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23 mai 2013 4 23 /05 /mai /2013 21:38

 

 

 

Rousseau affirme que l'humanité dans sa condition primitive est exempte de perversité ou de vice : « Tout est bien sortant des mains de l’Auteur des choses ».

 

Alors voyons de plus près…

 

Il y a 2 à 4 millions d’années les Kényapihèques (grands singes fossiles) évoluent en 2 ramifications :

- les panidés ,nos cousins, futurs gorilles et chimpanzés

- les hominidés qui, après moult évolutions, sont devenus ce que nous sommes.

Quelles pouvaient être les qualités spécifiques de cette dernière ramification pour aboutir à l’Homme (avec un grand H) ? Je reviendrai sur cette question  plus tard.

En tous cas , les animaux que nous étions (et que nous sommes toujours) avaient bien sûr des instincts de reproduction mais aussi un instinct grégaire par nécessité de protection.

La vie en groupe (on ne peut pas parler de famille …) complique toujours les relations entre individus et crée des conflits pour s’approprier la nourriture, les moyens de survie, la reproduction de l’espèce.

Très vite un « chef » va essayer de dominer la « troupe », ce sera dans le plus souvent un mâle dominant, le plus fort physiquement, donc le plus protecteur. Il va, en conséquences, s’attribuer tous les droits et priorités c'est-à-dire la nourriture et le droit de cuissage !

Il mènera la troupe lors des batailles, soit pour se défendre soit pour s’attribuer ce que possèdent les autres et ceci sans ménagement : nous avons tous en tête ce dessin humoristique sur lequel on voit un homme préhistorique habillé d’une peau de bête, traînant par les cheveux une femme qu’il vient de subtiliser à son voisin qu’il vient d’assommer ou de tuer avec le gourdin qu’il tient à la main !

Dans cette société plus que primitive y avait-il des valeurs humaines différentes de la force des instincts animaliers ?

Certes le cerveau de l’Homme a évolué mais il possède toujours son cerveau reptilien !

Bien sûr l’évolution des diverses couches cervicales aura des conséquences sur les relations avec les autres individus du groupe, voire avec les individus d’autres groupes . Cette évolution va lui permettre d’avoir des sentiments d’amour, d’appartenance, de jalousie, etc….

Un autre aspect va permettre aux plus forts de renforcer leur domination : c’est la peur !

La peur des ennemis et autres prédateurs mais surtout la peur des éléments naturels que l’Homme ne peut maîtriser : la foudre, l’obscurité, la sécheresse, le volcanisme… la Mort !

Alors le chef sera aussi celui qui saura dominer sa peur, mieux que les autres. De plus les groupes s’agrandissent et pour mieux maîtriser ses individus la peur des éléments naturels est exploitée, un sorcier sera le « conseiller » du chef et aussi l’exorciste en cas de nécessité. Le chef, avec l’aide du sorcier, invoquera des forces naturelles ou surnaturelles quand il en aura besoin, pour la guerre, mais aussi pour asservir sa troupe. Ce sera l’embryon des futures religions.

La survie d’un individu reposait (et repose peut-être encore) sur son appartenance à un groupe humain. Les normes définies par les autorités (force et croyances), ces normes sont les valeurs humaines attribuées à chacun.

L’individu qui ne respecte pas ces normes ou qui veut s’attribuer une « valeur personnelle » sans l’assentiment de l’autorité , sera puni, exclu, banni …. (j’ai trouvé 18 synonymes à banni !)

L’Histoire de l’Humanité est plein d’exemples de ces sociétés : de l’Égypte au Moyen Âge !

La dualité Force et Religion s’exprime, selon les périodes, en accord ou en dominance l’une par rapport à l’autre !

Par exemple au Moyen-Âge avec la dominance des religions chrétienne et musulmane.

Assez curieusement, c'est peut-être grâce ou peut-être à cause de cette ou ces dominations religieuses que des textes anciens, notamment grecs, ont pu être traduits. On y trouve les premiers principes de dignité de l’Homme comme tel, le respect, la justice plutôt que l’injustice, la mort plutôt que la trahison.

Ces valeurs veulent s’imposer à l’Être humain comme un loi éternelle (on ne dit pas encore universelle !)

Pour Platon il y a une indépendance de l’âme à l’égard du corps, un pouvoir de la pensée !

Mais la Grèce combattante, avec ses dieux souvent guerriers, n’était pas que cela et après l’expansion de la Rome chrétienne et son déclin, il faudra attendre la fin du Moyen-Âge pour que les philosophes valorisant l’Homme puissent être entendus et écoutés .

Il s’en suivra bien sûr le Siècle des Lumières, son aboutissement politique par la création de la République avec sa devise « Liberté, Égalité, Fraternité » avec le principe récent de Laïcité.

Je ne vous ferai pas l’apologie de cette belle Utopie dont nous sommes tous convaincus !

Plus d’un siècle s’est écoulé depuis que cette devise est inscrite sur tous les édifices de notre République (et dans d’autres pays également… souvent d’anciennes colonies françaises !!)

Mais qu’en est-il concrètement aujourd’hui ?

 

Je ne puis reprendre une par une toutes les valeurs humaines, mais comment peuvent-elles s’exprimer au niveau individuel, dans les contextes familiaux, professionnels et national ?

En un siècle les structures industrielles, sociales et économiques ont évolué pour ne pas dire changé. Les valeurs de solidarité et de fraternité qui étaient absolument nécessaires dans un contexte de développement industriel difficile et hostile, ces valeurs, une fois les besoins primaires assouvis sont devenues secondaires, chaque être humain ayant envie de vivre différemment développe ses propres valeurs et sa priorité de style de vie .

 

L’INDIVIDUALISME naturel de l’Homme reprend le dessus aidé par le monde moderne qui déplace de plus en plus l’individu vers des intérêts personnels au détriment des intérêts communs.

Exemple : l’onanisme « informatique » et l’illusion d’avoir des centaines d’amis dans les réseaux sociaux !

La perte de valeurs communes vers l’intérêt personnel s’exprime dans l’évolution des valeurs familiales.

 

LE MARIAGE, homme et femme, dont la nature est d’avoir des enfants, de les élever dans l’amour du couple et les préparer à l’insertion sociale, le mariage ne résiste pas à la recherche de l’intérêt ou du plaisir personnel : en 2011 on observe un taux de 46.2 % de divorce.

Le problème des enfants de parents divorcés, c'est-à-dire de parents qui n’ont pas tenu leur engagement, n’est pas résolu dans tous les cas de figures, ce sont toujours les enfants qui vivent plus ou moins bien ces séparations .

Alors, je pose la question, fallait-il encore ajouter à cela le paramètre du mariage homosexuel ? Dans l’intérêt de qui ? des enfants ?

Qui voudra me faire croire cela ?

Au nom de l’Égalité ? quelle Égalité ?

Au nom de la Liberté ? quelle Liberté ?

Nous touchons cette fois aux valeurs fondamentales de la République.

« Les Hommes naissent Libres et Égaux en droit »… «  pas tous » disait Coluche.

« tout le monde est égaux sauf … »

 

EGALITE : Nous sommes tous témoins des inégalités entre hommes et femmes, entre riches et pauvres, face à la Justice etc…. On a enlevé le mot « race » des textes officiels... alors fini le racisme ?

Et pourtant nous sommes certainement dans un contexte d’une république qui nous protège le mieux possible si l’on regarde ce qui se passe dans le monde.

 

LIBERTE : Nous savons que plus une société est complexe, plus il faut de lois, de règlements pour la gérer, plus de contraintes donc moins de Liberté. La Liberté ne peut pas être une Liberté absolue, sinon nous ne pourrions plus vivre ensemble. Cela me rappelle une phrase que j’ai lu il y a bien longtemps et qui disait à peu près cela :

« Si les citoyens participent à l’élaboration des lois et des règlements il ne devrait pas y avoir besoin de justice ni de sanctions puisque tout le monde a décidé de la loi ! »

Alors la Liberté est-elle à double tranchant ?

 

LE TRAVAIL

Une autre valeur est très importante pour l’autonomie de l’Homme : le Travail (nous l’affirmons également en franc-maçonnerie).

Pourtant les inégalités homme/femme perdurent encore en 2013 . Chacun a droit normalement à la possibilité de vivre dignement, de satisfaire ses besoins et ceux de sa famille en participant à cette répartition de tâches en fonction de sa spécificité puisque l’autarcie n’est plus d’actualité .

Le domaine industriel a été bouleversé par la captation financière. Le travail de l’Homme est devenu une valeur transitoire, temporaire, éphémère le temps de la création de richesses pour les actionnaires. Ces derniers peuvent à tout moment retirer leur investissement sans tenir compte de la valeur ou la nécessité du produit ni des conséquences humaines.

Cependant, on peut l’affirmer celui qui travaille trouve dans cet état l’autonomie financière, le bonheur de la création et la satisfaction d’appartenir à une société.

Je ne puis arrêter cette planche sans évoquer la LAÏCITE.

Là encore quelle Laïcité ?

Je suis un ancien normalien des années 60, formé (aujourd’hui on dirait formaté) à l’École de la République (certainement la 3ème). Lors de notre formation nous avons travaillé un livre que certains ici connaissent bien : le Code Soleil ou livre des Instituteurs. Code Soleil parce que écrit par Joseph Soleil et publié la première fois en 1923. Joseph Soleil était membre du parti radical-socialiste et avait des fonctions au ministère de l’Instruction Publique .

Je ne sais pas mais à mon avis il devait être franc-maçon car ce qui me restait du code Soleil je l’ai retrouvé en maçonnerie.

Je vous propose d’en lire quelques extraits dans le texte annexé.

 

En conclusion

Je me pose la question de savoir quelles sont les causes de ces évolutions et de ces dégradations ?

- la nouvelle génération qui crée ses propres valeurs ?

- L’argent, son excès dans la mondialisation ou son manque dans la misère ?

- la robotisation de l’être humain ?

- la recherche de la liberté absolue ?

- l’urbanisation excessive ?

et puis …. ??????

Nous, franc-maçons, affirmons toutes ces valeurs dans toute leur Utopie.

Après 100 ans d’une république qui a mis en place ces valeurs et fait son maximum pour les conserver nous savons que les vraies valeurs sont celles qui traversent le temps.

Alors une question :

Devons nous encore penser à la réalité ou à la réalisation d’une mondialisation que nous voulons universelle ?

Ne sommes-nous pas tomber dans la foi , dans la croyance d’une belle utopie ?

 

J’ai dit.

 

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25 avril 2013 4 25 /04 /avril /2013 14:50

 

Depuis de longues années, le conflit Israélo-Palestinien envenime une partie du globe.

Je voudrais ce soir vous parler d'un personnage important de ce conflit : Yiztak Rabin. J'ai intitulé ma planche : Yitzak RABIN le soldat de la paix. Ce qui peut paraître contradictoire mais vous verrez que le destin de cet homme confirme bien qu'il a été à la fois homme soldat, équipé et instruit par l’État pour la défense de son pays et homme politique pour trouver la paix pour son pays

Ce qui est difficile dans ces planches où l'on parle d'une femme, d'un homme, c'est le lancement d'un débat. A travers l'histoire d'Yitzak Rabin, je voudrais surtout que l'on puisse discuter de l'avenir de cette région et de la possibilité qu'auraient les politiques et éventuellement, la

Franc-Maçonnerie pour aider à stopper cette escalade dans la rancœur et permettre à cette région de vivre enfin en paix.

 

Héros des guerres d'Israël, Yitzak Rabin a trouvé la mort dans la bataille la plus périlleuse qu'il ait livré : celle qui conduit à la paix.

Sa vie recouvre 73 ans de l'histoire de son pays. Elle en reflète toutes les crises, tous les drames, tous les triomphes et tous les espoirs. Soldat sans uniforme de la guerre d'indépendance, libérateur en 1948 de Jérusalem assiégée, bâtisseur de Tsahal, l'armée nationale, vainqueur de la guerre des six jours, ambassadeur à Washington, Premier Ministre et enfin signataire du premier accord avec les Palestiniens, Yitzak Rabin a donné à la paix un élan qui semblait ne pas pouvoir s'arrêter. Hors, aujourd'hui encore, ce conflit continue d'agrémenter les journaux et d'agiter la classe politique.

 

Avant de vous parler en détail d'Yitzak Rabin, il faut s'arrêter quelques instants sur sa famille.

 

Le père d'Yitzak Rabin s’appelait Nehemia Robichov, sa mère Rosa Cohen. Tous deux étaient nés en Russie au début du vingtième siècle. Nehemia en Ukraine et Rosa à Bialystock dans le nord du pays. La famille de Nehemia était très pauvre, celle de Rosa faisait partie de la haute société juive entretenant même des relations étroites avec la cour des tsars de Russie et un peu plus tard avec les Rothschild. Nehemia eut une jeunesse et une adolescence misérables. Rosa voyagea confortablement en Russie et séjourna même en 1910, sous une fausse identité à Saint-Pétersbourg, ville interdite aux juifs.

Nehemia décida d'émigrer aux États-Unis, Rosa choisit la Suède. Pourtant c'est en Palestine, en 1920, qu'ils se rencontrèrent sans l'avoir prévu, entraînés dans le même combat périlleux pour créer un foyer juif préfigurateur d'un État souverain sur la terre biblique de Palestine.

Nehemia avait débarqué à New York dans un flot d'émigrants en 1904. Il avait dix huit ans. Avant cela, à dix ans, il quitta le ghetto de Sidrovitch près de Kiev pour occuper un emploi de meunier. Assez vite il rejoignit une bande de jeunes socialistes. La police Tsariste ayant été avertie, il préféra quitter le pays pour échapper à la prison. Il s'installa, sans un sous, à Ellis Island tout près de la statue de la Liberté. Il fut tout heureux de trouver un emploi dans une boulangerie et partit s'installer à Saint Louis. Il y resta quelques temps puis s'installa finalement à Chicago.

Pendant ce temps, en Israël, deux jeunes émigrants fraîchement arrivés de Russie, David Gryn, qui vient de changer son nom en Ben Gourion et son ami Yitzak Ben-Zvi, ont décidé de créer une Légion juive de combattants pour aider les Britanniques à chasser de Palestine les Turcs alliés aux Allemands. Ils recrutent surtout en Amérique. Nehemia Robichov se présente à Chicago, mais on refuse de l'enrôler, car il est trop maigre. Sans se décourager, il tente sa chance dans un autre bureau de recrutement sous un autre nom : RABIN. Il est accepté. Robichov n'existe plus. En 1917, après un entraînement militaire, il quitte Chicago pour la Palestine via le Canada et l’Égypte. Il a 30 ans.

 

Son objectif est de rester en Palestine après la guerre et d'y mettre en pratique ses idées socialistes. Pour Nehemia Rabin, l'avenir est sur la terre d'Israël. Il tourne définitivement le dos à la Russie des pogroms, aux compromis de la vieille Europe, à l'Amérique des inégalités et de la misère.

Peu de temps après son arrivée à Haifa, l'Angleterre va donner une impulsion imprévue à l'immigration juive par la publication de Balfour, du nom du ministre des affaires étrangères britanniques, qui se déclare favorable à la création, en Palestine, d'un foyer national pour les Juifs

Les navires en provenance de l'Europe se font plus nombreux. Le Russland débarque à Haifa avec à son bord Rosa Cohen qui a 27 ans.

En vérité, elle est là un peu par hasard. Bien que sa famille ait toujours eu de très bons rapports avec la cour impériale, Rosa a rejoint un groupe de révolutionnaires. Repérée par la police, prise en chasse, elle est montée dans le premier navire en partance pour la Palestine. A bord du Russland, elle fait la connaissance de sionistes militants comme la poétesse Rachel, le danseur Baruch Agadati, des peintres et des architectes. Mais surtout elle s'est rapprochée d'un groupe de jeunes pionniers qui vont établir en Galilée une colonie agricole. Parmi eux, une fille devient son amie. Elle s'appelle Rachel Yanait et c'est elle qui lui présentera son futur mari.

Son oncle Mordechaï Ben Hillel Hacohen, très religieux, vient de s'installer à Jérusalem avec ses huit enfants. Elle le rejoint, prend à peine le temps d'embrasser la famille et part très vite en Galilée rejoindre ses nouveaux amis sionistes.

En Palestine, au lendemain de la Grande Guerre, la paix est fragile. La déclaration du ministre Balfour a fortement irrité les Arabes. L’Angleterre, à qui la Société des Nations Unies a donné le mandat d'administrer le pays débarrassé des Turcs, prête une oreille favorable aux protestations arabes. C'est le début du conflit à trois (Anglais Arabes Juifs) qui durera jusqu'à l'indépendance 30 ans plus tard.

Rosa Cohen se retrouve dans un groupe de défenseurs juifs créé par un sioniste, lui aussi arrivé de Russie, Vladimir Jabotinsky. C'est la première unité de combattants depuis la destruction du temple par les Romains et le suicide de Massada.

 

Leur mission consiste à rassembler les familles juives menacées, disséminées autour de Jérusalem, et à les mettre à l'abri dans la vieille ville. Un soir, Rosa part au secours d'une famille de neuf personnes assiégées par les Arabes. Les jeunes juifs dispersent les arabes et escortent les assiégés. Parmi eux il y a des blessés. Rosa se transforme en infirmière. Le petit groupe est sous le commandement d'un garçon un peu plus âge qu'elle, ancien de la Légion juive, dont le calme et le courage impressionnent Rosa. Peu après il sera arrêté par les Anglais pour port d'armes illégal et enfermé à la prison de Migdal David en compagnie de Vladimir Jabotinsky. Rosa cherchera à le revoir. Il s'appelle Nehemia Rabin.

Ils se marieront l'année suivante à Haîfa. Nehemia a trouvé un emploi à la compagnie d'électricité. Rosa travaille chez un entrepreneur et s'occupe activement du syndicat des ouvriers juifs qui vient de se créer.. Le 1 mars 1922, elle met au monde un fils que Nehemia Rabin déclare sous le nom d'Yitzak.

Le petit garçon va grandir dans une atmosphère troublée car les choses ne s'arrangent pas entre Juifs et Arabes. Nehemia reste un ouvrier et un militant de base. Rosa, par contre, forte de son expérience révolutionnaire russe et de ses relations familiales, s'élève rapidement dans la hiérarchie syndicale, acceptant des responsabilités de plus en plus importantes. Bientôt, le couple quitte Haîfa pour s'installer à Tel Aviv. C'est là que Nehemia est entré à la Palestine Corporation, société de production et de distribution de courant. Il y restera 30 ans jusqu'à sa retraite.

 

Yitzak a 3 ans quand naît sa sœur Rachel. Le jour de la naissance de Rachel, des Arabes de Jaffa, armés jusqu'aux dents, déferlent sur Tel-Aviv, sans se soucier de la police britannique, d'ailleurs indifférente, mais ils se heurtent à la résistance d'un groupe de jeunes Juifs bien armés et organisés qui ont décidé de prendre leur destin en main : une unité de la Haganah. Rosa en fait partie. Elle est la première femme officier de l'armée secrète des Juifs de Palestine. Elle a trouvé un emploi dans une entreprise de matériaux de construction de Tel-Aviv. Une des caissières du dépôt s'appelle Golda Meyerson, arrivée, elle aussi, de Russie et qui a changé son nom en Golda Meir.

 

On peut imaginer que si la maladie l'avait épargné, Rosa aurait eu un destin assez semblable à Golda Meir qui devint par la suite Premier Ministre. On l'appelle à la mairie de Tel-Aviv où elle représente le syndicat Histadrouth d'où sortiront tous les futurs leaders travaillistes du Pays. Elle est de tous les meetings de Ben Gourion. Yitzak Rabin aura un jour cette formule : « nous la voyions très rarement à la maison. C'est souvent mon père qui préparait le repas du Chabbath ! »

Nous voyons là qu' Yitzak Rabin, au travers de ses parents, risquait d'avoir un avenir engagé militairement et politiquement.

Il a huit ans quand sa mère Rosa a pris en main le département éducation des syndicats. Elle a obtenu un terrain et l'aide financière de son oncle qui lui permettent de créer une école d'ingénieurs agronomes ainsi qu'un kibboutz.

Yitzak se passionne pour l'expérience des exploitations communautaires dans lesquelles toutes les responsabilités sont partagées. La vie y est dure mais enrichissante et juste.

Lorsque son oncle lui demandait ce qu'il ferait plus tard, Yitzak répondait « travailler la terre. C'est ainsi que les Juifs construiront leur nation et retrouveront leur indépendance ».

