, les loges. Il est possible de questionner dans tous ces lieux l'indice de démocratie. Le fonctionnement démocratique est-il important, visible, respecté dans les discours, dans les pratiques, vivant, exemplaire ?

 

 

Si l'on regarde l'histoire de l'humanité, il est très probable que l'excès et la volonté de pouvoir soient dans la nature de l'homme.

« Le lutteur commence son combat dans un esprit de loyauté mais finit par user de coups défendus ; l'excès de ruse engendre des procédés anormaux. Le buveur qui se conforme au rite commence dans un esprit de politesse, mais finit dans un état de dérèglement qui amène une conduite anormale. Il en est ainsi de toute chose. On commence dans la courtoisie pour sombrer dans la grossièreté ; ce qui était d'abord peu de chose se termine en catastrophe.8 »

Cet extrait nous vient de la Chine antique, il est tiré du Tchouang-tseu au IV siècle avant notre ère.

Au XXe siècle, Georges Orwell, préoccupé par la question du pouvoir, tire de son expérience Birmane, londonienne et parisienne un texte terrifiant sur la logique de pouvoir poussé à son extrême, ne se préoccupant plus que du fait de se perpétuer. Le pouvoir comme fin en soi, débarrassé de toute idéologie, beaucoup plus puissant et pérenne que le nazisme ou le stalinisme, un pouvoir qui, après s'être attaqué à la liberté d'agir, s'attaque à la capacité de penser en refondant le langage.

Ceci impose la vigilance. Les systèmes démocratiques, mêmes parfaits, ne protègent pas des glissements de l'altruisme vers l'égoïsme ni des dérives des excès du pouvoir.

 

 

Un autre risque est au cœur des systèmes démocratique : le national-populisme.

En juin 2012, en Grèce, berceau et laboratoire historique des théories et des expérimentations démocratiques, 18 députés du parti néonazi Aube dorée sont arrivés au parlement. Parti à qui les sondages ont donné 12% d'opinion favorable, populaire avec ses distributions de nourriture réservées aux Grecs.

En Norvège, pays en tête du classement de l'Indice de démocratie, l'extrême droite va faire son entrée au gouvernement.

La tendance est à une reconversion des partis d'extrême droite racistes en partis populistes xénophobes. Ces mouvements passent d'une idéologie de haine vouée à l'échec électoral à un rejet fourre-tout de l'autre et du système, plus impulsif, moins infréquentable mais qui vise à la conquête réelle du pouvoir, prônant le passage d'un régime parlementaire à des consultations référendaires.9

Les extrêmes droites nationalistes populistes cultivent l'utopie d'une société fermée propre à assurer la renaissance communautaire.

 

Heureusement, (mais aussi malheureusement), en démocratie, une pensée ne vaut que si elle devient majoritaire10.

 

Face à ce risque du national populisme et devant l'enjeu que représente la démocratie pour l'avenir de l'humanité, nous pouvons faire le pari de la culture, de la pédagogie, de l'obligation de la transparence et du rendre-compte, de l'exemplarité, du respect des décisions démocratiques et de la mise au travail constante des processus démocratiques.

 

A l'idée de société fermée s'oppose une culture d'ouverture partagée et accompagnée, rencontre de l'autre et de ce qui est autre, de ce qui engage.

Dans ce courant se situent l'éducation populaire, l'Université Populaire ou des associations comme « Culture du Cœur » qui associent médiation culturelle et intervention sociale.

 

Il serait possible de faire l'état actuel de la pédagogie de la démocratie, questionner l'existant, imaginer et construire les développements possibles.

 

L'exemplarité est ce qui se donne à voir et ce qui s'oublie.

La transparence et le rendre-compte sont les premières conditions pour que les fonctionnements et les pratiques démocratiques se donnent à voir.

Dans ce qui se donne à voir se mesure l'écart entre la parole et les actes, ou apparaît la signification que l'usage donne aux mots.

« Les paroles de l'homme sont pareilles aux vagues soulevées par le vent, mais l'acte de l'homme ne rejoint jamais sa parole. » (Tchouang-tseu) ou « Laisse l’emploi des mots t’enseigner leur signification11. » (Ludwig Wittgenstein, philosophe autrichien et britannique du XXe siècle).

L'exemplarité se montre dans le respect de la règle et le respect des décisions démocratiques.

Jean Baudrillard, philosophe français, a distingué la règle de la loi12. Si selon lui la loi institue et peut être transgressée, la règle, établie entre des hommes pour fonctionner ensemble ne peut que se respecter, sauf à sortir du jeu commun.

Dans tout système démocratique élaboré, le pouvoir circule de la base au sommet et du sommet à la base. Chaque individu à son niveau va participer à des prises de décisions et va appliquer des décisions prises à un niveau différent. La souveraineté des individus va être assortie à certaines conditions (par exemple le droit de vote) et la contrepartie de cette souveraineté va être la soumission à certaines obligations (par exemple l'application d'un règlement). L'exemplarité se joue à tous les niveaux.

Les décisions prises selon des règles démocratiques s'appliquent à tous les individus concernés, sauf à revoir et modifier démocratiquement ces règles.

 

Si l'exemplarité s'oublie, c'est qu'elle se pratique et qu'elle ne sert pas de faire valoir, d'exemple à donner à autrui.

 

Les processus démocratiques se mettent au travail, chaque fois que cela s'avère nécessaire. Les équilibres entre démocratie représentative et démocratie participative se construisent et s'ajustent.

Francis Fukuyama, politologue américain, dénonce ce qu'il appelle la vétocratie, un système dans lequel un acteur politique représentant des vues minoritaires peut bloquer la majorité. Deux exemples récents peuvent illustrer son constat : le cas du vote du budget fédéral aux USA et le veto de la Russie à l'ONU sur le déclenchement d'une répression armée contre le régime syrien.

Ces questions s'examinent, selon les contextes. Il ne peux exister de modalités généralisables à toutes les situations.

 

 

Plutôt qu'exportable, la démocratie est une valeur universellement extensible, renouvelable et perfectible.

 

 

J'ai dit.

 

  Athenesdemocratie.jpg

 

 

Stèle : La démocratie couronnant Athènes (musée de l'agora à Athènes)

 

 

 

 

 

 

 

 

1Alexis de Toqueville

2L'alarme d'Edgar Morin, Médiapart, le 28/08/13

8Philosophes Taoïste I, éd. La Pléiade, 1980, p. 115 et 116

9Week-end chez les populistes, Le Monde du 02/10/13

10Guy Sorman, Impossible et pourtant nécessaire, le social libéralisme à la française, Le Monde du 24/10/13

11Ludwig Wittgenstein, Recherches philosophiques

12De la séduction, 1979

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