A partir de douze ans, comme tous les enfants Israéliens non religieux orthodoxes, il suit un entraînement militaire. Il sait manier un fusil et participe à des exercices dans les collines de Judée et sur les plages de Tel-Aviv. Mais Yitzak ne se sent pas particulièrement attiré par le métier des armes. L'agriculture l'intéresse beaucoup plus. Pourtant, le sang qu'il voit couler autour de lui l'interpelle. De 1935 à 1939, plus de 500 Juifs et 2000 Arabes périront dans des combats sans merci. A telle enseigne qu'en 1938, les anglais ont placé la Palestine sous administration militaire.

Sa mère Rosa décède en 1938. Yitzak retourne au Lycée agricole de Kadouri. Il termine sa première année en tête de tous les stagiaires et obtient une bourse pour aller étudier à l'Université de Berkeley en Californie. Mais il ne partira jamais car l'on est en septembre 1939 et la guerre vient d'éclater en Europe. A 19 ans, il décide de rejoindre le kibboutz de Ginossar au bord du lac de Tibériade. Il rejoint la Hagannah, l'armée que sa mère à contribué à organiser.

La guerre fait rage en Europe. La France a capitulé et le régime de Vichy collabore avec les nazis. Rommel avance de Tunisie vers l’Égypte. Voyant cela, et d'autant plus que les Arabes ne cachent pas leur sympathie pour les nazis, les anglais donnent leur accord à la création, en Palestine, au sein de la Hagannah, de compagnies d'assaut réunissant les meilleurs éléments combattants :

le Palmach. Cette décision va changer la vie d'Yitzak Rabin. Il est convoqué à Tel-Aviv et se trouve en présence d'un instructeur qui lui demande quelles armes il connaît. Yitzak lui répond fusil, revolver, grenade à main. L'instructeur lui dit qu'il fera l'affaire. Il a devant lui Moshe Dayan.

En 1942, Yitzak Rabin va accomplir sa première mission. Les britanniques ont demandé au Palmach de saboter des lignes téléphoniques entre Sidon et Thyr. Cette première opération se fait sous les ordres de Dayan. Au bout de quelques heures l'opération a réussie. Grâce a cette réussite, les villes de Beyrouth et Damas tomberont aux mains des alliés. Aucune perte n'est à signaler si ce n'est que Dayan a reçu une balle dans ses jumelles et que cette blessure aura pour cause la perte de son œil.

 

De cette action il retire une joie et une fierté qu'il n'a jamais ressenties. Ce n'est pas le sens de sa vie mais c'est la direction qu'il doit suivre. Les commandos du Palmach deviendront sa principale préoccupation, son cadre de vie, jusqu'à ce qu'ils soient réunis avec ceux de la Hagannah, six ans plus tard dans l'armée régulière de l’État indépendant.

Yitzak Rabin pense effectivement que pour être fort, le futur État d’Israël doit avoir une force militaire bien à lui et qu'il faut réunir les soldats de la Hagannah et ceux du Palmach. Cette vision,qui paraissait un peu utopique, s'avérera juste et salvatrice. Ces deux unités réunies allaient permettre à l’État Juif, nouveau-né et attaqué par les Arabes sur toutes ses frontières, de survivre.

 

En 1944, il rencontre dans un salon de thé de Tel-Aviv, celle qui deviendra sa femme, Léah Schlossberg. Elle est née en 1928 en Allemagne et est rentrée en Israël en 1933 avec ses parents.

 

En 1945, elle rejoindra le Palmach et est affectée à un kibboutz que commande Rabin. « Ce fut, dit-il avec humour, la seule période de vie commune où elle fut véritablement obligée d'exécuter mes ordres. »

 

La seconde guerre mondiale est terminée et le monde découvre, horrifié, l'horreur des camps d'extermination nazis. Des Juifs hagards sont rassemblés dans des camps en Europe. Pas question pour eux de rentrer dans les pays où ils ont été livrés à leurs bourreaux. Ils se tournent vers Israël.

Mais les Anglais refusent leurs visas. Les dirigeants sionistes, Ben Gourion en tête, sont révoltés. Les premiers navires transportant des rescapés, comme le fameux Exodus, arrivent en Palestine. En septembre 1945, on apprend que les Britanniques sont sur le point de renvoyer en Europe plus de 300 immigrants clandestins regroupés dans un camp près de Haïfa. Yitzak Rabin à la tête d'un bataillon du Palmach réussit, sans tirer un coup de feu, à les libérer.

En 1947, la situation se tend encore davantage entre les Juifs de Palestine et l'administration militaire anglaise. La lutte brutale contre l'immigration clandestine, les prises de position pro-arabes des administrateurs qui voient d'un mauvais œil l'indépendance et certaines déclarations du ministre anglais des Affaires Étrangères, attisent le brasier. Rabin reçoit l'ordre de diriger un raid sur le QG anglais à Jénine. Durant ce raid, il est blessé à la jambe et hospitalisé. Mais les anglais ripostent et le samedi noir de 1946, 100 000 soldats britanniques arrêtent plus de 3000 Juifs. Ben Gourion et Allon y échappent mais pas Rabin qui sera détenu pendant six mois.

Rabin qui pense qu'il ne retrouvera jamais l'usage de sa jambe envisage alors de reprendre, après six ans d'interruption, ses études d'ingénieur hydraulique. Mais Allon, qui sera le premier premier ministre de l’État d'Israël, lui dit que si la seconde guerre mondiale est terminée, la guerre d'Israël vient seulement de commencer. Rabin accepte le commandement du second bataillon de choc du Palmach. Il s'emploie à fortifier les kibboutz. Il est l'inventeur des tours de guet alors que les experts sont favorables aux défenses souterraines.

Il deviendra le commandant en chef du Palmach et participera activement à sauver Jérusalem que Ben Gourion avait demandé de sauver coûte que coûte. Il sécurise la route Tel-Aviv/Jérusalem qui est la seule chance de survie des 90 000 Juifs habitant Jérusalem, suite au vote du partage de la Palestine par les Nations Unies et de l'isolement de cette ville pratiqué par les Arabes.

En 1949, Yitzak Rabin s'oppose à Ben Gourion sur les concessions faites à l’Égypte qui récupère la Bande de Gaza et à la Jordanie qui a dorénavant le contrôle de la région d'Hébron. Il a eu 200 tués et 600 blessés dans sa brigade de 1 800 hommes durant la bataille de Jérusalem. Les 17 mois de la guerre d'indépendance auront coûtés la vie à 6 000 Juifs.

En 1950, il est l'adjoint du chef d'état-major de l'armée israélienne. En 1956, il combat Nasser qui veut reconquérir la Jordanie et nationaliser le canal de Suez. En 1959, après un séjour aux États-Unis, il devient le numéro deux de la hiérarchie militaire.

 

C'est en 1967 que se produit l'incident qui allait conduire à la guerre des 6 jours. Six mig syriens sont abattus par Israël. La Syrie se tourne alors vers l’Égypte pour une intervention armée.

70 000 Égyptiens et 600 tanks sont basés dans le Sinaï, mais Ben Gourion et Dayan ne veulent pas attaquer. Rabin ronge son frein.

Enfin le 23 mai dans l'après-midi, Rabin apprend que Nasser bloque les détroits de Tiran interdisant le passage aux navires israéliens et aux pétroliers ravitaillant Israël. Le président des États-Unis, Johnson ne souhaite pas voir Israël attaquer. Rabin devra attendre le 5 juin pour passer à l'action. A 7h45, les premiers avions israéliens décollent, à 10h , l'aviation égyptienne est détruite

à 95% La guerre des 6 jours restera dans l'histoire militaire comme le triomphe de la préparation, de l'imagination, de l'efficacité et de la coordination, éléments principaux sur lesquels Rabin avait concentré ses efforts. Israël contrôlait désormais le Sinaï jusqu'à la rive est du canal de Suez et la rive ouest du Jourdain. Le 15 juin, le gouvernement israélien annexait Jérusalem-Est, le mont Scopus, le mont des Oliviers et l'aéroport d'Atarot.

Après cette guerre, Rabin quitte l'armée et demande à être ambassadeur à Washington. Son choix était mûrement réfléchi. Rabin envisage deux hypothèses : la reprise de la guerre ou une ouverture vers la paix à plus ou moins longue échéance. Dans les deux cas, un petit pays comme Israël devrait compter sur l'appui d'une des deux puissances, les États-Unis ou l'URSS.

Or l'URSS s'étant rangée du côté des Arabes, Israël ne pouvait s'appuyer que sur les États-Unis ce qui explique son choix pour Washington. Il resta cinq ans ambassadeur.

Durant cette période, alors que Golda Meir était premier ministre, les Israéliens avaient communiqué secrètement aux américains une résolution prise par le gouvernement de Golda Meir :

Israël était prêt, en échange de la paix, à revenir à ses anciennes frontières avec l’Égypte et la Syrie. Il suffisait que le Sinaï et le Golan soient démilitarisés et que des mesures soient prises pour garantir la sécurité d'Israël et sa liberté de navigation dans le détroit de Tiran et le canal de Suez.

Le sort de la Cisjordanie et de la bande de Gaza devaient faire l'objet d'un examen séparé.

En 1967, le 22 novembre, le Conseil de Sécurité des Nations-Unies adopte la fameuse résolution 242 qui reste jusqu'à aujourd'hui au centre des débats entre Israéliens et Arabes. Les États-Unis réussissent, malgré les protestations de l'URSS et des Arabes, à ce que cette résolution ne demande QUE le « retrait de territoires occupés » sans exiger, comme les pays Arabes le demandaient, « le retrait de TOUS les territoires occupés ».

En 1970, il y avait encore des escarmouches entre l’Égypte et Israël qui abattit 4 mig égyptiens.

En Jordanie, les organisations palestiniennes installées dans ce pays après la guerre des six jours et avec à la tête de l'OLP Yasser Arafat, formaient un état dans l'état. L'idée d'Arafat étant de renverser Hussein et de le remplacer par un État Palestinien. Cette éventualité était sérieusement envisagé par le gouvernement Israélien. Golda Meir et ses ministres redoutaient l'installation aux frontières d'Israël d'un pays hostile soutenu par l’URSS. Mais dans l'armée israélienne certains généraux, dont Ariel Sharon, étaient d'un avis contraire. Arafat prenant la place d'Hussein, les choses deviendraient plus claires : les Palestiniens auraient leur État et le conflit palestinien prendrait la forme classique d'un conflit entre deux États ; d'un côté Israël agrandi de la Cisjordanie et de l'autre la Palestine renvoyée sur le territoire de l'ancienne Transjordanie.

Le 1er septembre 1970, le roi Hussein échappe à une tentative d'assassinat et le 6 septembre un commando du FPLP de Georges Habache réussit à détourner sur Aman trois avions de ligne, un américain, un suisse et un britannique. Le roi Hussein réagit et lance ses troupes bédouines à l'assaut des positions de l'OLP. Rabin averti Henri Kyssinger que l'aviation syrienne est prête à intervenir. Kyssinger lui demande alors, si Israël est prêt à apporter à la Jordanie son appui. En visite à Washington, Golda Meir donne son accord. Des mesures conjointes entre Américains et Soviétiques dissuadent la Syrie d'intervenir. En septembre, qu'on appellera Septembre Noir, les Palestiniens privés de l'appui de la Syrie ne tardent pas à s'effondrer. Le bilan est très lourd : 7 000 tués, la perte de toutes les bases en Jordanie et la fuite vers Israël de milliers de combattants qui préfèrent l'internement à la mort. Nasser organise une réunion au Caire entre Hussein et Arafat.

 

Les deux hommes se réconcilient. Le président Nixon écrit à Golda Meir ce message

 « le Président des États-Unis n'oubliera jamais le rôle joué par Israël lors de l'agression contre la Jordanie. Les États-Unis ont la chance de posséder au Moyen-Orient un allié tel qu'Israël. De tout ce qui s'est passé, il sera tenu compte à l'avenir. »

C'est probablement la déclaration la plus ouvertement pro-israélienne jamais faite par un président américain commente Rabin.

A son retour en Israël en 1973, Rabin trouve un pays tranquille. Après avoir effectué une mission en Afrique du Sud, il décide de se lancer dans la campagne électorale d'octobre. Il choisit le camp travailliste auquel il avait adhéré en 1971. Il devient Ministre du Travail. Mais le 11 avril 1974, à peine plus de trois mois après sa formation, Golda Meir est obligée de démissionner. Rabin se présente au Comité Central du mouvement travailliste, et le 22 avril 1974 il est élu premier ministre battant de 44 voix Shimon Péres. Il décide alors de se rapprocher des Égyptiens, Arafat refusant tout contact avec Israël.

Mais la négociation achoppe sur un point essentiel : qui d'Israël ou de l’Égypte tiendrait les passes de Mitla et de Gidi, verrou du Sinaï ?

Kyssinger trouve la solution pour faire aboutir la négociation. Israël se maintiendrait à l'est et les forces égyptiennes à l'ouest de ces passes. La zone tampon formée serait placée sous le contrôle des Nations-Unies.

Le 27 juin 1976, Rabin est informé qu'un avion d' AIR FRANCE faisant la liaison

PARIS-TEL-AVIV est détourné sur l'aéroport d'Entebbé en Ouganda. 83 des 230 passagers sont israéliens. Une négociation a lieu entre Rabin et Idi Amin Dada mais les ravisseurs exigent la libération de 53 combattants de la liberté détenus en Israël. Rabin décide alors d'envoyer deux avions sur Entebbé. Il ne suffit que de quelques heures aux militaires israéliens pour tués les cinq terroristes. Seul le lieutenant-colonel commandant l'opération sera tué côté israélien mais Rabin apprendra plus tard qu'une otage israélienne avait été assassinée sur les ordres d'Idi Amin Dada.

 

En 1977, Rabin démissionne et renonce a être de nouveau candidat aux élections. Sa femme Léah a été condamnée à 27 000 dollars d'amende pour avoir en sa possession une somme de 2 000 dollars sur un compte ouvert aux États-Unis du temps où ils étaient à Washington ce qui est formellement interdit par la loi israélienne. De plus, la coalition gouvernementale rompt ses accords suite à la livraison de 4 avions américains F16 un jour de chabbat.

Shimon Péres est battu par Menahem Begin numéro un du Likkoud.

 

En septembre 1978, c'est donc Begin qui signe les accords de Camp David avec Sadate. C'est un paradoxe dans l'histoire d'Israël que le premier traité de paix soit signé par un premier ministre du Likkoud qui a toujours combattu les Palestiniens

En mars 1979, Begin invite Rabin a venir à Washington pour la cérémonie du traité de paix. A cette occasion, Rabin dira : »Si en tant que premier ministre travailliste, j'avais signé ce document, il y aurait eu du sang dans les rues de Tel-Aviv ».

En 1983, Menahem Begin démissionne et Shimon Péres gagne les élections. Rabin devient ministre de la défense. Il réussit à sortir l'armée israélienne du guêpier libanais en rapatriant 15 000 militaires. Il déclare à la télévision qu'il est prêt à rencontrer des Palestiniens. Une majorité d'Israéliens sont à ses côtés.

En 1992, il est à nouveau élu premier ministre. Huit jours après, il se rend au Caire rencontrer Hosni Moubarak pour s'assurer le concours de ce dernier dans l'action qu'il mène pour arriver à la paix tant avec la Syrie qu'avec les Palestiniens. Après l'accord signé avec Moubarak, Rabin se rend sur la tombe d'Anouar El Sadate et fait déposer une couronne sur laquelle il a fait inscrire : »Avec mes respects pour l'homme de la paix ».

 

Rabin ne veut toujours pas parler directement avec l'OLP¨d'Arafat. Mais des négociations secrètes menées par Péres l'oblige à se rendre à l'évidence. Commencent alors, en janvier 1993, les négociations d'Oslo. Y participent Yossi Beilin pour Israël et Ahmed Kreih l'un des plus proches collaborateurs de Yasser Arafat. Après plusieurs aller retour entre Oslo et Jérusalem les accords sont prêts à être signés. Ces accords permettent la création de l'Autorité Palestinienne, Israël cédant la bande de Gaza et la Cisjordanie aux palestiniens.

Yasser Arafat renonce officiellement au recours à la violence et reconnaît l’État d'Israël. Rabin reconnaît l'OLP le 8 septembre 1993

Les accords signés, le Président Clinton invite Arafat et Rabin à la Maison Blanche. Tout le monde se rappellera de la fameuse poignée de mains entre les deux hommes.

Rabin signe un traité de paix avec la Jordanie en 1994. Il est Prix Nobel de la Paix avec Yasser Arafat et Shimon Péres.

 

Ces accords lui attirent la sympathie d'une partie de la population et la haine des activistes d’extrême droite. Certains le voient comme un héros de la paix, d'autres le perçoivent comme un traître ayant renoncé à une part du territoire promis dans la bible au peuple juif.
Le 4 novembre 1995, âgé de 73 ans, il est touché de deux balles tirées dans le dos à bout portant. Son assassin, Ygal Amir est un étudiant juif en droit et opposé aux accords d'Oslo. Il meurt sur la table d'opération de l'hôpital Ichilou de Tel-Aviv. La place où il fut assassiné porte dorénavant son nom. Dix ans après son assassinat, 200 000 personnes se sont rassemblées dont le Président Israélien Moshe Katsav, la secrétaire d’État américaine Condoleeza Rice ainsi que l'ancien président Clinton et son Épouse.

 

Afin d'entamer le débat, j'aimerai vous poser plusieurs questions :

Ayant passé plusieurs semaines en Israël, ayant rencontré des Frères Maçons à Eylat et Jérusalem (Maçons reconnus car ils ne se cachent pas de la population, défilants dans les rues, finançant des ronds points automobiles) et avec qui j'ai parlé de ce problème, ceux-ci me répondent que cela est très compliqué politiquement et ne se résoudra pas tout de suite, qu'il faudra attendre un nouveau gouvernement socialiste. Pourquoi personne n'arrive à juguler ce problème israélo-palestinien ?

Pourquoi peut-on se promener dans une ville tranquille comme Jérusalem où Arabes, Juifs, Orthodoxes, Catholiques vivent en parfaite harmonie et qu'à une centaine de kilomètres à peine la bande de Gaza et la guerre ?

Lorsque vous traversez le désert du Néguev, vous apercevez les batteries militaires israéliennes pointées sur la bande de Gaza d'un côté, les tirs de rocket tirées de la bande de Gaza en direction d'Israël de l'autre, pourquoi personne n'arrive à stopper cette escalade ?

Pourquoi le gouvernement israélien actuel d'une droite dure de Benjamin Netanyaou, même s'il n'a obtenu qu'une très courte majorité lors des dernières élections législatives du 17 janvier dernier en s'alliant à l’extrême droite, s’obstine à construire de nouvelles implantations ?

Les hommes politiques d'aujourd'hui, notamment après la réélection de Barak Obama pour quatre ans mais qui ne peut plus se représenter, peuvent-ils accélérer des rencontres biparties et trouver une solution juste pour la paix ?

La Franc-Maçonnerie mondiale peut-elle aider à un règlement du conflit ?

Plutôt que d'avoir à l'étude des loges une question sur la laïcité, importante je n'en disconviens pas mais récurrente, sur laquelle il faut rester vigilant mais nous savons qu'aujourd'hui une majorité est d'accord pour ne pas remettre en cause la loi de 1905, la Franc-Maçonnerie Française peut-elle apporter sa pierre à l'édifice de la paix ?

 

J'ai dit.

 

 

Bill-Clinton--Yitzhak-Rabin-Yasser-Arafat-1993-09-13.jpg

 

Yitzhak Rabin, Bil Clinton, Yasser Arafat le 13 septembre 1993

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28 mars 2013 4 28 /03 /mars /2013 21:23

 

 

 

Je me propose de définir les deux termes, puis j'aborderai les différents types de croyances, le besoin de croire, des questions... la croyance s'oppose t-elle nécessairement au savoir ?

L'homme peut-il vivre sans croyances?

Puis quelle est la valeur des opinions, quel crédit leur accorder ? Sont-elles toutes équivalentes ?

 

La croyance est un état mental, une capacité humaine. Ce n'est pas seulement adhérer à une idée, mais se fier à elle pour agir.

 

L'opinion, est un jugement, une manière de penser sur un sujet. L'opinion se forge sur un raisonnement, sur une suite logique d'assertion.

L'opinion est introduite par "je pense", la croyance par "je crois". Les limites entre les deux sont loin d'être étanches.

 

Les croyances...

Les formes de croire relèvent de 2 types de pensée:

Le croire à et le croire que ; relève de la conviction (croire à qqn, à qqch,)

Le croire en; relève de la foi (croyance religieuse)

 

Croire à, croire que, Toute croyance est croyance en quelque chose. L'objet de la croyance est donné dans un ressenti personnel. Il y a dans la croyance un assentiment, une adhésion à l'égard d'une représentation et un sens de persuasion intime. Les motifs de cette adhésion peuvent être plus ou moins rationnels ou raisonnables, mais généralement soumis à un examen préalable.

Les croyances peuvent venir d'une multitude d’événements qui se présentent dans notre vie et auxquels on décide d'adhérer. D'abord on croit aux choses élémentaires, puis en des choses que l'on ne peut pas voir, qui ne sont pas nécessairement physiques (ex. croire en l'amour).

Les croyances s’appuient sur l’expérience personnelle puis sur tout ce qui relève du ouï dire. Entrent en jeu, le poids de notre éducation, des traditions, des autorités (religieuses, scientifiques, morales, politiques) que nous écoutons et/ou respectons.

Le rôle des croyances est de produire des actions, des comportements. Tous les hommes sont portés à croire, l’exigence attendue est que nous restions ouverts au dialogue et que nous gardions un esprit critique.

Les sources de nos croyances sont sans exception limitées et sujettes à l'erreur.

Nos croyances sont en droit comme en fait temporaires et révisables (croyance au Père Noël, aux fées, aux sorcières, à la petite souris et même en Dieu!).

 

Arrêtons nous sur la croyance au père Noël.. cette croyance est fascinante car elle se perd dans la nuit des temps. Depuis l'Antiquité, il y a toujours eu des personnages qui viennent gâter les enfants pendant la nuit. Le Père Noël reste avant tout un fait culturel, indépendamment de sa récupération économique. L'ampleur et la persistance de cette croyance sous-tend quasiment une conspiration quasi planétaire....

Pourquoi les parents font-ils croire au Père Noël ? Une des hypothèses est que Noël permet à la famille, le temps d'une nuit, d'échapper au réel en reconstruisant une nouvelle réalité, une sorte de mythe de l'âge d'or où tout est possible. Le Père Noël symboliserait cela ; il représenterait le don miraculeux d'une manne, c'est à dire de tout ce que l'on désire malgré les contraintes financières. Même si cela n'est pas très conscient de leur part, les parents construisent grâce au Père Noël une sorte de cocon, une sécurité qui permet d'oublier les soucis, l'angoisse, la finitude. Ils peuvent en toute impunité célébrer l'enfant qui est en eux.

Les enfants cessent (en principe) de croire vers 6 ou 7 ans. La maturité cognitive et le niveau de pensée opératoire atteints à cet âge là amènent les enfants à faire la différence entre l’imaginaire et le réel. Malgré tout ne plus croire suscite une déception. Le mensonge des parents ne semble pas poser problème à la majorité des enfants et certains enfants continuent de simuler l'adhésion à la croyance.
Cette croyance à un monde merveilleux, est assez unique et mérite d'être vécue malgré le risque d'une déception future.

La croyance « en », qui se manifeste par la foi, relève d'une expérience spirituelle particulière, soit d'un sentiment d'une présence voire de l'expérience d'une présence pour les mystiques. C'est aussi l'espoir d'une présence extérieure vécue dans l'intériorité, croire en quelque chose qui nous dépasse, adhérer à un être "incroyable". La croyance religieuse est pour certains une expérience fondamentale, un nouveau départ dans la vie, une expérience d'illumination, de révélation.

Elle est une expérience totalement individuelle mais aussi totalement collective dans le « croire ensemble ». La foi religieuse s'appuie sur un dogme, il n'y a pas de religions sans rituels, le rituel rejoue le dogme.

En anthropologie il n'existe aucun peuple sans religion, la croyance religieuse n'est pas que la vision matérialiste et réductrice, "l'opium du peuple", elle relève de la transcendance.

 

Toute croyance et en particulier la croyance religieuse induit l'expérience du doute, il n'y a pas adhésion totale, quand elle est entière on parle de certitude. Le doute protège de l'idolâtrie et du fanatisme. Le fanatique sort du doute par un saut aveugle dans une foi qui ne doute de rien. Il a la certitude de posséder la vérité absolue et entend l'imposer par tous les moyens y compris la force. Son adhésion à la croyance est inconditionnelle, étroite, dépourvue de tout esprit critique. Le fanatique baigne dans une pensée duelle, rigide, manichéenne. Il y a des fanatiques de tous bords, de toutes formes d'idéologies.

Quand la croyance s'impose dans le gouvernement des hommes on tombe dans le totalitarisme ou la théocratie.

 

Si les croyances construisent l'individu, nous devons exercer toute notre lucidité. Il y a des croyances injustes (celles qui conduisent au racisme), des croyances dangereuses (celles qui conduisent au fanatisme), des croyances qui confinent à la démence (délire politico-religieux) ou celles qui donnent une confiance excessive (toute puissance de la technologie).

 

Question....

Comment expliquer ce besoin de croire, l'étrange pouvoir des croyances ? Pourquoi l'homme se soumet-il soudainement à une foi qu'il ignorait hier, et pourquoi l'élève-t-elle si prodigieusement au-dessus de lui-même ?

On ne peut pas dire que le besoin de croire ait disparu, il a trouvé refuge en dehors de la religion, en dehors de la science dans la production de nouvelles cultures. Les librairies regorgent d'ouvrages sur la magie, les prophéties, les modes de communication avec des entités…. Suivant les générations les croyances évoluent. Nous voulons croire à une certaine représentation du monde. Nous voulons croire que notre vie aura un sens si nous agissons de telle ou telle manière: Dans tous les secteurs de notre vie, nous cherchons un ordre, une explication cohérente, des lignes directrices voire transcendantes. Certains cherchent plus ou moins par eux-mêmes, d'autres se fient à un tiers, prêtre, gourou, médias !

Même l'athée et le sceptique croient en quelque chose. Le monde ne se divise pas en croyants et incroyants, du côté des croyants il n'y a pas uniquement la foi, et de celui des incroyants la science. Je dirais que dans le monde humain il y a plutôt des plus ou moins croyants.


La contradiction est que nous avons un besoin de certitude. Les convictions ne suffisant pas à nous assurer la cohérence dans tous les aspects de notre vie, dans toutes les avenues de la connaissance, les croyances comblent les espaces.

 

La croyance s'oppose t-elle au savoir ?

 

La croyance s'oppose au savoir quand elle repose sur des superstitions, de la crédulité. La crédulité est une forme irrationnelle de pensée qui porte à croire plus ou moins n'importe quoi sans justification. La faiblesse de l'esprit critique laisse le champ libre à la crédulité, attitude dans laquelle l'esprit avale des idées reçues sans examen.

Un esprit superstitieux est crédule d'une manière plus aiguë, il voit partout des signes avant coureurs de ses propres attentes.

Ne pas confondre naïveté et crédulité, la naïveté est l'ouverture à ce qui est neuf sans idée préconçue, vierge de présupposé (attitude de l'enfant).

La paresse intellectuelle favorise le conformisme des idées reçues, qui est en quelque sorte une forme de croyance où l'intelligence s'est endormie.

 

De nombreuses questions se sont présentées .....

Peut-il y avoir vérité sans croyances? A quel moment commence l'aveuglement?

Est- ce que toutes les croyances se valent et doivent être autorisées, si non faut-il interdire celles qui paraissent en contradiction avec les idées que l'on se fait du vrai ou du bien? Qu'est ce qu'une bonne croyance? Peut-on juger les croyances des autres, a t-on le droit de croire à n'importe quoi? Comment faire la distinction entre les croyances dangereuses pour les personnes ou les biens? Comment ne pas risquer de ne pas récuser au nom du bien et du vrai la liberté de pensée et la libre discussion des idées, qui sont les conditions d’une justice démocratique (fondée sur l'expression du libre choix des citoyens quant à la définition de la loi commune) ainsi que du progrès des sciences dans la production de la vérité.

Si l'on admet que certaines croyances menacent l'ordre public et la paix civile ainsi que le progrès des sciences (ex; certaines positions religieuses intégristes) faut-il les combattre voire ne pas tolérer qu'elles s'expriment publiquement ? Le principe démocratique de la tolérance est-il absolu, (inconditionnel et sans limites) ou relatif (dans le cadre du droit).

Faut-il s'interdire (et sommes nous en capacité) de croire n'importe quoi, ou faut-il accorder à l’État le droit de légiférer dans un domaine où la liberté individuelle de pensée est en cause?

Voilà mes SS. et FF. de quoi alimenter de nombreux débats......

 

Qu'en est-il du côté des opinions ?

 

Comme je l'ai dit au début l'opinion est un jugement, une manière de penser sur un sujet.

En fait nombre d'opinions sont incertaines, variables selon les individus, les classes sociales et les cultures. Une opinion est toujours subjective, elle repose sur des points de vue personnels, mais peut s'appuyer sur un héritage familial, l'influence de l'entourage, ce qui met mal l'idée qu'elle provient d'un raisonnement construit.

On peut évoluer dans son opinion sans se renier. Si la vérité prétend à l'unicité, l'opinion suppose la pluralité. C'est pour cela que les opinions sont au cœur du débat public.

Les opinions publiques sont des opinions individuelles agrégées et pluralistes. Quant aux opinions publiques mondialisées elles sont autant traversées de passions que d'idées intellectualisées et circulent avec une étonnante fluidité et rapidité.

 

Les opinions sont diverses, variables, opposées, elles se forment, se déforment et se défendent. Elles bougent à tout instant en se frottant les unes aux autres mais aussi aux savoirs et aux croyances. Nous sommes constamment confrontés à des choix, moraux, politiques et faire un choix c'est privilégier une opinion au détriment d'une autre, c'est accorder à l'une plus de valeur qu'à celles que nous avons exclues.

 

Quel est le lien entre opinion et vérité ?

 

La science propose des critères montrant à quelles opinions il faut se fier, car elle repose avant tout sur des faits, des observations. Ainsi Galilée a pu prouver grâce à ses observations et contre l'opinion des religieux que la terre tournait autour du soleil. Darwin en développant la théorie de l'évolution est allé à l'encontre des croyances religieuses en se fondant sur la preuve-observation des fossiles et des couches géologiques. Mais n'oublions pas que nombre de vérités scientifiques sont temporaires car susceptibles d'être détrônées par de nouvelles découvertes.


Toutes les opinions ne sont pas bonnes à dire et vont à l'encontre de la liberté d'expression et expose au délit d'opinion. Dans le droit français nombre de délits d'opinions sont visés : atteinte à l'autorité de la justice, au moral de l'armée, aux bonnes mœurs, rébellion et outrage envers les corps constitués …..mais il existe des sanctions non judiciaires comme le licenciement d'un employé pour opinions incompatibles avec sa mission – ex : journalisme.

 

Comment dans le monde d'aujourd'hui se forger des opinions justes, empreintes de tolérance, reposant sur un jugement critique et la liberté de pensée ?

 

L'espace public est fragmenté, occupé par de multiples sources d'information. Nous devons tout savoir sur tout, être branché en continue sur les événements planétaires. Le sensationnel pollue tant la presse écrite que télévisée, les réseaux sociaux peuvent être parfois de véritables poudrières. Il règne des controverses multiples et éphémères qui détrônent le débat et la délibération, expression du débat démocratique. Nous n'avons plus le temps de prendre du recul sans se sentir déconnecté.

L'utilisation exacerbée des sondages d'opinions fait que l'opinion publique devient un déclencheur de l'action politique. La démocratie d'opinion peut traduire une dérive vers le populismeet la démagogie. Elle constitue une dérive de la démocratie représentativequi utilise les mêmes moyens d'influence que la publicitéqui cherche à orienter le choix des consommateurs.

 

En quoi la démarche maçonnique peut nous aider à clarifier nos choix, alimenter le doute et nous aider à forger des opinions justes et universelles?

Le rituel d'initiation dit aux profanes, je cite: "le GODF n'admet aucune limite à la liberté d'esprit, à la liberté de conscience, le droit de croire à un Dieu créateur ou de n'y pas croire, pratiquer une religion ou n'en pratiquer aucune. Toutes les idées philosophiques, politiques, sociales ou autres sont égales tant que la dignité de l'homme est respectée. Chez nous la raison ou le sentiment ne subissent aucune entrave...vos opinions et croyances seront parfaitement respectées. Vous aurez évidemment l'impérieuse l'obligation de respecter celle des autres : la tolérance est un article capital de notre Constitution".

 

La maçonnerie nous aide dans la pratique du doute, du questionnement à soi, de la recherche de la vérité. La tolérance, l'écoute, la critique positive sont des pierres sur lesquelles nous sommes invitées sans cesse à travailler. Ce travail souvent laborieux, qui exacerbe nos limites, nous exerce à non pas juger de la personne mais à juger de la recevabilité de ses croyances ou opinions.

Un autre angle est celui de la valeur du travail qui nous interdit la paresse intellectuelle qui favorise le conformisme des idées reçues, l'apprentissage de la critique avec pour corollaire le respect d'autrui, l'expérience du dialogue critique avec les autres qui sous-tend comme condition nécessaire le dialogue avec soi. "Critique-moi, tu me fais du bien" disait Socrate.

 

La démarche maçonnique a valeur d'éducation personnelle, d'éducation citoyenne, d'éveil, d'élévation et de recherche de transcendance. Le nécessaire retour à soi permet la mise à distance du monde, de son agitation et de ses dérives.

La laïcité est le ciment social qui permet à tous de vivre ensemble quelles que soient les opinions et les croyances des uns et des autres. En plaçant l'espace public au dessus des partis et des clans, elle met l'accent sur ce qui rapproche les citoyens et non sur ce qui les sépare. Elle est la promesse d'une société tolérante respectueuse de la liberté absolue de conscience, intransigeante quant à l'influence séculière des religions.

Le collectif civil et l’État doivent jouer leur rôle quant aux choix éducatifs, au respect de la pluralité et de l'indépendance des sources d'information, mais aussi l'obligation de vigilance envers la diffusion de croyances et d'opinions non conformes à la morale ou en contradiction totale avec le consensus scientifique (ex: l'émergence du créationnisme aux USA).

 

En conclusion je citerai Alexis Tocqueville* ("De la démocratie en Amérique, 1835 et 1840) « il n'y a pas de société sans opinions communes. Elles naissent de différentes manières et peuvent changer de forme et d'objet; mais on ne saurait faire sans opinions que les hommes reçoivent de confiance et sans les discuter. Il n'y a pas de société qui puisse prospérer sans croyances semblables. Sans idées communes il n'y a pas d'action commune et sans action commune il existe certes des hommes mais non un corps social. Pour qu'il y ait société et à plus forte raison pour que cette société prospère il faut que tous les esprits des citoyens soient toujours rassemblés et tenus ensemble par quelques idées principales.
L'homme est "réduit" à tenir pour assurée une foule de faits et d'opinions qu'il n'a ni le loisir ni le pouvoir d'examiner et de vérifier lui-même, mais que de plus habiles ont trouvé ou que la foule a adopté (manque de temps, de faculté intellectuelles). C'est sur ce premier fondement qu'il élève lui-même l'édifice de ses propres pensées. Un homme qui entreprendrait d'examiner tout par lui-même ne pourrait accorder que peu de temps et d'attention à chaque chose; ce travail tiendrait son esprit dans une agitation perpétuelle qui l'empêcherait de pénétrer profondément dans aucune vérité et de se fixer avec solidité dans aucune certitude. Son intelligence serait tout à la fois indépendante et débile. Il faut donc parmi les divers objets des opinions humaines faire un choix, adopter beaucoup de croyances sans les discuter afin d'en mieux approfondir un petit nombre.

Recevoir une opinion sur la parole d'autrui c'est mettre son esprit en esclavage, mais c'est une servitude salutaire qui permet de faire bon usage de la liberté".

 

 

J'ai dit

 

 

* De la démocratie en Amérique (1805-1859), Alexis Henri Charles Clérel, vicomte de Tocqueville, penseur politique, historien et écrivain français. Il est célèbre pour ses analyses de la Révolution française, de la démocratie américaine et de l'évolution des démocraties occidentales en général.

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14 mars 2013 4 14 /03 /mars /2013 18:13

 

 

Comment une société qui valorise un idéal de compétition peut-elle espérer concrétiser un idéal d'égalité ?

 

 

L'idéal démocratique s'appuie sur les valeurs, vécues comme complémentaires, de la liberté et de l'égalité. Cette complémentarité est cependant remise en question par l'existence d'inégalités nombreuses et diverses. Si l'égalité des chances est un des fondements majeurs des sociétés démocratiques, celles-ci admettent certaines inégalités au nom de la liberté et de l'efficacité. Pour être acceptables, ces inégalités doivent être justes.

En premier lieu il nous semble important de rappeler le sens du mot "idéal " qui est défini comme "un système de valeurs morales et intellectuelles, une recherche de perfection que l'esprit imagine sans pouvoir l'atteindre complètement" (Larousse). A partir de cette définition il apparaît que l'on ne peut placer sur le même plan l'idéal de compétition et celui d'égalité.

En effet la compétition est plutôt une "attitude" qui s'est infiltrée dans de nombreux champs de la société et en particulier dans le champ de l'éducation et du travail. Est-il juste de dire que la société la proclame comme un idéal et qu'elle constitue un "système de valeurs morales et intellectuelles" qui nous rassemble? Nous ne le pensons pas.

L'idéal d'égalité lui, est le fruit de luttes sociales et politiques qui ont jalonné notre histoire et ont contribué à graver cet idéal au fronton de la République française, nous parlons de l'égalité en "droit".

Essayons de cerner les deux termes compétition et égalité:

 

La compétition, si on exclut celle livrée depuis les origines par le monde vivant, touche pratiquement tous les domaines et c'est la nature même de la compétition qui définit s'il y aura, soit un seul gagnant, tous les autres compétiteurs étant perdants, ou plusieurs gagnants avec une hiérarchisation quand le nombre de ceux qui seront "gagnants" est défini à l'avance (dans un concours par exemple).

Avoir l'esprit de compétition, c'est tout mettre en œuvre pour réussir. Cela induit une notion de dépassement personnel et/ou collectif. La volonté de performance n'est pas mauvaise en soi, elle peut servir de modèle pour les autres, qui trouveront une impulsion, une motivation pour réussir. L'esprit de compétition peut être aussi un bon stimulant car il pousse à l'action, à la réalisation, à l'accomplissement d'un acte. Que ce soit à l'école, au travail, en politique la volonté de se dépasser, d'être plus performant peut apporter des résultats concrets positifs. A l'inverse la compétition peut devenir destructrice et source de conflits, quand elle procède de l'écrasement et de l'exclusion de l'autre ou des autres.

La compétition est depuis des siècles une des composantes de la pratique sportive. Pierre Frédy, plus connu sous le nom de baron de Coubertin, rénovateur des Jeux olympiques, souhaitait réformer le système éducatif français qu'il considérait inadapté en accordant une place essentielle au sport. Il définissait l'olympisme comme une adhésion à un idéal de vie supérieure, d'aspiration au perfectionnement. Si l'olympisme affiche toujours comme but, nous citons, "de mettre le sport au service du développement harmonieux de l'homme, en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine", quand est-il dans le sport spectacle et dévoyé par l'argent?

 

L’Égalité, du latin "aequalis", de "aequus", uni, juste, est l'état, la qualité de deux choses égales ou ayant une caractéristique identique (égalité d'âge, de taille, de poids ...). Pour l'être humain, l'égalité est le principe qui fait que les hommes et les femmes doivent être traités de la même manière, avec la même dignité, qu'ils disposent des mêmes droits et sont soumis aux mêmes devoirs.
On peut distinguer diverses formes d'égalité :

- l'égalité morale portant sur la dignité, le respect, la liberté. Elle est considérée comme étant au-dessus de toutes les autres formes d'égalité.
- l'égalité civique, c'est-à-dire devant la loi, par opposition aux régimes des privilèges.
- l'égalité sociale qui cherche à égaliser les moyens ou les conditions d'existence.
- l'égalité politique (par rapport au gouvernement de la cité).
- l'égalité des chances mise en avant par le libéralisme.

On peut définir l'égalité de plusieurs manières, notamment pour la répartition des biens matériels ou des ressources financières.
- chacun a la même chose ("justice commutative")
- chacun selon ses besoins (Aristote)
- chacun selon son mérite

L'égalité est une conception strictement humaine, une utopie rêvée pour des groupes humains, difficile à réaliser. Et comme disait Henri Becque "le défaut de l'égalité c'est que nous ne la voulons qu'avec nos supérieurs".

La ''Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen'' de 1789 pose le principe d'égalité. Elle prévoit que ''les Hommes naissent libres et égaux en droits'', tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi. Pourtant l'égalité qui aurait semble-t-il était la plus facile à mettre en œuvre, celle entre hommes et femmes, est encore loin à l'heure actuelle d'être une réalité!

 

Pour éclairer le sujet nous parlerons de l'égalité des chances, particulièrement dans les champs de l'école et du travail.

L’égalité des chances qui n'est pas l'égalitarisme est-elle une utopie?

Avant d’être une valeur républicaine, l’égalité des chances est une valeur libérale. Analysée par Alexis de Tocqueville au XIXe siècle, elle a pour fondement « l'égalité des conditions » entre les citoyens : nul privilège lié à la naissance, à l'origine ethnique, à la fortune, ne doit empêcher quiconque d'accéder aux positions sociales, économiques ou politiques auxquelles ses compétences lui permettent de prétendre. Les conditions de la « compétition sociale » doivent être les mêmes pour tous, et ne pas avantager certains ou désavantager d'autres, de manière à permettre la mobilité sociale.
La pensée républicaine reprend à son compte le thème de l’égalité des chances, en mettant l’accent sur la nécessité d’interventions collectives et correctives, en amont du marché, afin de garantir cette forme d’égalité que ce dernier ne parvient pas à assurer « naturellement » (J-F. Spitz, Le moment républicain en France, Gallimard, 2007). Le régime républicain accompagne l’instauration de cet État-social (qui est aussi national), au cœur duquel l’entreprise scolaire est déterminante et fait depuis, particulièrement en France, l’objet d’un surinvestissement politique permanent. Le principe républicain instaure des dispositifs d’assurance et des politiques de solidarité, et fait jouer à l’école une fonction de suppléance par rapport au marché en l’organisant comme l’espace premier de la compétition équitable. On passe donc de l’égalité des chances sans l’école (libéralisme) à l’égalité des chances par l’école (républicanisme), mais les deux idéologies partagent la même vision méritocratique. Le principe républicain intègre 2 principes théorisés par J. Rawls (Théorie de la justice, Points Essais, Éditions du Seuil, 1987).
- principe de l’égale liberté pour tous: un droit égal pour tous tant que celui-ci n’empêche pas la liberté d’autrui de se réaliser
- principe de la juste égalité des chances: les inégalités sociales et économiques doivent être liées à des fonctions et à des positions ouvertes à tous, dans des conditions d’égalité équitable des chances.

Aujourd’hui, la critique de l’égalité des chances est toujours aussi vive. Le concept est dénoncé comme mystificateur et illusoire.

 

Qu'en est-il à l'école?

 

L’Égalité sous-tend méritocratie et justice scolaire. Elle désigne le modèle de justice permettant à chacun de concourir dans une même compétition sans que les inégalités de la fortune et de la naissance ne déterminent directement ses chances de succès et d'accès à des qualifications scolaires relativement rares. En hiérarchisant les élèves en fonction de leur seul mérite, l'égalité des chances est censée évacuer les inégalités sociales, sexuelles, ethniques et autres, qui caractérisent tous les individus. Ce type d'égalité est au cœur de la justice scolaire dans les sociétés démocratiques, c'est-à-dire dans les sociétés qui considèrent que tous les individus sont libres et égaux en principe, mais qui admettent aussi que ces individus soient distribués dans des positions sociales inégales. Autrement dit, l'égalité des chances est la seule façon de produire des inégalités justes quand on considère que les individus sont fondamentalement égaux et que seul le mérite peut justifier les différences de revenu, de prestige, de pouvoir… qu'entraînent les différences de performances scolaires.

Le sociologue Pierre Bourdieu a cependant décrit les failles de cette logique : les exigences de l'école ne sont pas culturellement neutres, elles reflètent en partie des modes de pensée et de comportements socialement discriminants.

 

Questions :

 

- les chances de réussite scolaire sont-elles équitablement réparties entre les élèves ?

- l'égalité des chances est-il un objectif légitime de l’école ?

- la compétition dans l'espace scolaire ne pervertit-elle pas le sens premier de l'entreprise éducative ?

- les différentes réformes scolaires (éducation prioritaire, collège unique) cherchent-elles à aller dans ce sens ?

- si l'école n’a pas encore pour fonction de compenser les inégalités sociales, la compétition y est-elle équitable alors qu'elle produit des élites reconnues comme telles, c'est « l’élitisme républicain ».

Il apparaît que les résultats des différentes politiques « compensatrices » ne sont pas à la hauteur des espérances qu’elles avaient pu susciter. Il ressort même que la démocratisation de l’école ait régressé, à travers des politiques publiques qui d'une part visent à « donner plus à ceux qui ont moins », logique qui relève plus de l’assistance et de la pacification sociale, que d’une véritable solidarité.

Et d'autre part, donne plus à ceux qui ont eu déjà beaucoup, investissements public dans l’enseignement supérieur, en particulier dans ses filières les plus sélectives.

Des données récentes montrent que les enfants issus de familles défavorisées arrivent en maternelle avec un capital de mots très inférieur aux enfants issus de milieux plus aisés, que ce déficit pèse lourdement sur la capacité à apprendre et à comprendre et n'est jamais compensé. D'où la nécessité de favoriser la scolarisation précoce de ces enfants.

Nous affirmons que l'enfant et non pas le savoir est au centre de l'école et de l’espace scolaire, sûrement en primaire et peut-être au-delà, que l'on doit privilégier la qualité de l'apprentissage et non pas la capacité à apprendre le plus vite. Le travail par niveau et par matière peut-être une voie intéressante et stimulante dans l'apprentissage. Certaines écoles dites ''nouvelles'' font travailler les enfants en groupe et encouragent ceux qui comprennent plus vite à aider ceux qui sont plus lents. La solidarité et le respect des autres fait partie intégrante de la vie scolaire et rejaillira obligatoirement sur le parcours de ces enfants-là. Une action pédagogique est aussi nécessaire vis-à-vis des parents qui jettent leurs enfants dans la compétition d'apprentissage dès leurs premiers jours de maternelle.

 

Le monde du travail :

 

Le premier point est l'accès à l'emploi qui doit être débarrassée de toute prise en compte de caractéristiques extérieures à la compétence professionnelle, comme l'origine sociale, le sexe, l'origine ethnique ou le lieu de résidence. Nous savons qu'il n'en est rien et que la discrimination touche les femmes, les jeunes, les personnes issues de l'immigration, les seniors.

 

Cet aspect semblait être devenu une préoccupation du pouvoir politique avec la création en 2004 de la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité). La loi du 29 mars 2011 qui en créant le Défenseur des droits regroupe les rôles auparavant confiés au Médiateur de la République, à la  Halde, au Défenseur des enfants et à la commission nationale de déontologie de la sécurité, pose question sur l'efficacité d'une telle structure.

 

Dans un contexte de crise et de pénurie d'emplois, la compétition comme modèle dominant fait des ravages, tant personnels que collectifs. Plus le manque est prononcé et plus la compétition devient intense, donnant naissance à de multiples conflits. La compétition peut détruire les rapports humains et placer le compétiteur dans un espace de solitude voire de désespoir – prise abusive de stimulants, suicides sur le lieu de travail.

 

Jusque dans les années 1970, le monde du travail et l'univers du sport étaient totalement étrangers l'un l'autre. L'idée même de la compétition était antinomique aux principes du taylorisme ou de la bureaucratie telle que l'a conceptualisée Max Weber. Aujourd'hui la compétition est partout, elle sévit dans toutes les organisations. Il y a compétition pour obtenir des ressources rares, des budgets de recherche ou d'investissement, des postes supplémentaires ou des budgets de déplacements. Et même si ce n'est pas autour des budgets à conquérir, il existe une compétition entre les usines pour obtenir de meilleurs résultats de qualité ou un moindre coût de production.

La compétition s'insinue dans les relations interpersonnelles. Au sein des salariés la norme collective qui interdisait l'exploit individuel est remise en cause - internationalisation de l'économie, accroissement de la concurrence, développements des technologies de l'information, crise de l'emploi.

Le sport est devenu une référence pour la gestion des personnels dans l'entreprise, en particulier pour celle des cadres. Dans « le vivier » des cadres, il s'agit de distinguer ceux à « haut potentiel », futurs gagnants de la compétition qu'il ne faut surtout pas laisser partir dans l'équipe adverse. Il ne suffit plus d'être compétent, il faut être performant. Chacun se voit fixer à échéances plus ou moins rapprochées, des objectifs parfois inatteignables. Il faut un « mental de gagneur » assisté par un "corps en forme". On pourrait ainsi multiplier les exemples d'emprunts au monde du sport dans le vocabulaire et dans les pratiques.

Cela suffit-il pour unifier ces deux mondes ? La différence fondamentale tient aux règles du jeu et à leur connaissance qu'en ont les acteurs. Les règles de la compétition interne aux entreprises ne sont jamais clairement explicitées. Les cadres connaissent leurs propres objectifs, mais ignorent ceux fixés à leurs collègues. Il s'agit d'être le meilleur mais par rapport à qui et à quoi ? Non seulement les règles du jeu ne sont pas toutes connues avant l'entrée dans la compétition, mais elles peuvent changer en cours de jeu sans même que le joueur en soit informé. L'emprunt des mots ou des pratiques sans l'esprit et la règle qui font le sport est insuffisant pour transformer un champ de bataille en stade omnisports.

La compétition se retrouve aussi au niveau intime, quand la personne lutte avec elle-même, le plus souvent à l'insu de ses proches, écartelée entre son souhait d'une vie professionnelle réussie et celui d'une vie personnelle épanouie.

 

Alors quels recours ? Certains parlent de coopération ? Compétition et coopération semblent antagonistes, la coopération serait le bien et la compétition le mal, trop de l'une empêcherait l'autre. Si l'ambition des uns peut nuire aux autres voire à la réussite d'un projet, trop de coopération peut aussi produire des effets pervers; c'est le cas sur les marchés quand l'entente coopérative entre des prestataires empêche toute compétition, au détriment de l'intérêt du consommateur. Coopération et compétition sont naturelles, elles apparaissent dans toute société humaine ; mieux encore, elles sont toutes deux utiles et nécessaires. Le problème n'est donc pas de faire régner l'une sur l'autre, mais d'assurer une bonne tension entre les deux. La coopération n'est pas l'idéal à atteindre au détriment de la compétition et il ne faut pas tomber dans le piège de vouloir imposer la coopération comme un concept supplémentaire.

Certaines entreprises développent des formes de management innovantes qui cherchent à concilier créativité, innovation, performance et épanouissement des salariés, sous forme de travail collaboratif centré sur l'adéquation compétences et nature du projet, écartant une organisation pyramidale.

 

Le débat sur égalité/inégalités a une dimension idéologique évidente. Il oppose les partisans de l'« ordre naturel » et de l'efficacité suprême du marché, à ceux qui considèrent que l'exigence de justice sociale suppose une action volontariste de la puissance publique. Elle parait évidente et nécessaire pour les droits fondamentaux tels que l'accès à l'éducation, à la santé, au logement. Pour le monde de l'entreprise elle peut imposer une représentation des salariés dans les conseils d'administration et une régulation paritaire sur les choix stratégiques de l'entreprise.

 

D'autres champs d'intervention se sont révélés nécessaires, comme celui de la parité homme-femme dans la sphère politique. La loi sur la parité, votée en 2000, qui pénalise désormais financièrement les partis politiques qui ne respectent pas le principe de parité des candidatures masculines et féminines, a eu un effet significatif et positif même si certains partis ou institutions résistent. De même la persistance malgré la loi de l'inégalité des salaires femme-homme à compétence équivalente.

Nous aurions pu aussi aborder l'accès à l'emploi des personnes en situation de handicap et réfléchir sur ce que l'on appelle la discrimination positive.

L'intervention de la puissance publique est nécessaire car elle contribue à bousculer les mentalités et le conservatisme, elle est parfois souhaitée mais aussi contestée.

Dans tous les aspects de la vie collective, même si les résultats sont imparfaits, l'exigence de l'égalité des chances témoigne de la permanence de ce principe au cœur du contrat citoyen, car nos démocraties acceptent et parfois encouragent, certaines inégalités. Il est alors nécessaire que ces dernières restent compatibles avec le souci de la justice sociale ou que les inégalités perçues comme justes soient acceptées par le corps social.

 

En conclusion: Faire de la compétition un principe universel d’organisation du monde, conduit aux mêmes impasses que le totalitarisme du XXe siècle, dont le trait commun fut l’asservissement du droit aux lois supposées de l’économie et la négation de l'humain. .
La société néolibérale ne cesse de sommer les individus de faire la démonstration de leur force dans la compétition sociale, et de priver certains d’entre eux de toute possibilité d’exprimer cette injonction autrement que dans des formes de violence quelle condamne radicalement ! Il y a le monde où l'on célèbre le capitaine d’industrie qui conduit un raid victorieux et « tue »son concurrent, le golden boy qui explose ses gains dans une spéculation et en ruine cent autres, le cadre supérieur qui écrase ses rivaux pour prendre les commandes de la société. Tous sont des héros libéraux et admirés dans la société libérale, car ce sont des gagnants, qu'importe la violence générée! Et l'autre monde, celui du jeune de banlieue qui sous éduqué, désoeuvré, affronte la bande du quartier voisin, "deale" en pensant à sa future grosse cylindrée, impose par la violence sa suprématie. S'il est lui aussi un gagnant, sa violence est condamnée, il est un exclu, un paria de la société.

 

Une société où l’économie domine le politique et où le profit financier est une fin en soi, est une société qui ne peut que créer des inégalités insupportables.

Alors nous FM que pouvons-nous faire ou que pouvons-nous montrer ? Sommes-nous certains de ne pas pratiquer dans les loges des compétitions néfastes à défaut de collaborations fructueuses et vertueuses ? Sommes-nous réellement les champions de l'égalité ?

Nous avons devant nous des combats à la mesure de ceux menés par nos aînés, car nous sommes suspendus entre un passé révolu et un futur pour lequel nous ne sommes pas en mesure de poser les questions adéquates, significatives et de proposer des solutions innovantes et enchanteresses. Nous devons trouver des voies nouvelles face à un monde déboussolé, mais aussi préserver les mécanismes de solidarité qui fondent le bien vivre ensemble.

Depuis la nuit des temps c'est l'association des hommes qui au delà de la valeur crée l'humanité et c'est la volonté des citoyens qui ont fait les révolutions. Alors refusons le repos et agissons.

 

 

Nous avons dit.

 

  • J. Rawls: philosophe américain (1921-2002) à Lexington. Rawls est l'un des philosophes politiques les plus étudiés du XXe siècle. Professeur dans les universités de Princeton, Oxford, Cornell et Harvard jusqu'en 1995, il a été rendu célèbre par son œuvre majeure, Théorie de la justice en 1971.

  • Max Weber: (1864-1920), sociologue et économiste allemand. Il est, avec Vilfredo Pareto, Émile Durkheim, Georg Simmel et Karl Marx, l'un des fondateurs de la sociologie moderne.

  • Pierre Bourdieu (1930-2002) sociologue français qui, à la fin de sa vie, devint, par son engagement public, l’un des acteurs principaux de la vie intellectuelle française. Sa pensée a exercé une influence considérable dans les sciences humaines et sociales.

  • Henry-François Becque, dit Henry Becque (1837-1899) dramaturge français, notoire à son époque comme le « créateur du théâtre "cruel" ».

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21 juin 2012 4 21 /06 /juin /2012 09:22

 

 

Isabelle EBERHARDT symbolise la diversité dans sa plus grande dimension, par ses origines, sa naissance et les convictions politiques et spirituelles qu’elle s’est choisies dans sa courte vie.

Isabelle, Wilhelmine, Marie EBERHARDT, est née à Genève, le 17 février 1877, d’une mère issue de la petite noblesse russe, veuve du Général Sénateur russe, Carlowitch de Moërder, mort en 1873.

La famille (plutôt la mère), a quitté St Petersbourg pour s’installer à Naples, puis à Genève, en compagnie de ses quatre enfants (3 garçons et une fille) : Nicolas, Olga, Wladimir et Augustin. Le précepteur en Russie de ses enfants, Alexandre TROPHIMOWSKI, est venu la rejoindre en exil.

Isabelle EBERHARDT est en réalité l’héritière d’une lignée de femmes. Sa mère ne porte pas non plus le nom de son père, le russe Nicolas KORF, mais le patronyme de sa propre mère EBERHARDT.

Ainsi la vie d’Isabelle débute par une énigme. Il n’est pas impossible qu’elle-même n’ait jamais su qui était son père.

Dans une lettre adressée en vertu d’un droit de réponse au rédacteur en chef de la petite Gironde, le 27 avril 1903, elle déclarait être la « fille d’un père sujet russe musulman et de mère russe chrétienne, qu’elle était donc née musulmane et qu’elle n’avait jamais changé de religion….. », dans d’autres, elle évoquait un père médecin turc musulman.

Aucun de ses biographes, n’a pu apporter de réponses satisfaisantes sur ce point. La plupart ont attribué sa paternité à celui qu’elle désigne dans la lettre adressée à la « Petite Gironde », comme son « vieux oncle » ; il s’agit d’Alexandre TROPHIMOWSKI, percepteur des enfants de Madame DE MOERDER, qui bouleversa l’existence de la famille en séduisant la générale, fuyant avec elle et sa progéniture l’étouffante société tsariste de Saint Petersburg.

D’autres auteurs ont poussé la hardiesse beaucoup plus loin, notamment Pierre ARNOULT, spécialiste d’Arthur RIMBAUD dont les thèses furent reprises par Françoise d’EAUBONNE dans « La couronne de sables » (FLAMMARION 1976). Il attribua au poète maudit la paternité d’Isabelle.

Pierre ARNAULT, établit sa conviction sur 3 présomptions.

Une ressemblance frappante entre deux photographies, la singularité du choix des prénoms, Isabelle, comme celui de la sœur préférée de RIMBAUD, Wilhelmine, comme la reine de HOLLANDE, dans l’armée de laquelle RIMBAUD s’était engagé pour partir à JAVA et le fait qu’un mois auparavant, il avait séjourné dans les Alpes et probablement à GENEVE, à l’époque de la conception d’Isabelle.

Plus convaincante reste la similitude de ces deux destinées météoriques, une fascination de l’ailleurs et un silence trop précoce. Mais faut-il vraiment s’étonner de cette sorte de filiation spirituelle, issue d’une époque ou les européens cherchaient à échapper au 19eme siècle étriqué, pour partir à l’aventure vers des terres vierges de tout préjugé bourgeois ?

En dehors de toutes ces spéculations et supputations, la filiation paternelle d’Isabelle, la plus plausible et au regard des convictions qu’elle s’est choisies et des cheminements de sa vie, vient de TROPHIMOWSKI, cet ex-pope de l’église orthodoxe, qui est venu rejoindre MME DE MOERDER et ses filles à GENEVE. Les seuls voisins disposés à l’égard de cet homme disent qu’il avait « une tête vénérable, vraie tête de TOLSTOÏ » (MME GASSON lettre à BARRUCAND). Ironique, parfois caustique, il avait mal à prendre la vie comme elle était et, sous couvert d’humanisme, cherchait le réconfort dans des espérances grandioses. C’était un érudit, versé dans les classiques et qui connaissait, le français, l’allemand, l’italien, l’arabe et l’hébreu, aussi bien que le russe.

Mais la personnalité de TROPHIMOWSKI, avait un côté plus obscur.

Dix ans plus tard, à GENEVE, un rapport de police fit état de ses activités avant son entrée au service de MME DE MOERDER « il a eu une vie assez orageuse, il a été prêtre grec, avocat, notaire etc.… et a dû dans son pays laisser de très mauvais souvenirs ».

Le général avait-il eu connaissance de ce passé peu recommandable ? Savait-il seulement qu’il engageait un anarchiste ?

Sans doute TROPHIMOWSKI ne lui a-t-il livré que des demi-vérités, insistant surtout sur l’ampleur de son érudition et peut être sur ses relations personnelles, car il aurait dit-on connu TOLSTOÏ, voire GOGOL probablement dans sa jeunesse.

Pourquoi TROPHIMOWSKI entra-t-il au service d’un proche du tsar ?

La suite des évènements donnerait à penser qu’il a joué un double jeu. Ses relations avec le milieu anarchiste étaient par essence secrète et sans traces écrites, mais il est connu pour avoir quitté son pays en 1871, pour éviter d’être déporté en SIBERIE, ou pire, en raison de ses opinions.

Dès son arrivée en SUISSE, il s’est trouvé d’ailleurs en relation directe avec BAKOUNINE, puisqu’à partir d’avril 1872, son nom apparaît sur une liste de 25 partisans se réunissant à ZURICH. Il fût également partie des bailleurs de fonds de l’imprimerie du grand anarchiste.

Mais il semble que TROPHIMOWSKI ait connu un regain d’intérêt pour l’islam au début des années 1890, durant l’adolescence d’Isabelle.

Non seulement, il avait alors entrepris de relire le coran avec elle, mais aussi, depuis une dizaine d’années, sous l’action du chef religieux charismatique JAMAL EDDINE EL AFGHANI, l’islam aspirait à devenir une force extrémiste œuvrant pour la libération des peuples arabes du joug colonial.

Devant les méthodes d’AL AFGHANI, TROPHIMOWSKI se remémorait sans doute son propre passé de révolutionnaire : les sociétés secrètes, la solidarité entre les peuples etc...

Isabelle a donc été plongée dès son adolescence dans une ambiance culturelle hétéroclite, par l’apprentissage des civilisations, de l’histoire, des langues et des littératures les plus diverses. Elle a pu lire et connaître les œuvres d’écrivains dont les attaques virulentes contre la turpitude morale de la société reflétaient souvent la pensée de TROPHIMOWSKI (PLATON, HERACLITE, ROUSSEAU, VOLTAIRE, TOLSTOÏ, ZOLA etc...).

A quinze ans, elle écrivit une dissertation comparant VOLTAIRE et ROUSSEAU et dans laquelle, elle chante le pouvoir bienfaisant de la nature dans un grand élan lyrique. Elle découvrit par la suite Pierre LOTI dont le désir d’écrivain douloureux et mélancolique, semblait en parfait accord avec le sien. Elle fût subjuguée. Cette rencontre marquera d’une empreinte indélébile son propre style de pensée. Elle animait sa manière de parler de la solitude, de l’abandon et de l’exil et vibrait à l’attrait puissant que l’islam et les musulmans exerçaient sur lui. Il faut dire qu’à 16 ans, elle savait lire le coran en arabe et elle écrivait avec élégance l’arabe classique.

Le grand départ, celui qui l’a conduit sur les côtes algériennes, aura lieu en mai 1897 ; alors qu’elle a tout juste 20 ans. Elle arrive avec sa mère à BONE (Annaba). Loin de vivre dans l’aisance de ses premières années de jeunesse (c’est un photographe ami de la famille, qui lui propose d’occuper la maison qu’il possède dans cette ville de l’est algérien), Isabelle mènera au contraire et par la suite une existence faite d’errance perpétuelle, à travers les étendues désertiques des pays d’Afrique du Nord, à la découverte des valeurs nobles de l’islam, mais surtout à la recherche d’elle-même.

Voulant vivre pleinement sa passion, Isabelle ira jusqu’à prendre l’identité d’un chevalier arabe, en l’occurrence Mahmoud SAADI, nom empreinté à un jeune tunisien voyageant pour s’instruire. Cela lui permettra d’accéder aux lieux les plus interdits et même les plus mystiques. Elle se forgera alors un caractère solide et n’hésitera pas à aller outre certaines convenances, pour mieux comprendre le comment et le pourquoi des choses. Ainsi, elle passe des lieux saints, aux quartiers mal famés, de la mosquée, aux bordels. Son costume masculin, n’est ni un simple déguisement, ni une tenue pratique pour voyager (comme elle le prétend parfois), mais l’attribut du personnage, qu’elle a le génie d’inventer et auquel elle s’identifie totalement, au point de se désigner au masculin, dans ses « Journaliers » et sa correspondance privée.

Ce personnage de Mahmoud SAADI, le Taleb, le lettré, sera toujours crédible aux yeux de ses compagnons, tout au long de son périple sahraoui et finira par se substituer tout à fait à la jeune femme à la fin de sa vie.

Isabelle qui venait de perdre sa mère, six mois après leur arrivée en Algérie (sa mère est enterrée à Annaba), après un bref séjour à Tunis et un rapide parcours du sud constantinois, à court d’argent, repart à Genève.

 Elle débarque à Alger en Juillet 1900.

Après avoir hésité entre Ouargla et El Oued, elle regagne El Oued. Elle y trouve sincérité et sérénité et s’interroge sur ses projets.

« Je suis loin du monde, de la civilisation et des ses comédies hypocrites. Je suis seule sur la terre de l’islam, au désert, libre et dans des conditions de vie excellentes, sauf la santé et encore les résultats de mon entreprise ne dépendant que de moi » (Les Journaliers).

Isabelle se lie avec Slimane EHNI ; alors maréchal des logis dans un régiment de spahis. Elle vivra avec lui une passion amoureuse d’une telle intensité, qu’ils décidèrent de se marier selon la coutume musulmane.

Isabelle s’installe, alors à El Oued, tient régulièrement son journal et fait de longues randonnées dans les environs d’El Oued.

Mais malgré son désir de fonder dans l’oasis un foyer dont elle a depuis longtemps la nostalgie, elle devra quitter El Oued. Les autorités militaires prévoyaient, depuis quelques temps déjà, de faire cesser le scandale d’une jeune femme russe portant le costume arabe et vivant avec un musulman.

Le prétexte cache mal la réalité des choses.

Nous sommes à un moment où la conquête des territoires du sud algérien n’est pas encore achevée et où certains posent encore la question de l’utilité de la colonisation, alors qu'Isabelle adopte une démarche inverse de celle des colons. Elle va vers la société musulmane, pour s’y fondre. Voila un comportement propre à exciter l’imagination des reporters en mission en Algérie, enchantés de découvrir une « consœur » aussi originale.

Les commentateurs ont ainsi voulu donner d’Isabelle une leçon simplificatrice en privilégiant, selon les gouts personnels, tel ou tel aspect de son caractère considéré seul comme représentatif. Ils se sont plus intéressés à porter sur sa vie un jugement moral, positif ou négatif qu’à montrer les significations de l’œuvre ou même à chercher le réseau de force historiques, philosophiques, qui contribua à déterminer ses choix. Ils ont en particulier exhibé l’image de l’aventurière et ont souligné avec complaisance, le côté provocant, voire scandaleux, d’une jeune femme qui au début du 20eme siècle, affirme un gout pour le vagabondage, peu conforme à la bienséance.

Isabelle est devenue un personnage fascinant pour la métropole (Il faut dire que l’orientalisme est à la mode et l’on découvre qu’il existe de par le monde d’autres grandes civilisations), surtout quand on l’a compare à LA KAHENA, la reine juive des berbères des AURES, qui parcourait les tribus pour y prêcher la haine de l’envahisseur arabe.

En janvier 1901, Isabelle a fait l’objet d’une tentative de meurtre par un membre de la confrérie des TIDJANIA. On lui reprochait son affiliation et son initiation à la confrérie des KADIRIYAS. Les confréries jouent un rôle important au début du 20eme siècle. La politique de la colonisation hésite entre leur suppression et leur utilisation.

La confrérie des KADIRIYAS est un ordre des soufis, qui obéissent à une tradition mystique, contrairement aux ordres islamiques, dont les TIDJANIAS, leurs rivaux, qui avaient résisté à ABDELKADER et devinrent très vite les amis de la France.

L’ordre des KADIRIYAS est le plus ancien et le plus important ordre soufi, répandu dans tout le moyen orient, jusqu’aux Indes et au-delà.

L’ordre portant le nom de son fondateur ABDELKADER EL DJILANI, qui de sa Perse natale, avait émigré à BAGDAD au XIème siècle.

Les soufis aspiraient à un retour aux valeurs fondamentales de l’islam, privilégiant le rapport avec Dieu, après les siècles de corruption et d’orthodoxie qui avaient suivi la mort de Mahomet.

Isabelle a été ordonnée à EL OUED KHOUAN ; c'est-à-dire, initiée de la loge KADRI.

Un honneur sans précédent pour une européenne. On lui remit, alors la roseraie noir de la confrérie.

Grâce à ce chapelet et à une prière rituelle spéciale qu’on lui avait apprise, elle fût reconnue comme membre des KADIRIYAS, dans toute l’Algérie. Dès lors, elle pouvait bénéficier de leur assistance matérielle et spirituelle.

L’importance du mysticisme dans la vie d’Isabelle, ne peut s’évaluer que par déduction, dans la mesure où elle ne fût jamais allusion au soufisme même dans ses écrits intimes et ne parla pratiquement jamais de ses expériences mystiques. Mais les traces écrites ne sont pas les seules preuves, car Isabelle n’ignorait pas que les mystères de l’initiation doivent rester secrets. Elle n’aurait jamais été admise dans l’intimité des cheikhs, si ces derniers avaient douté de sa discrétion. Ils savaient qu’elle était femme, mais cela n’était pas un obstacle en Algérie où les femmes et les filles de marabouts, prenaient souvent la suite de leur père en l’absence d’héritier mâle.

Mais Isabelle irritait beaucoup les colons.

En avril 1903, quand Isabelle écrivait à « la petite gironde », elle vient d’être victime d’une cabale politicienne, ourdie par un groupe de colons de la Mitidja qui dénoncent ses prises de position vis-à-vis des indigènes algériens.

Elle continuera à défendre ses frères musulmans dans « l’akhbar » et dans « la dépêche algérienne », journal pour qui elle ne va pas tarder à partir en reportage dans le sud oranais où de sérieux combats viennent d’opposer les tribus encore insoumises à l’armée coloniale.

La voila reporter de guerre.

Un reporter portant le nom arabe et dont la profonde connaissance des mœurs musulmanes est particulièrement précieuse.

A AIN SEFRA, Isabelle a la chance de rencontrer le Maréchal LYAUTEY, qui vient d’être nommé général et à qui incombe la charge de rétablir l’ordre à la frontière algéro-marocaine.

C’est une chance, en effet, car LYAUTEY qui prône le protectorat plutôt que la colonisation, qu’il juge imbécile, inefficace et insupportable aux populations d’origine, est fasciné par le personnage de Mahmoud, l’être vrai, l’amoureux de liberté, le rebelle et admire ses connaissances parfaites de l’Afrique.

Grâce à leur amitié, Isabelle peut mener ses enquêtes à sa manière. Elle circule dans les zones dangereuses, séjourne dans les campements, les villes de garnison, partage la vie des légionnaires et des soldats indigènes.

C’est peut être la période la plus heureuse de son existence, la plus éprouvante aussi ; car elle va jusqu’à s’enrôler dans un goum, un détachement privé d’hommes de tribus et dirigé par un officier français.

Sans jamais se plaindre, elle subit la discipline militaire, suit les expéditions harassantes, à travers les djebels désertiques, à la recherche d’un ennemi le plus souvent invisible.

Parfois seule, elle se risque jusque chez les rebelles. C’est un reporter à la Jack LONDON, dont elle est l’ainée d’un an.

La maladie interrompt l’expérience. Elle rentre se faire soigner à l’hôpital militaire d’AIN SEFRA et renonce à d’autres voyages.

A ceux qui l’ont approchée, elle apparaît alors à bout de forces. Peut être est-elle prête à se laisser emporter vers cet au-delà qui la fascine de plus en plus ?

Un matin d’automne au Sahara, le 21/10/1904, après des pluies torrentielles, la crue de l’oued ravage la bourgade d’AIN SEFRA. Il y aura une vingtaine de victimes. Isabelle est portée disparue. On retrouva son corps 3 jours plus tard dans la boue, sur les décombres de sa maison.

Noyée en plein désert, absorbée par les sables, la terre d’Afrique où elle repose tournée vers la Mecque, grâce aux soins de LYAUTEY.

Ses articles et divers manuscrits notamment « Le sud Oranais » qui ont été exhumés de la boue grâce aux recherches systématiques que LYAUTEY a fait entreprendre par la troupe, furent réunis en volumes et publiés, après sa mort par Victor BARRUCCAND, rédacteur en chef de « l’Akhbar » et ami.

 

BIBLIOGRAPHIE : 

ISABELLE EBERHARDT textes présentés par Simone REZZOUG OPU ALGER

ISABELLE EBERHARDT « vie et mort d’une rebelle » ANNETTE KOBAK.

« SABLES LE ROMAN DE LA VIE D’ISABELLE EBERHARDT » Marie-Odile DELACOUR et Jean-René HULEU édition LIANA LEVY

FILM « ISABELLE EBERHARDT » 1991 de Ian PRINGLE avec Peter O’TOOLE


Isabelle Eberhardt


 

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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 22:24

 

 

Préambule

 

Débattre en loge à la fois du génocide arménien, de la loi de la reconnaissance de ce génocide et de celle récente punissant tous les génocides dont celui des arméniens est devenu indispensable face à l'offensive négationniste financée largement par l'état turc et face à ses soutiens idéologiques, souvent de gauche, qui invoquent la liberté d'analyse des historiens, ce qui, en fait, est une manière consciente ou inconsciente de soutenir ce négationnisme.

En effet il faut savoir que cet argument de la liberté des historiens n'a jamais été invoquée au moment du vote de la loi GAYSSOT en 1990, laquelle reconnaît le génocide juif et punit sa négation. Et si une contestation de grande ampleur du génocide arménien allant jusqu'à utiliser cet argument de liberté des historiens est apparue depuis, c'est sans conteste à la suite du versement de plusieurs centaines de milliers de dollars ces 20 dernières années par les organismes de propagande de l'état turc dans le monde entier, en direction des politiques menacés de représailles économiques et de certaines sociétés d'historiens (exemple de l'affaire d' historiens américains dont celle de Bernard LEWIS, sponsorisé par diverses officines turques en plus de l'université d'Istanbul). De plus le soutien inconditionnel et systématique d'une certaine gauche française envers les immigrés de religion musulmane sous prétexte qu'ils sont généralement pauvres et exploités donc excusables pour tout ce qu'ils font explique cette attitude de complaisance de refus de légiférer. Les républicains laïques nomment d'ailleurs cette dérive anti-républicaine d'une certaine gauche : islamogauchisme. L'évolution de la Ligue des Droits de l'Homme en France en est un triste exemple, car dans tous ses communiqués avant 2006, elle prend position sans restriction en faveur de la reconnaissance du génocide arménien. Mais après avoir été été accaparée en 2006 par les tenants de cette gauche islamogauchiste, elle change de position, et le 24 janvier 2011 elle condamne par communiqué la loi punissant le génocide arménien au nom d'une soi-disant liberté des historiens, ce qui remet en cause implicitement ses prises de position antérieures demandant la reconnaissance du génocide arménien. A signaler que la Ligue des Droits de l'Homme de Belgique continue à demander la reconnaissance du génocide arménien et sa punition pénale.

 

Rappelons que de la définition de génocide a été élaborée en 1945 par le professeur américain Raphaël LAMBIN, en référence à la fois à l'extermination programmée des juifs en Europe centrale par l'appareil nazi, mais aussi, et ça on le sait moins également à la fois en référence à l'extermination des arméniens par le gouvernement dit « Jeune Turc » de l'empire ottoman en 1915. Celui-ci avait en tête la parole d'Hitler en 1939 « qui se souvient maintenant de l'extermination des arméniens?' »

Nous citerons donc cette définition du génocide: « par génocide, nous voulons dire la destruction ou l'anéantissement d'une nation ou d'un groupe ethnique ou religieux ».

 

Ma planche comporte donc 3 parties

1/ la réalité historique du génocide des arméniens de 1915.

2/ les caractéristiques de la Turquie actuelle, négationnistes et colonialiste.

3/ la nécessité des lois mémorielles reconnaissant les génocides touchant des descendants de

citoyens français soit comme responsables soit comme victimes avec des lois punissant

pénalement leur négation.

 

 

La réalité historique du génocide arménien:

 

Il faut d'abord se rappeler que l'extermination des arméniens dans l'empire ottoman en 1915 a été précédé de massacres impulsés par les gouvernements d'Istanbul contre une population qui à leurs yeux avait le tort d'être chrétienne et réclamait une égalité des droits avec les autres sujets musulmans de l'empire

  • en 1895-1896, le sultan ABDUL HAMID, surnommé le sultan rouge (rouge à cause du sang versé) ordonne le massacre des arméniens pour les empêcher d réclamer l'égalité des droits civils et politiques, en incitant en particulier les tribus kurdes voisines à piller leurs biens. Les historiens évaluent le nombre de victimes à 200 000 environ. Les massacres sont stoppés grâce à l'indignation européenne (cf discours de Jean Jaurès à la chambre des députés en 1896 « il faut sauver les arméniens »)

  • en 1909, une vague de massacres est organisée dans la région d'Adana, c'est à dire sur les terres historiques du royaume de « Petite Arménie » en Cilicie où les arméniens étaient encore majoritaires: les historiens évaluent le nombre des victimes entre 30 000 et 50 000. Beaucoup d'arméniens de la région s'exilant par la suite, les arméniens deviennent alors minoritaires dans cette région..

  • En 1914, l'empire ottoman entre en guerre aux cotés de l'Allemagne et attaque la Russie. L'armée ottomane est écrasée en janvier 1915 dans le Caucase. A Istanbul, le gouvernement dirigé par le parti « Union et Progrès » appelé communément « Jeune Turc », décide alors d'en finir avec la question arménienne, car il est hyper nationaliste et veut la réunion des turcs ottomans avec les turcs azéris d'Azerbaïdjan qui résident près de la mer Caspienne dans l'empire russe ; or les populations arméniennes sont situées la plupart sur un territoire qui sépare ces 2 populations turques.

Sous prétexte que les arméniens risquaient de se rebeller contre l'armée turque pour soutenir

l'armée russe , le premier ministre ENVER PACHA et le ministre de l'intérieur TALAAT

PACHA décident alors d'un plan d'extermination des populations arméniennes, plan exécuté

en 3 phases:

1/ D'abord le désarmement des soldats arméniens servant dans l'armée turque en février et mars 1915.

2/ Puis l'arrestation des intellectuels et notables arméniens d'Istanbul les 24 et 25 avril 1915 qui sont presque tous fusillés après avoir été torturés pour tenter de les faire avouer de faire partie d'un complot antiturc.

3/ Enfin l'ordre à tous les préfets et commandants de gendarmerie de province (les documents sont en possession des historiens) d'afficher des avis de déportation des populations arméniennes en direction de la Syrie et de la Mésopotamie. Là aussi les notables sont systématiquement fusillés après des séances de torture pour tenter de leur arracher d'hypothétiques aveux de complot. Les hommes sont massacrés en priorité au début des convois de déportation. les femmes et les enfants sont massacrés ensuite tout au long des convois après qu'une partie des adolescents et adolescentes soient vendues comme esclaves en cours de route à des familles turques ou kurdes.

 

Les quelques rescapés arrivés en Mésopotamie meurent de faim et de soif dans des camps de concentration. Seuls survécurent des rescapés arrivés dans la région d'Alep en Syrie car pris en charge souvent par les populations chrétiennes de la région et les missions protestantes allemandes présentes. De plus il faut savoir que beaucoup d'adolescents furent rachetés de l'esclavage par les missions protestantes américaines après la guerre entre 1919 et 1922 et furent recueillis dans des orphelinats surtout au Liban.

 

Le comptage du nombre des victimes est simple et objectif: Le patriarcat de l'église apostolique arménienne compte en 1913 2 millions 200 mille personnes (96% des arméniens de l'époque font parti de cette église) ; en 1925, le patriarcat arménien n'en compte que 80 000 regroupés pour la plupart sur et autour d' Istanbul. Les rescapés en Grèce, Syrie, Liban, France, USA et Arménie soviétique (l'avancée de l'armée russe avait sauvé des arméniens de la région du lac de Van) sont comptabilisés de l'ordre de 500 000. Il y a donc bien eu 1 500 000 victimes environ recensées par les historiens, n'en déplaise à la propagande turque.

 

L'organisation de ces massacres systématiques dans tout le territoire de la Turquie actuelle, démontre bien qu'ils ont été planifiés par une autorité gouvernementale. Les dénégations des autorités turques actuelles ne reconnaissant que des massacres sporadiques, tout au plus d'à peine 500 000 personnes dus à l'état de guerre, en rajoutant que cela était dû en grande partie en représailles à des assassinats de familles turques par des rebelles arméniens alors que les consuls allemands et américains présents dans la région ne signalent aucun fait de cette nature.

 

D'autre part les archives allemandes qui ont été ouvertes seulement il y a une dizaine d'années, relatant les rapports des attachés militaires et consuls allemands et les rapports des missions protestantes allemandes (rappelons que l'Allemagne était l'alliée militaire de l'empire ottoman dans la guerre de 1914-1918) décrivent avec un luxe de détails ces massacres systématiques organisés par la gendarmerie et l'armée turques : Les viols des femmes qui sont brûlées vives ensuite, les jeunes enfants embrochés par les baïonnettes, les tueries à répétition le long des convois de déportation par les soldats turcs et les pillards kurdes, les camps de concentration en Syrie et en Mésopotamie qui organisent la mort des rescapés par la faim : tout cela est minutieusement décrit dans ces archives allemandes.

 

Enfin pour couronner le tout, ce qui a été oublié par les médias récemment et notamment par ERDOGAN le premier ministre islamique turc, c'est qu'après la guerre en 1918, le gouvernement turc mis en place qui avait chassé le gouvernement « Jeune Turc » avait reconnu la réalité de cette extermination des arméniens et leur organisation par ENVER PACHA et TALAAT PACHA. Plus de 1000 personnes reconnues comme responsables de cette extermination planifiée furent traduits devant les tribunaux militaires turcs entre1919 et 1921 et certains comme ENVER PACHA et TALAAT PACHA furent condamnés à mort explicitement pour leur responsabilité criminelle. Ils s'enfuirent en Allemagne, mais TALAAT PACHA fut abattu en 1921 au détour d'une rue de Berlin par un militant arménien Soghomon TEHLIRIAN ; or celui-ci fut acquitté par un tribunal allemand pour avoir exécuté la sentence du tribunal militaire turque, car TALAAT PACHA était reconnu aussi par ce tribunal comme coupable de ces crimes.

 

La réalité du génocide arménien est donc incontestable. Tous les historiens sérieux le reconnaissent

Il n'y a pas de possibilité de révision des faits, de la même manière que la réalité des chambres à gaz pour la Shoah..

 

Ce n'est qu'après l'instauration de la république turque, pseudo laïque, en 1923 par MUSTAPHA KEMAL que celui-ci imposa la négation du génocide arménien, car, et c'est la raison principale, la plupart des officiers supérieurs de son armée qui le soutenait avaient participé aux massacres, et aussi sans doute pour que l'identité nationale turque en cours de gestation ne soit pas entachée de faits répréhensibles, pouvant mettre en cause l'expansionnisme xénophobe nationaliste qui a suivi. Cette négation du génocide arménien est reprise par les islamistes qui gouvernent maintenant la Turquie pour les même raisons d'expansionnisme et de xénophobie nationaliste..

 

 

Les caractéristiques de la Turquie actuelle

 

Il faut en dire un mot pour comprendre l'acharnement de la Turquie actuelle à nier le génocide des arméniens en 1915. Nous venons d'évoquer la raison essentielle qui a poussé MUTAPHA KEMAL à instituer la négation de ce génocide : la participation active des officiers supérieurs de son armée aux massacres. Mais il faut ajouter l’hyper nationalisme expansionniste à connotation religieuse qui l'a animé et perdure maintenant en faisant de la Turquie actuelle le pire état colonialiste aux portes de l'Europe. Ainsi, il ne faut pas oublier :

 

- la prise de 2 petites provinces montagneuses de l'ex Arménie russe, les provinces de Kars et d'Ardahan dont la population arménienne a été expulsée. Ces 2 provinces ont été cédées par LENINE en 1920 pour prix du soutien diplomatique de MUSTAPHA KEMAL au nouveau régime soviétique. Il y eut en outre partage entre eux 2 du territoire de la nouvelle république d'Arménie ressuscitée en 1918 et confirmée par le traité de Sèvres en 1920 car celle-ci, vidée de ses habitants dans le territoire de l'ex-territoire ottoman n'a pu résister à la conjonction des forces militaires de LENINE et de MUSTAPHA KEMAL, unies pour la détruire.

- l'accaparement de la province syrienne d'Alexandrette où se trouve la ville d'Antioche, cédée à la Turquie par la France en 1939 , pour prix de la neutralité de la Turquie vis à vis de l'Allemagne (la France avait à cette époque un mandat de protectorat sur la Syrie) ; Cette province d'Alexandrette était habitée majoritairement au 2/3 par des arabes musulmans alaouites et par des arabes chrétiens orthodoxes, qui se trouvent maintenant minoritaires dans leur province à la suite de l'arrivée massive de colons turcs.

- l'expulsion entre 1950 et 1980 de la presque totalité de la population dite « assyrienne » dans l'est de la Turquie, soit environ 800 000 personnes, grâce à ce qu'on peut appeler des mini dragonnades exercées à leur encontre, c'est à dire des brimades diverses violentes pouvant aller jusqu'à des meurtres. Ces populations avaient sans doute le tort d'être chrétiennes. Cette population assyrienne est maintenant réfugiée en presque totalité dans les pays scandinaves et aux Pays-Bas.

- l'occupation militaire en 1974 de 36% du territoire de l’île de Chypre pour y installer 100 000 colons turcs d'Anatolie, lesquels forment avec les 100 000 turcs autochtones une république turque autonome reconnue seulement par Ankara, après avoir expulsé manumilitari 180 000 grecs cypriotes.

- sans oublier le refus d'accorder l'autodétermination aux 16 millions de Kurdes qui résident dans l'est de la Turquie, autodétermination pourtant reconnue par le traité de Sèvres en 1920 Ces kurdes subissent toujours le joug brutal de l'armée turque et l'arrivée sans cesse de colons turcs

 

Toutes ces exactions colonialistes et xénophobes exigeraient des réparations territoriales et financières, notamment pour les descendants des victimes arméniennes et pour leur nouvel état arménien indépendant depuis 1991 mais réduit à la portion congrue de l'ex république soviétique. C'est l'exemple des réparations dues par l'Allemagne aux victimes de la Shoah et à l'état d'Israël après 1945 qui fait naturellement peur aux dirigeants actuels de la Turquie qui s’arque-boutent sur la négation du génocide arménien.

 

De plus, les islamistes qui dirigent désormais la Turquie, bien qu'ils soient présentés comme modérés par toute l'intelligentsia BCBG en France, de la journaliste Caroline FOUREST aux responsables politiques de droite et de gauche, sont tout autant xénophobes et hyper nationalistes, voire antisémites. Il ne faut pas oublier que le premier ministre ERDOGAN qui nie farouchement le génocide arménien a écrit dans sa jeunesse une pièce de théâtre intitulée MASKOMIA, anagramme en turc de « complot judéo maçonnique et communiste », thème inspiré du MEIN KEMPF d'HITLER et qu'on retrouve textuellement d'ailleurs dans la Charte du HAMAS.

Et Erdogan vient de mettre en pratique ses sympathies, en faisant voter cette année par le parlement une subvention annuelle au HAMAS de 300 MILLIONS DE DOLLARS.

 

Cet état turc doit-il donc être accepté dans l'Union Européenne sans transformation profonde et promesses de réparations.? D'autant que les articles 301 et 305 de son code pénal punit de prison toute évocation du génocide arménien.

 

 

De l'utilité des lois mémorielles et de la nécessité des condamnations pénales pour la négation des génocides et des crimes contre l'humanité reconnus.

 

Les politiques et historiens BCBG, souvent de gauche, sensibles à la propagande turque et à des menaces de représailles économiques, invoquent la liberté des historiens pour écrire l'histoire.

Mais l'histoire est déjà écrite par tous les historiens sérieux !!! En tout cas par ceux non soumis à l'argent turc comme l'a été l'historien américain Bernard LEWIS ! Ni par les négationnistes se targuant plus ou moins d'être historiens comme ceux niant les chambres à gaz pour la Shoah.

Pour ces 2 génocides reconnus par une loi mémorielle de la République française, 1990 pour la Shoah et 2001 pour le génocide des arméniens, il ne peut y avoir donc contestation puisque sont démontrés pour chacun d'eux les 3 caractéristiques principales de génocide :

- le but d'anéantir un groupe ethnique ou religieux sur un territoire donné,

- la planification de l'anéantissement par des autorités gouvernementales,

- l'ampleur des massacres organisés à cette occasion. 6 millions de juifs sur 10 millions vivant en Europe centrale et 1 500 000 arméniens sur 2 millions vivant dans l'empire ottoman.

Les 2 génocides ont été reconnus d'ailleurs pour la Shoah par la justice allemande après 1945 et pour le génocide arménien par la justice turque entre 1918 et 1921 (avant l'institution du négationnisme d'état par MUSTAPHA KEMAL à partir de 1923).

L'utilité de ces lois mémorielles est double pour les survivants et les descendants des victimes citoyens de la République française :

1/ Nier le génocide de leurs ancêtres et compagnons communautaires est insupportable ; car pour eux, c'est faire mourir une seconde fois les victimes et insulter les rescapés et leurs descendants.

2/ Le reconnaître, c'est protéger les rescapés et leurs descendants de toute agression des négationnistes, agressions d'insultes voire agressions physiques. Pour ce qui concerne le génocide arménien, savez-vous que des enfants turcs dans des écoles de l'est de la France ont déclaré à plusieurs reprises récemment que « si les arméniens avaient été massacrés, il l'avaient bien cherché et ce n'était que justice vu qu'ils s'étaient rebellés contre l'état turc ». Et même il y a 10 ans, à Valence, une bande d'adolescents d'origine turque a attaqué avec des barres de fer des arméniens âgés devant le foyer communautaire arménien de la ville. Ils leur ont occasionné des blessures, dont des fractures pour l'un d'entre eux en criant « à mort les arméniens, nous allons finir le travail de nos grands parents ». Qui peut croire dans ces cas à la non responsabilité des écoles françaises qui, par adepte du relativisme culturel n'enseigne plus les faits historiques et laissent à penser que tout peut être nié. Quant aux médias, soumises au dogme de l'excuse systématique des délits perpétrés par les immigrés islamiques considérés comme exploités donc a priori excusables pour tout, elles se distinguent par leur silence sur ces affaires. Nous citerons encore l'incroyable manifestation de haine de plusieurs milliers de turcs venus de toute la France et d'Allemagne à Lyon le 18 mars 2006 place Bellecour à l'occasion de l'érection à Lyon d'un monument en mémoire des victimes du génocide arménien. En plus des slogans de négation du génocide écrits en français sur des pancartes, les slogans du type à mort les arméniens en langue turque furent clairement entendus. Cette manifestation musclée avait été organisée par le mouvement fasciste turc « Les loups gris », cette manifestation a d'ailleurs dégénéré car des jeunes qui venaient de manifester contre le CPE ce jour là et qui se trouvaient autour de la place Bellecour et sur les pentes de la Croix Rousse, outrés, se sont heurtés violemment à eux dans de vraies batailles rangées et plusieurs blessés furent comptabilisés parmi ces jeunes.

 

Ce sont donc bien pour ces 2 raisons qu'il est non seulement utile mais nécessaire de légiférer en France sur la reconnaissance des génocides quand tout ou partie de la population française est impliquée comme victime même si les faits se sont produits hors du territoire national, sans que des responsables français soient directement impliqués.

Il faut légiférer aussi de la même manière sur les crimes de masse contre l'humanité, crimes incontestables d'après les historiens, tel que la loi TAUBIRA le fait au sujet de la traite négrière, puisque cela implique la responsabilité de notre pays dans son exécution.

 

Mais il y a une autre raison de légiférer sur la reconnaissance et la condamnation des génocides et crimes contre l'humanité pour la République française. C'est celle de fonder la nation sur des valeurs laïques d'égalité en droit, de liberté individuelle et de fraternité sociale, opposables à tous.

Et il est alors nécessaire de constitutionnaliser certains textes de référence. C'est ainsi que notre constitution fait déjà explicitement référence dans son préambule à la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, au préambule de la constitution de 1946 et maintenant à une Charte de l'environnement. Cela a une importance juridique considérable, car tout recours individuel ou collectif devant les tribunaux de l'ordre judiciaire ou de l'ordre administratif ne peut se faire qu'en fonction de ces références qui ont force de jugement. Ce genre de références considérées comme fondamentales sont d'ailleurs souvent utilisées dans les constitutions des autres pays européens et américains. C'est notamment le rôle attribuée à « la Loi fondamentale » de la République fédérale allemande qui bloque tout retour de près ou de loin à l'idéologie nazie et interdit tout parti politique qui n'adhère pas aux principes de cette « loi fondamentale ».

« C'est la République qui fait la nation et non la nation qui fait la république » Ce vieux principe républicain, rappelé opportunément ces dernières années par 2 hommes politiques, Jean-Luc MELENCHON et François BAYROU doit être remis en exergue par ces lois constitutionnalisées car elles ont pour fonction de préciser les valeurs humanistes sur lesquelles se fondent la République, quelle que soit l'origine ethnique de chaque citoyen.

Cela a une importance pratique considérable dans l'atmosphère du relativisme culturel qui envahit nos institutions et notre société. Avec de telles lois constitutionnalisées sur les 2 génocides reconnus en France, cela auraient été suffisant pour invalider dans un passé récent, comme cela se fait en Allemagne pour les admirateurs du nazisme et du stalinisme, les candidatures de Jean-Marie LE PEN et d'autres membres du Front National, qui niaient ou minimisaient la Shoah, mais aussi de certains candidats verts-écologie, comme celle de Sirma ORAN-MARTZ aux dernières élections régionales en Rhône-Alpes. Cette candidate d'origine turque avait refusé de reconnaître le génocide arménien à une demande du maire de Villeurbanne et avait reconnu avoir participé à Lyon le 18 mars 2006 au grand rassemblement négationniste organisé sous le signe du mouvement fasciste turc des « Loups gris ».

Ce n'est donc pas étonnant que les 2 principales formations politiques qui s'opposent le plus à ces lois mémorielles à vocation constitutionnelle soient le Front National et les Verts-Europe-Écologie.

 

Une information que cachent bien nos islamogauchistes BCBG, de BADINTER à la LDH, c'est que d'autres pays d'Europe comme l'Allemagne envisagent de voter des lois pénalisant le négationnisme dont celui du génocide arménien et que des pays européens l'ont déjà voté comme la Slovaquie en 2009 et la Suisse en 2008 par l'article 261bis de son Code Pénal. Cet article a déjà été appliqué à plusieurs reprises contre des citoyens turco-suisses, sans qu'il y a jamais eu de réclamations au nom de la liberté d'expression, principe qui a servi de prétexte au Conseil Constitutionnel pour annuler la loi votée par le parlement français.

 

Rappelons ici, car cela va dans le même sens de caractériser les valeurs de la République française, la proposition de François HOLLANDE de constitutionnaliser la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l'état pour asseoir à terme la pérennité de la laïcité dans notre pays.

 

Cela permettrait par le moyen des Questions Prioritaires de Constitutionnalité d'abroger les lois de 1907 et 1943 sur l'obligation des collectivités locales d'entretenir et réparer les églises catholiques construites avant 1905, et même malgré toutes les précautions prises du type « sous réserves des dispositions particulières en Alsace Moselle » mentionnées dans sa proposition de loi constitutionnelle, de parvenir à terme par le même processus des Questions Prioritaires de Constitutionnalité à supprimer le concordat de 1801 dans ces 3 départements de l'est, car la mention « sous réserve des dispositions particulières en Alsace-Moselle ne résisterait pas très longtemps à un recours de ce type en référence à la loi de 1905.

 

Les recours des citoyens par des Questions Prioritaires de Constitutionnalité va en effet se généraliser à l'image de ce qui se fait déjà dans d'autres pays européens comme l'Allemagne et l'Italie. Il faut prendre en compte cette évolution. C'est dans ce cadre que doit se situer aussi l'intérêt et la nécessité des lois mémorielles accolées à des lois punissant le négationnisme, pour fonder la République laïque sur des valeurs humanistes.

 

 

J'ai dit

 

 

 

 

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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 22:20

 

 

 

Depuis plusieurs années la Franc-Maçonnerie a mis en œuvre une politique de recrutement très large, sous tendue par une volonté d’ouverture vers la société profane. Nous ne sommes pas une organisation secrète, nous sommes une organisation discrète, dont les devoirs majeurs, demeurent  « répandre sur l’ensemble de l’univers les connaissances acquises, rassembler les personnes de haute valeur morale et construire le temple de l’union. »

 

Puisque nous analysons et comprenons les questions sociales, nous devons nous ouvrir à toutes les composantes de la société. Autrement dit la Franc-Maçonnerie doit être à l’image de là où elle vit.

Toutefois cette ouverture impose la réussite. Les questions qui dérangent doivent donc être posées.

L’ouverture des tenues à plus de Soeurs et de Frères ne se réduit-elle pas parfois à une vulgaire opération comptable, générant des capitations supplémentaires ?

L’accueil de masse, positif au titre du brassage des métaux, est-il véritablement accompagné ?

La notion de classe sociale du monde profane, ne va-t-elle pas se reproduire au sein de nos Ateliers alors que notre mission et notre volonté sont toutes autres ?

Nos symboles seront ils en capacité de valoriser la multiplicité des éducations, des cultures, des expériences, accueillies pour enrichir la Franc-Maçonnerie ?

 

Celles et ceux qui nous rejoignent pour recevoir la lumière, pour avancer pour s’élever, se cultiver, ne vont-elles pas, ne vont-ils pas se retrouver abandonnés sur des colonnes, à écouter quelques orateurs bien pensant, les transporter via le mythe au pays merveilleux, du OUI OUI, de la belle au  bois dormant, ou des stroumpfs, pour les faire rêver plutôt que penser ?

 

Il ne  sera pas question  ici de remettre en cause le rôle structurant de la mythologie, des contes et légendes, surtout lorsque l’esprit critique coexiste. Dans la présente planche, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne serait que le fruit du hasard.

 

La notion de mythe sera abordée dans les lignes qui suivent, avec une appréciation volontairement large, regroupant toutes les informations vérifiées ou non faisant appel tant à des connaissances qu’à l’imagination pour comprendre la vie. Ce que Henri PENA-RUIZ appelle les ‘’grandes légendes de la pensée’’. Pour lui, elles constituent un rite d’initiation, racontent la pensée et donnent des repères essentiels tirés des grands moments de la culture universelle, pour aider à la réflexion sur les choses de la vie. Leurs images et leurs récits aident ainsi à penser la vie, le monde et les grandes questions qui nous tourmentent.

 

Il en va ainsi de l’amour de TRISTAN et ISEULT, de l’envol d’ICARE, de l’aveuglement d’Œdipe, de CESAR et du RUBICON, du nez de CLEOPATRE… Et bien sur d’HIRAM, d’ISIS,  du grand Architecte…Et de bien d’autres encore.

 

DESCARTES résumait bien cette finalité des mythes. ’’Il peut paraître étonnant que les pensées profondes se rencontrent plutôt dans les écrits des poètes que dans ceux des philosophes. La raison en est que les poètes ont écrit sous l’empire de l’enthousiasme et de la force de l’imagination. Il y a en nous des semences de science comme en un silex des semences de feu ; les philosophes les extraient par raison, les poètes les arrachent par imagination ; elles brillent alors davantage.’’

 

Il sera donc question de confirmer, ici et maintenant, que l’accueil de plus en plus de Frères et de Soeurs en nos Loges est un devoir pour nous, et une immense richesse pour l’humanité.

 

Cette planche rappellera que toute politique d’ouverture engendre une stratégie d’accompagnement volontariste des nouveaux arrivants. Les Maîtres ont une responsabilité énorme en ce domaine. Il faut sans cesse répéter la place du travail dans nos rituels, que le travail personnel est une obligation, et la formation des Apprentis une ardente nécessité. Lâcher les jeunes Franc-Maçons dans notre symbolique, nos mythes, nos rites, sans explications, sans leçons, sans travaux, pourrait vite tourner, au virtuel, à la déception, au scepticisme, voir au mysticisme. Laisser nos Frères et Soeurs partir seuls sur ces chemins serait plus qu’une erreur, ce serait une faute à notre mission d’émancipation. Nous n’avons pas le droit de laisser le mythe devenir une mite qui irait creuser ces galeries dans des cerveaux perturbés par la Franc-Maçonnerie.

 

Cette planche insistera sur le lien entre le monde profane, et les discours de quelques Franc-Maçons, qui oublient de plus en plus de laisser leurs métaux à la porte du temple, ne pensant l’espace d’une tenue qu’à compléter leurs réseaux d’influence, quitte à préférer les mots et les idées de leurs carnets d’affaires à nos mots, signes et attouchements.

Le danger semble réel aujourd’hui, vu l’état de monde profane, sans repères, sans pensée, si ce n’est la pensée unique. Ce qui arrive dehors risque, si nous n’y prenons garde de nous envahir également.

J’entends déjà ici ou là en nos Ateliers. le vocabulaire des puissants et les arguments de la soumission, en un mot après le politiquement, voici le « maçonniquement » correct. Et pourtant nous savons bien que la vie dehors est avant tout un rapport de force.  BOURDIEU l’a bien montré, les classes sociales n’ont jamais été aussi présentes, les exploités aussi nombreux, avec la violence comme régulateur. Et pendant ce temps là, les effectifs de la Franc-Maçonnerie croissent pour une humanité toujours meilleure et plus éclairée.

 

I -  EN DEMOCRATIE RIEN N’EST JAMAIS ACQUIS

 

En démocratie rien n’est jamais acquis, seule la compréhension de l’environnement, des relations de pouvoir entre les hommes, notions acquises par la réflexion, le travail en Loges, grâce à nos outils émancipateurs, grâce à la lumière, à la culture, permettent la vie ensemble.

Ce qui se passe dans le monde profane nous préoccupe, les questions à l’étude des loges en témoignent, mais rien de ce qui arrive n’est le fait d’un conte de fées. Il est l’œuvre d’humains voulant soumettre d’autres humains.

Aujourd’hui l’unanimité est faite par et pour la loi du profit, donc pour la loi du plus fort. ‘’Quand le gros maigrit, le maigre meurt’’ disait  Mme TATCHER.

Il faudrait donc que le riche s’enrichisse afin que le pauvre ne meurt point. Voilà pourquoi le pauvre doit aimer le riche et surtout le gros riche. Mais de nos jours les riches ont ils encore besoin des pauvres ?  Pas sûr. En effet, jadis les pauvres vendaient leur sueur, leur corps, et leur force de travail, tout cela était indispensable à qui voulait s’enrichir ? Le riche devait ménager le pauvre, car il pouvait mordre, le riche, devait se montrer social.

Mais ces salauds de pauvres ont abusé, ils ont extorqué des avantages prohibitifs qui ont conduit à la crise, au chômage et aux restructurations douloureuses… Le riche de maintenant n’a plus besoin de pauvres sauf pour le faire consommer. Et le pauvre de maintenant veut consommer comme le riche, qui lui l’a bien compris et qui met en actes le conseil d’Alphonse ALLAIS ‘’ il faut prendre l’argent là où il est, chez les pauvres’’.

En faisant consommer le pauvre, le riche s’enrichit, il se moque totalement de favoriser la  transformation du citoyen en consommateur. Vive l’argent, le libre échange, la chance, le rêve. Chacun peut s ‘enrichir désormais, la compétition est ouverte, que le meilleur gagne ! Et que les perdants perdent.

Ainsi, les transformations économiques du denier quart de siècle qui ont engendré les transformations sociales, affectent  inévitablement l’être humain.

Ces mutations ne sont pas le fruit du hasard. Si, à partir des années 80, les décideurs et les médias du monde occidental ont presque toujours interprété les situations de ‘’crise’’, c’est que tout un travail idéologique était intervenu au préalable, c’est que les solutions alternatives au marché avaient été détruites afin qu’il n’y ait plus d’alternatives.

D’autres interprétations auraient suggéré d’autres remèdes, mobilisé d’autres forces sociales, débouché sur d’autres choix. La mondialisation, on dira maintenant la globalisation, le mot n’est pas innocent, fut un long labeur intellectuel de construction de la ‘’seule politique possible’’ qui favorisera la symbiose sociale entre les principaux architectes d’un bout à l’autre de la terre.

 

Inspirés par des théoriciens de l’université de Chicago, dont l’influence sera considérable au Chili, en Grande Bretagne et bien sur aux Etats Unis, les doctrines économiques libérales vont encourager les classes dirigeantes à durcir leurs politiques, à passer d’un système d’économie mixte acceptant une certaine redistribution des revenus à un capitalisme orienté par les seuls verdicts de la finance. Les artisans de cette métamorphose en tireront un avantage considérable; mais pour la plupart, ce sera le grand bond en arrière, pour parler comme Serge HALIMI, journaliste au Monde diplomatique.

Pour réaliser ce grand mouvement de reféodalisation du monde, il faut aux maîtres des serviteurs, des serfs, non plus corvéables au sens historique, mais utiles et surtout d’accord pour participer à leur propre exploitation en devenant des consommateurs zélés. Manipulés, ils acceptent la soumission.

Pierre BOURDIEU dans son livre ’’Contre-feux’’ démontre comment la soumission aux lois du marché n’est pas le destin des sociétés mais bien un choix de société. Ignacio RAMONET dans ‘’géopolitique du chaos’’, nous dit comment la promesse du bonheur n’est plus un projet de société mais un produit.

Alors que triomphent en apparence la démocratie et la liberté, les censures et les manipulations font un retour en force. De nouveaux et séduisants ‘’opiums de peuple’’ proposent une sorte de ‘’meilleurs des mondes’’, détournant les citoyens de l’action civique et revendicatrice.

Dans ce nouvel âge de l’aliénation, les technologies de la communication jouent un rôle central. L’opium du pauvre aujourd’hui c’est la télévision, et les jeux vidéos. Les premiers touchés sont toujours les plus exposés, les exclus de toute nature, un lumpenprolétariat d’aujourd’hui fait d’échec scolaire, d’ignorance, de reproduction sociale, d’incapacité à comprendre le monde…

Le capitalisme s’accommode très bien de ce que MARX appelait le Lumpenprolétariat. D’ailleurs le rédacteur du capital ne se faisait aucune illusion à son sujet. Voilà comment il le qualifiait : éléments déclassés, voyous, mendiants, voleurs, etc.…il est incapable de mener une lutte politique organisée ; son instabilité morale, son penchant pour l’aventure permettent à la bourgeoisie de l’utiliser comme briseurs de grève, membres des bandes de pogrom ; etc.’’

 

II – SOMMES NOUS MANIPULES ?

 

Sommes nous manipulés? La réponse est affirmative. D’après I. RAMONET, dans son autre livre ‘’propagandes silencieuses’’ celui-ci montre comment se fabrique l’idéologie, comment se construit la silencieuse propagande qui vise à domestiquer les esprits, à violer les cerveaux et intoxiquer les cœurs.

 A l’aide d’exemples puisés dans la télévision et au cinéma, il nous explique les mécanismes et les procédés d’endoctrinement contemporain. Comment sans que nous nous en apercevions les nouveaux hypnotiseurs entrent par effraction dans notre pensée et y greffent des idées qui ne sont pas les nôtres !

Ainsi dans nos sociétés médiatiques, un enfant de quatre ans, avant même d’entrer à l’école, a déjà été soumis à quelques milliers d’heures de télévision et a gavé ses yeux de suggestions qui vont perdurer. Car toutes ces images : spots publicitaires, films catastrophes, scènes violentes… laissent des traces subliminales dont l’influence à la longue, peut déterminer les comportements.

La démocratie est en danger, le travail de sape dépossède le citoyen de tout pouvoir politique et le peuple de toute souveraineté. Les intérêts économiques des puissants et la passivité des esprits, nous entraîne à vivre et à penser comme des porcs, selon l’expression de Gilles CHATELET. Pour lui nous sommes passés de ‘’la chair à canon à la chair à consensus’’. On ajoutera, s’agissant des petits, que nous passons de ‘’l’enfant roi à l’enfant proie’’. Les libéraux n’ont-ils pas baptisé une de leurs émissions ‘’les enfants de la télé’’.

Pour parvenir à leurs fins, les libéraux de l’économie globale ont choisi la méthode douce, comme le consensus mou. Dormez braves gens on s’occupe de tout. Loin des rapports de domination brute à l’ancienne, le nouveau capitalisme met en place une chaîne invisible.

J’aime cette citation de Raoul VANEIGEM ‘’Le désordre permissif est pour les capitalistes d’aujourd’hui plus rentable que l’ordre moral d’hier’’.

En effet, le système est merveilleusement efficace, cette chaîne invisible est auto-entretenue par ceux qu’elle aliène. Les libéraux du XXI siècle ont réussi ce que LA BOETIE dénonçait déjà au 18 ème siècle, la servitude volontaire.

L’art de réduire les têtes comme dirait Dany-Robert DUFOUR est en marche. Pour lui, après l’enfer du nazisme et la terreur du communisme, il est possible qu’une nouvelle catastrophe se profile à l’horizon.

Cette fois c’est le néolibéralisme qui veut fabriquer à son tour un ‘’homme nouveau’’. Tous les changements en cours induisent des changements dans la vie des hommes, mais surtout dans la vie des jeunes générations qui vont se trouver face aux nouvelles façons de consommer, de s’informer, de s’éduquer, de travailler, et  plus généralement de vivre avec les autres.

 

Tout est bon pour pousser le citoyen vers la consommation. Désormais les scientifiques apportent leurs concours aux marchands, en décodant les rouages du cerveau humain, voici venir le neuromarketing. Le nazisme avait les médecins de la mort, les libéraux ont leurs neurobiologistes. Ces experts du cerveau vont les aider à décrypter les ficelles des décisions d’achat, et à trouver les moyens d’accroître l’efficacité des campagnes publicitaires. Ce mouvement est né bien évidemment aux Etats unis, et étend ses collaborations.

 

En France le psychologue Olivier KOENIG dirige à Lyon le laboratoire « Impact mémoire », pour selon lui ‘’définir, dynamiser, harmoniser les forces mémorielles d’un logo, d’un packaging, d’un message publicitaire, ou d’un média’’.

On retrouve entre autres clients de ce cabinet : Nestlé, SFR,…mais aussi le Monde, mais surtout le syndicat de la publicité télévisuelle, dont la présidente est Claude COHEN qui est aussi présidente de TF1 publicité. Ce cabinet a confirmé que 56 % des messages publicitaires s’incrustaient grâce à la télévision dans le cerveau des téléspectateurs.

‘’Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible’’ reconnaissait le bien nommé LELAY, PDG de TF1.

Et voilà, la boucle est bouclée. Ils sont vraiment redoutables ces libéraux économiques. Comme disait MIACHAVEL ‘’il vaut mieux utiliser la ruse du renard que la force du lion’’.

La télé, outil de manipulation, en ce lieu nous en sommes convaincus, mais dehors le drame continue. D’ailleurs une planche sur cette thématique serait bien utile. L’outil de manipulation est identifié, le système a besoin maintenant de sujets gobant ses informations. Ils les lui faut sans esprit critique, donc ignorants, possédant seulement les règles minimales pour recevoir.

 Plus les hommes sont futiles et écervelés, plus ils sont faciles à manipuler. Ajoutons à cela que la plupart des humains sont faibles au niveau des émotions. Voilà encore un ressort des puissants ; agir sur l’émotionnel. La première des émotions capable d’exercer un empire extraordinaire sur les humains est la peur. Les maintenir en permanence dans la peur sert à les rendre très influençables.

 

III - Quand le mythe devient la mite ou quand réel et virtuel se confondent dans DES cerveaux mités !

 

Les cerveaux faibles prendront pour vraies les informations diffusées. Ils vont confondre réel et virtuel. Ainsi tous les films à fort dosage d’effets spéciaux entraînant dans d’autres mondes, sont peuplés de personnes virtuelles. Ils racontent des histoires irréelles qui vont devenir mythiques, et peut être même mystiques . D’ailleurs, une lettre de plus ou de moins chez les illettrés, quelle importance. Là encore la boucle est bouclée : images virtuelles, images magiques. Le charme facile, l’émotionnel, et le pathos ont triomphé.

 

Il y a plus dangereux encore avec les jeux vidéos et surtout leurs dérivés en réseaux, car ils immergent la chair à écrans, dans des mondes de la virtualité. Ils font communiquer avec des personnages virtuels, bousculant ainsi la relation au monde, aux signes et aux savoirs, et particulièrement à la raison.

Dans un récent article du Monde ‘’Drogués aux jeux virtuels’’, le chef su service de psychiatrie de l’hôpital de Marmotan, montre comment chez les 16-25 ans les univers parallèles fonctionnant en continu sur Internet, peuvent provoquer des addictions graves, et une vraie rupture avec le réel.

On trouvera ici le lien entre le mythe et la mite puisque bien des jeux vidéos ou jeux de rôles, font appel aux mythes des grandes batailles ou aux légendes. L’irrationnel a triomphé.

Voilà le vrai pouvoir de l’image. L’image a un contenu informationnel plus fort et plus riche que le texte. L’image est le processus de communication le plus fort et le plus chargé d’émotion. L’image peut être interprétée par tout le monde, pour toutes les couches de la population, alors que le texte passe par des filtres, tels le livre, le journal, les revues…et par l’intelligence.

 

Mais quel lien entre ces lignes et la Franc-Maçonnerie ?

 

Le lien majeur c’est la lutte entre la recherche du sens de la vie, et l’abandon de cette quête à des marchands de bonheur, à des bonimenteurs, aux dominants. Dans la vie pour paraphraser KANT, ‘’il y a la philosophie, et il y l’art de philosopher…’’  En Maçonnerie il y a la maçonnerie, et il y a l’art d’être en Maçon’’

 

La philosophie et la Maçonnerie ne s’adressent pas aux contemplatifs. Il est question avec elles de la condition humaine, tout ce qui est humain ne peut nous être étranger. La Maçonnerie invite régulièrement la philosophie lors de ses travaux, en qualité d’expert ou de grand témoin lors de notre quête. C’est là que la mythologie et ses mythes fondateurs nous aident à comprendre et à progresser.

 

Comprendre d’abord notre environnement, comprendre que la FRanc-Maçonnerie vit et avance dans son époque, dans une société faite d’êtres humains avec leurs qualités et leurs défauts, avec les puissants et les exclus, une société qui évolue, qui régresse, qui déconstruit et qui construit…

 Mais certains Frères et  certaines Soeurs ne voulant pas voir cette réalité dérangeante sous leurs yeux, sur les trottoirs de la ville, prétextant le confort du mythe fondateur du temple de SALOMON,  s’y enferment, et nous  parlent des bords du Nil, ou dissertent pour connaître la pièce du palais  où se trouvait le pavé mosaïque ?

Pour savoir si les colonnes étaient à l’intérieur ou à l’extérieur du Temple ? Si elles répondaient  lorsqu’on les appelaient J ou B ? Ces Maçons là pratiquent une Maçonneire respectable, mais ils s’écartent de leur engagement  ‘’ils répandront à…’’. Ceux là, et celles là, sont aussi mes Frères et mes Soeurs mais la mite avec eux, a commencé son travail de destruction.

En notre noble institution, à la différence de la société du dehors, nous avons notre constitution, nos rituels, nos codes. Tout cela nous rassemble, rassure certain(e)s, mais nous permet toujours de travailler dans la sérénité, condition majeure pour l’épanouissement. Nous avons là nos repères.

 

Le lien avec les lignes précédentes est qu’ici aussi, les dominants voudraient entrer, peut être sont- ils déjà là ? Mais ils voudraient surtout imposer leur point de vue, leurs pratiques de monde profane, et en particulier la manipulation. Ils voudraient dé symboliser, pour reprendre l’expression de Dany Robert DUFOUR, pour re-symboliser c’est à dire installer leurs propres mythes… grâce à la mite.

 

Des faisceaux d’indices, comme diraient les juristes fourmillent déjà. Ainsi il y va des valeurs dominantes comme la béate tolérance, très tendance en L.°.. Au nom de laquelle on voudrait comme l’écrivait notre F.°. D.BEREZNIAK, faire vivre ensemble Galilée et son inquisiteur.

La mission d’un Franc-Maçon n’est pas de tolérer mais de dire Non à toute domination d’un être humain par un autre. Et comme si la tolérance ne suffisait pas aux idéologues de la manipulation, ils ont introduit dans nos Ateliers  la compassion, j’ai même entendu dans un Tenue du Grand Orient parler de miséricorde. Anderson reviens, ils sont devenus fous !

Autre indice venu de l’extérieur, le formatage des prises de parole, toutes les     argumentations seraient équivalentes, quelles soient étayées par des références, ou qu’elles reprennent des brèves de comptoir, tout serait égal, au nom du consensus mou. Eh bien non, s’il est du devoir de tout Maçon de prendre la parole, il n’a jamais été du devoir de tout Maçon de dire n ‘importe quoi.

L’esprit critique, est une ardente obligation en nos Loges. Sinon la parabole de l’ordinateur citée par J.P BRIGELLI dans son livre, la fabrique du crétin, pourrait bien s’appliquer à nos mythes qui deviendraient des mites, comme j’essaie de le montrer dans cette planche. Voilà ce qu’il dit ‘’ Un ordinateur est un outil incomparable entre les mains de celui qui sait. Sous les doigts du crétin, c’est un revolver manié par un aveugle au milieu de la foule.’’

 

Un peuple sans culture absorbera tous les prêts à penser que le marché voudra leur faire avaler. Répudiez SOCRATE et SPINOZA, il restera toujours les scientologues. Un Frère ou une Soeur abandonné au maquis de nos mythes et symboles, qui expliquent l’inexplicable, pourrait être ébloui par les belles histoires à endormir les petits Maçons et les conduire au pays magique, où tout est diffus, toute hiérarchie des valeurs abandonnée, c’est un pays atone où domine le ‘’nihilisme fatigué’’ Nietzschéen.

 

La Maçonnerie est tout autre chose, c’est l ‘école de l’éveil, du combat, du travail, de la recherche du sens. La dé-symbolisation en verrouillant ce qui commande l’accès au sens est un outil de domination.

DUFOUR montre dans son ouvrage déjà cité comment le néolibéralisme, contrairement aux systèmes de domination antérieurs qui fonctionnaient avec la répression institutionnelle, pratique la désinstitutionalisation. C’est à dire qu’il est en train d’imposer une façon beaucoup moins contraignante d’assurer sa fortune. Il n’a plus besoin de produire des sujets soumis, en cassant les institutions, il met fin à la domination institutionnelle des individus.

Ceux-ci se croyant libérés deviennent souples, précaires, mouvants, ouverts à toutes les modes du marché. Ils vont ainsi participer à la grande duperie de ‘’la libre circulation’’.

Le nouveau capitalisme a bien compris tout l’intérêt à proclamer l’autonomie de chacun, basée sur l’extension indéfinie de la tolérance dans tous les domaines. La désinstitutionnalisation a besoin de ‘’moins d’Etat’’, mais surtout de moins de tout ce qui pourrait entraver. La dé-symbolisation absolue c’est quand il n’y a plus de quête de sens. L’extension de la tolérance, prônée trop souvent des nos Loges sans réflexion, sans recherche du sens, constitue une très mauvaise solution.

 

Ne pas vouloir regarder ce qui est en jeu avec la nouvelle logique des libéraux, relève de l’aveuglement. Pour ne pas voir, les refuges existent, il suffit de rejoindre la compassion misérabiliste éthiquement et politiquement correcte. Phénomène  très en vogue chez les bobos de la social-démocratie d’obédience libertaire, de plus en plus influents dans la Franc-Maçonnerie en général.

Dans nos Ateliers le commerce équitable devient une référence de développement, alors qu’il ne fait que se cantonner sur un petit marché, un petit nombre d’exploitants, à petits rendements, à petits salaires, occupés à vivre petitement, pendant que le grand marché prospère avec ses bénéfices colossaux. Mais cela s’inscrit dans  la compassion maconiquement correcte, dire le contraire serait faire preuve d’intolérance. Et pendant ce temps là dans nos Ateliers, on lit Da Vinci code, on pense Da Vinci code.

La mite a bien travaillé, elle a aussi investi le mythe de l’égalité, qui est devenu celui de l’équité. Combien de Franc-Maçons,  véhiculent ce terme.  Equité c’est beau, cela fait moderne, cela sonne bien, mais ce n’est pas de l’égalité. Idem pour la Laïcité  vénérée en Loge, oubliée dès les parvis. Idem de l’égalité homme/femme, comment des Frères, peuvent-ils continuer à ignorer cette évidence ?

 

Ne copions pas les travers du monde profane, le politiquement correct qui conduit les imbéciles à applaudir la grève de la faim d’un député. Alors que ce dernier s’est abandonné à des pratiques indignes d’un représentant du peuple créant un tort immense à la démocratie. Parfois dans nos Temples de la raison certains confondent humanitaire et humanité. Cet humanitaire ‘’ moyen de la lâcheté et du renoncement’’ comme dit Rony Brauman, longtemps Président de MSF.

 

Attention, la mite a déjà préparé une nouvelle triple acclamation pour la fin des travaux : laisser-aller, équité, charité… Que sont devenus nos symboles, de l’équerre et du compas, de la truelle et de la corde à nœuds…et de tous les autres ? 

Une fois encore cette planche n’a pas pour volonté de dire le bien ou le mal, elle est écrite dans l’intérêt de la Maçonnerie en général ; elle a pour objectif majeur de dire le questionnement  d’un Frère qui pense que la finalité de nos travaux envisage  toujours  une humanité meilleure et plus éclairée ?

 Avec ces lignes, j’ai fait miens les mots de René Char ‘’ Ce qui vient au monde pour ne rien troubler, ne mérite ni égards, ni patience…’’. Mais actuellement la dérive consumériste atteint nos Ateliers, d’ailleurs certain(e)s fréquentent les Loges comme ils vont au spectacle, sélectionnant le programme  à voir, et à s’entendre comme chantait le grand B.VIAN. Et nous revoilà avec la force de l’image, géniale et dramatique alliée de la mite. Rappelons cette formule J L GODARD ‘’ ceci n’est pas une image juste, c’est juste une image ’’.

 

Revenons aux fondamentaux, l’initiation à la pratique symbolique, la nôtre comme celle de l’homme en général, vient du texte. L’image est seconde. Tel devrait être le rôle des contes, légendes, ou mythes. Le primat du texte n’est pas contestable.

 

 ‘’L’homme est comme le lapin, il s’attrape par les oreilles’’ disait MIRABEAU. Ainsi, l’audition d’un conteur ou la lecture d’un roman, déclenchent une activité psychique au cours de laquelle l’auditeur ou le lecteur crée des images mentales dont il devient en quelque sorte le premier spectateur. C’est à partir du texte que le conteur fait voyager l’auditeur, le lecteur de roman imagine quelque chose du monde créé par l’auteur.

La fonction symbolique fonctionne ainsi, elle s’acquière aussi par le truchement du discours. Le don de parole se transmet de génération en génération, cette éducation est d’abord parentale, mais d’autres écoles existent, la Franc-Maçonnerie en est une. L’aptitude à parler, ou plutôt à dire notre idée, ce bien humain précieux, les libéraux, les libertaires, et les médias sont en train de violemment le mettre en péril. En particulier par le dressage à la consommation dont nous avons déjà parlé, relayé par leur allié, la télévision.

Une étude épidémiologique citée par DUFOUR montre que les élèves les mieux notés regardent la télé moins de 50 minutes par jour. Pour les autres les signes de domination sont proportionnels au temps passé devant le poste : pertes de mémoire, difficultés de concentration, agitation, nervosité, agressivité, insomnies…

 

IV - Lorsque le mythe est devenu la mite.

 

A l’issue de cette planche je me pose toujours des questions, n’ai je pas imaginé, mythifié, la Franc-Maçonnerie ? 

N’ai je pas rêvé du mythique Frère né avec les Lumières luttant pour l’indépendance des peuples, abolissant l’esclavage, écrivant la musique universelle ? 

Aujourd’hui la Franc-Maçonnerie n’est elle pas le reflet de son temps, inquiète, déboussolée, perdue dans un environnement beaucoup moins perméable que jadis, face à un ennemi plus redoutable car moins visible. ?

Pourquoi le Franc-Maçon consommateur a pris le pas sur le Franc-Maçon citoyen cher au cœur de nos Frères hier ?

Pourquoi  la Maçonnerie d’aujourd’hui regarde passivement le jeu du tout s’achète au prix fort, même si on nous dit que tout se vaut ? Serait ce parce que la  mite paie en dollars ?

Pourquoi Dan Brown est plus connu dans les Loges que le nom des  Frères et Soeurs qui illustrent les mots de semestre ? 

Pourquoi, trop souvent les échanges dans nos Ateliers, entre les vieux contremaîtres et les jeunes compagnons se résument à des questions de rappel au règlement ?

 

A vous mes Soeurs et Frères qui venez vers nous, avec les outils que les Maçons vous transmettront, vous irez répandre les connaissances acquises, soyez attentifs pour être des éducateurs demain. L’éducation et l’accompagnement Maçon restent d’ardentes obligations, aujourd’hui plus qu’hier. 

 

Mes Frères et Soeurs, l’heure du repos n’est pas encore arrivée. Dehors le virtuel n’a pas d’horaire, il danse avec la mite un long et mortel tango. La mite a tout le temps pour gagner.

Mythologie, contes, légendes et symbolique vont continuer à élever les têtes bien faites et manipuler les cerveaux malades. L’actualité nous le montre chaque jour. Un exemple ? Où est la provocation ? La caricature d’un prophète? Ou la caricature de la jeunesse consommatrice inconsciente, déguisée par les marques qui l’exploite : casquette au crocodile sur un crâne rasé, gilet digne de la combinaison publicitaire d’un coureur automobile, pantalon trop court ou trop long, selon la météo des consommateurs, chaussures issues des pays où les enfants sont habillés en travailleurs pauvres. ?

Comme il avait raison le vieux chinois ‘’ Quand un seul chien se met à aboyer à une ombre, dix mille chiens en font une réalité’’. Au temps du CHE triomphant le slogan disait ‘’libérer les hommes, faire naître l’homme nouveau’’. Aujourd’hui l’étoile rouge du mythique Commandante , nous dit  ‘’libérez l’homme, c’est libéraliser l’économie’’.

 

A constater cette perfection du système dominant, peut être devrions nous relire la vison désabusée du monde de CIORAN. ‘’Le peuple bâtissait des cathédrales ; émancipé, il ne construit que des malheurs.

Cette désacralisation de l’humain, que j’ai essayé de monter dans cette planche, cette négation du sexe, de l’âge, du passé, des rêves et des projets, en un mot ce mépris de la dignité humaine passe par les mots du vocabulaire usuel.

Il existe toute une batterie de mots ‘’neutres’’ pour masquer la réalité. Ainsi ‘’dégraisser’’ lorsqu’il s’agit de licenciements collectifs. Un mot de teinturier pour faire oublier que ce dégraissage plonge des familles entières dans l’angoisse. La guerre avance aussi avec ses mots dont la banalité est là pour masquer la cruauté. Le ‘’nettoyage’’, le ‘’ratissage’’, pour éviter de parler de destruction des villages, et le ‘’regroupement’’ dans des camps, sont des termes qui n’émeuvent plus personne. Il y a aussi ‘’finir le travail’’, c’est à dire écrabouiller encore plus de maisons et jeter dans l’exode encore plus d’êtres humains, sans que l’artilleur ou l’aviateur ne sachent qui ils tuent. Dernièrement Tsahal passait ‘’la vitesse supérieure’’, en clair on passait de 30 à 70 civils libanais tués par jour. Il y a eu pire encore, à Tréblinka, Auswitch, ou Sobibor, les bourreaux ne parlaient plus d’hommes, ni de femmes, ni d’enfants, mais de ‘’pièce’’, Le mot ‘’stÜck’’ servait à comptabiliser, il fallait mille pièces pour un convoi. 

 

 

Malgré tout, ma qualité de Franc-Maçon m’invite à rester avec CONDORCET et la perfectibilité de l’humain. Restons donc sur un avenir encore un peu optimiste. Rappelons nous que le mot « mythe » vient d’un mot grec qui signifie parole, et belle histoire. Ces extraordinaires ‘’belles histoires’’ sont très nombreuses, elles sont interprétées à la manière de chacun. Voilà un point commun avec nos symboles, cette capacité à dépasser la seule imagerie première. Il en est un second, c’est leur caractère universel. Et n’oublions jamais le rôle fondamental joué par la mythologie dans les domaines des arts, de la littérature, de la peinture, de la sculpture….

 

V - CONCLUSION

 

Mes Frères et mes Soeurs, à l’heure de la finitude, je voudrais proposer deux clôtures, la première sera mitée, je prendrais le tapis volant de 22 heures, destination la forêt de Brocelliande, avec maître IODA, les 3 petits cochons, la belle au bois dormant, pif le chien, et des milliers d’autres miteux… Mais il y aurait aussi un architecte prétentieux labellisé univers, et un certain SYSIPHE avec son rocher…Là tout serait mélangé, tout se vaudrait, comme dans la vraie vie, comme diraient les guignols de l’info. Ce pourrait être le début d’un beau roman, d’une belle histoire, ou plus simplement d’un mythe.

 

Dans la seconde version je vous dis que tout ce que je viens de partager avec vous n’est que l’histoire du monde des humains, un monde changeant, insaisissable, soumis aux modes et à ce qui viendra bientôt les démoder, battant selon son rythme, dont la frénésie abolit le tempo fixé la veille.

Il est comme une sarabande folle qui interdit la pause ou le repère, où les humains peinent à se définir, à établir un socle durable de ce qui serait leur identité, à être eux-mêmes sans se perdre. Pourtant, nous faisons dans nos Ateliers le pari que la diversité oblige au libre arbitre. Surtout nous faisons le pari ici que c’est précisément parce qu’il est tourbillonnant et instable que le monde des humains, nous invite à l’exigence, à l’excellence, à exercer l’esprit critique, à douter, à chercher, à comprendre… Même si dans les temps actuels il est difficile de dire, de vivre avec du sens, de ne pas suivre la meute, d’avoir mauvaise réputation comme chantait BRASSENS. Mais notre engagement en Franc-Maçonnerie, est là aussi, avoir des ‘’coups de gueule’’ pour la cité, n’est il pas un signe de bonne santé ?

Mes Soeurs mes Frères ne soyons pas mystiques, ne soyons pas mités, ne soyons pas minables, soyons dignes des Temples de la raison. Soyons mirobolants, combattons les missels et autres misandres chargés d’arthropodes et de teignes, avec nos missiles et nos missives chargés d’argumentaires justes et parfaits. Soyons des militants de la Raison Directe ; soyons les derniers guérilleros…A l’aube démocrate, combattons les paroles d’évangiles qui font plier les imbéciles, ne tolérons pas béatement, même si les interstices d’intervention sont de plus en plus dures à trouver, n’oublions jamais de répandre à l ‘extérieur les connaissances acquises… 

 

J’ai dit

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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 22:18

 

 

Plan historique : origine

 

Recadrage historique

 

C’est vers l’an 1.000 qu’un mouvement vers le retour aux idéaux de l’Evangile commença à prendre forme.

La remise en ordre du monde Chrétien fut entreprise par le pape Grégoire VII en 1080.

 L'objectif proclamé de la réforme grégorienne fut de rétablir la discipline et de corriger les mœurs des clercs afin de mieux encadrer la société laïque et de faire davantage pénétrer dans les esprits et dans les âmes les obligations de vie découlant du dogme chrétien. Pratiquement, il s'agissait de mettre en place un meilleur épiscopat, grâce auquel le recrutement des prêtres et le contrôle de leur activité seraient améliorés, ce qui, finalement, devait être profitable à la santé morale de tous les fidèles

 

Ainsi l’Eglise était une autorité supérieure, ayant le pouvoir d’ingérence dans le fonctionnement des Etats. Rappelons cet épisode fameux de  l’Empereur Henri IV germanique s’humiliant pendant trois jours pieds nus et en costume de pénitent à Canossa pour sauver sa couronne en 1077.

Ce renouveau du monde chrétien s’amplifia lorsque le 27 novembre 1095, au concile de Clermont, le pape Urbain II lança son appel à la première croisade après que Pierre l’Ermite lui ait rapporté le sort des chrétiens en Terre Sainte.

Délivrer la Terre Sainte, reconquérir l’Espagne sur les Maures, éliminer tout ce qui pouvait nuire au monde Chrétien et à ses dogmes furent les objectifs principaux de cette période.

Corrélativement on vit apparaître des Ordres religieux nouveaux comme les Chartreux, les Cisterciens et plus tard les ordres mendiants comme les Dominicains et François d’Assise, car on s’était rendu compte que les prélats étaient peu convaincants avec leur richesse étalée au grand jour.

Pour protéger tous ces chrétiens en marche l’Ordre Chevaleresque des Templiers fut créé le 27 décembre 1118 par 9 chevaliers à Jérusalem.

Ainsi toute une structure pour développer et protéger le monde Chrétien fut petit à petit mise sur pied.

 

L’objectif étant d’éliminer tout ennemi, il s’ensuivit un monde de persécution, avec la plus grande épuration et folie meurtrière n’ayant jamais existées autour de la foi.

Les bogomiles, les juifs, les lépreux, les sorcières, les homosexuels, tout y passa.

Est hérétique et menée au bûcher toute personne ne se pliant pas aux dogmes de l’Eglise Romaine.

La crainte certaine de l’Eglise Romaine de voir se développer des courants religieux pouvant nuire à sa puissance fut une des raisons fondamentales.

Cette contestation couvait déjà depuis un siècle et ne cessait de s’étendre dans l’Europe entière par des différents courants :

 

1-Première phase :


Tout d’abord une simple critique et une contestation de l’Eglise Dominante. Cette attitude préfigurera  la position des Cathares un siècle plus tard.

Cette contestation  se traduira par les premiers bûchers médiévaux. Ainsi en 1022 à Orléans, 1025 à Turin, 1135 Liège,

On rentre ainsi à cette période dans un cycle « contestation-répression » et comme une traînée de poudre il y eut de violentes campagnes de répression en Europe (1135-1167), en  Grèce Bulgarie Asie mineure Bosnie.

 

En 1143 le procès de Cologne inaugura les premiers bûchers Cathares. C’est  le Chanoine de Bonn qui emploiera pour la première fois le nom de Cathare et les définit comme disciples de Manès (on verra que cette accusation est fausse, car leur dualisme n’est pas le même que celui des Manichéens.)

En 1163 au Concile de Tours le pape Alexandre III  exprime les premières condamnations du dogme des Cathares

 

2- Deuxième phase : extension de la contestation et commencement d’une organisation en France.

 

En  France le système politique de seigneuries décentralisées et un clergé local peu agressif permit une implantation facile de cette contestation. Les seigneurs locaux et leurs familles participent même à cette extension.

 

Ainsi en 1145 Bernard de Clairvaux est publiquement chahuté dans le sud de la France lors de débats publics et constate que des communautés résident publiquement en maisons d’hommes et de femmes avec aide de la noblesse locale.

Les Cathares ne se gênent pas d’utiliser l’ironie et de se mettre les rieurs de leurs côté pendant les débats publiques.

 

En 1165 L’évêque d’Albi veut leur faire préciser leurs dogmes.

Sous la protection des seigneurs locaux des hommes et des femmes défendent  publiquement et librement leurs positions devant les prélats du pape. On les appela les Albigeois.

 

3- Troisième phase : Mise en oeuvre d’une véritable Eglise constituée, une contre église Romaine, et le début de la répression en France.

 

En 1167 à St Félix en Lauragais se déroule une assemblée générale des organisations existantes (un concile en fait) avec constitution de 6 secteurs avec des évêques  désignés pour gérer leur secteur.

 

1181 Premières répressions sans succès à Lavaur, massacre même.

 

L’élection en 1198 du pape Innocent III fut le début de leurs difficultés et de leur éradication.

En effet  ce jeune Pape a plein d’ambition. Il deviendra d’ailleurs le  plus grand pape du Moyen Age.  Jeune et énergétique il veut que l’autorité du pape soit supérieure aux empereurs et aux rois et il se considère comme le représentant de Dieu sur Terre. Il manie l’excommunication avec aisance. C’est lui qui lança les premières croisades contre les Cathares

 

Et comment les appelle-t-on justement ces Cathares ?

 

On fit un amalgame de tout, en fonction des faits historiques.

Pour les « Cathares » : mot employé pour la première fois au procès de Cologne en 1160 voulant dire Ketzer, katze, chat diabolique. Mais ce mot fut peu employé à l’époque et ce sont les historiens et l’ésotérisme qui ont mis ce mot à la mode. Appelons-les comme ceci pour plus de facilité dans l’exposé.

 

Les Albigeois : suite au débat public à Albi en 1165.

 

Les hérétiques : pour favoriser leur mise à mort, étant hérétique toute personne remettant en cause les dogmes de l’ Eglise Romaine.

 

Les parfaits : suite aux débats contradictoires «  vous êtes des parfaits », pour les ridiculiser face à leur prétention d’être les seuls à  être les justes représentants de Dieu.

 

Les manichéens : disciple d’un iranien Mani, prônant une dualité du monde réparti entre le Bien et le Mal. Mais on verra que cette appellation est peu justifiée, mais bien commode pour les accuser d’hérésie.

 

Les patarins ; au début, des Milanais en Italie voulant une réforme du clergé. Les cathares ayant les mêmes objectifs furent assimilés à cette dénomination qui devint un peu plus tard synonyme d’hérétique.

 

Les bogomiles : les frères grecs des cathares, se disaient christopolitain (citoyen du Christ).

 

Mais jamais les intéressés n’utiliseront ces mots plutôt créés  pour les desservir. Ils se disaient tout simplement les Chrétiens, les apôtres ou les pauvres du Christ. Leurs fidèles les appelaient respectueusement les Bons Chrétiens, les Bons Hommes ou les Bonnes Femmes.

Ils sont des intellectuels de leur temps, analysant la présence du mal sur la Terre et le rôle de Satan.

« Ils parlent comme des philosophes et se conduisent comme des saints » disait-on. Ils se définissaient comme « Ceux qui ne font de mal à rien ».

 

 

Organisation religieuse des Cathares

 

Ce sont des communautés religieuses mixtes et hiérarchisées, organisées en Eglise, groupées autour d’un évêque, avec des diacres qui ont des secteurs, qui baptisent et font de la prédication.

On assiste donc à une véritable organisation, avec des groupes religieux locaux structurés. C’est une véritable Eglise avec corpus de pratiques, une Bible adaptée à leurs croyances, des  rites simplifiés  mais très ritualisés avec saluts, prières, repas rituels.

 

A la base on trouve

     - les « auditeurs », les fidèles,vie civile normale.

Puis

     - les croyants, les novices, qui ont droit à une vie conjugale néanmoins.

   Enfin

     -  les religieux, dits élus ou chrétiens ( les bons hommes, les bons chrétiens). Ils ont le pouvoir sacerdotal, font le baptême par imposition des mains (le consolament) car ils ont eux-mêmes reçus l’ESPRIT.

Ils disent assumer l’héritage apostolique jusqu’à la fin du monde.

Celui qui reçoit ce baptême devient lui-même un élu et a la possibilité de baptiser (ce qui expliquera l’obligation de les tuer jusqu’au dernier), fait de la prédication, enseigne les principes de leur religion, interprète  et explique la Bible (le Nouveau Testament) se dit en filiation aux apôtres et transmet cette filiation  par des « fils majeur, fils mineur ».

Les femmes peuvent aussi être élues et conférer le baptême par imposition des mains, elles ont une place égale dans l’organisation du Système

Elles ont un rôle très important, ce qui justifiera d’autant plus l’attaque de l’Eglise Romaine qui ,elle, est profondément misogyne.

 

Tous portent un habit religieux noir, se comportent comme des prêtres et se considèrent comme des apôtres.

 

 

Organisation civile

 

Apparaissent des groupe religieux locaux,  structurés et publics.

Ils vivent dans un castrum, un habitat groupé et fortifié, ou dans des maisons communautaires dans les villages, avec hommes et femmes quelquefois séparés, un ancien à la tête pour les hommes, une supérieure pour les femmes, ont un compagnon ou une compagne rituelle minimal (le sosi et la socia).

Ils vivent ensemble avec prières en commun, repas en commun, et font des vœux d’essence monastique : pauvreté, chasteté, obéissance, et suprême engagement le vœu d’aller jusqu’au martyr.

Ils travaillent et font de l’artisanat pour vivre.

Mêlés au peuple chrétien, ils cohabitent avec tout le monde et respectent les autres religions, même quand ils sont majoritaires. Leur comportement est un exemple pour les autres.

On salue les Bons Chrétiens (les élus) dans la rue, même on se prosterne ,  avec en suite le triple baisers de paix (2 sur la joue, un sur la bouche).

Ils reçoivent les pauvres, les malades, et gèrent des hospices.

 

Les rites et règles de vie

 

Ne pas tuer : même un animal donc aucune viande à manger et donc aucune violence. Ils ne se battront jamais  et ne pas portent pas d’arme pour se défendre. C’est la non violence absolue comme le Christ. Celui qui se bat est aussitôt exclu.

A ce propos rappelons que «  les châteaux cathares » est une expression fausse. En effet les Cathares s’y réfugiaient mais ne participaient pas à leur défense. Ce sont les nobles locaux, qui dépossédés de leurs biens par les Croisés, on les appelait les faydits, se battaient. Ils étaient paradoxalement de fidèles chrétiens qui se battaient  pour défendre leur pays de l’invasion des Barons du Nord

 

Ne pas se livrer à la souillure charnelle (pour les élus), pas de baisers entre hommes et femmes (hormis le couple), abstinence, rejet de la reproduction sexuée.

Ne pas voler.

Ne pas mentir, un principe qui leur sera fatal pendant l’Inquisition car pour gagner leur salut ils étaient obligé de tout dévoiler. Pas besoin de torture pour les faire avouer. Malgré cela l’Inquisition ne se gênera pas.

Ne pas jurer et ne pas blasphémer.

Ne pas juger, car la vraie justice c’est le pardon. Ils iront jusqu’à pardonner ceux-là même qui leur font du mal.

Jeûner un jour sur deux (pain et eau).

Ne rien posséder, comme le Christ. Ils délaissent donc tous les biens du monde.

 

Leur engagement se concrétise par le consolament ou le sacrement du salut

Seul sacrement d’un cathare pour toute sa vie. Il fait office de baptême, de confirmation et d’absolution avant la mort.

Ce sacrement vient des apôtres et de Jésus Christ lui-même, et a le pouvoir de vertu et de purification des pêcheurs. Baptême de pénitence, baptême du St Esprit qui représente le geste salvateur qui libère du mal et sauve les âmes.

Il représente la Vraie lumière divine et le Saint Esprit.

Ce Consolament se reçoit lors d’une cérémonie publique, à la façon de J.C par imposition des mains, et non à la façon Romaine par l’eau.

 

C’est un engagement personnel pour celui qui le reçoit, engagement d’aller jusqu’au martyr, et l’ engagement formel de faire le Bien.

Un engagement personnel définitif et absolu, la moindre déviance et c’est la fin, notamment en ne suivant pas les rites et les principes énoncés auparavant.

Celui qui s’y engage reconnaît appartenir au Christ, ne pas dépendre de ce monde ni de son prince. Aller à la mort est presque l’assurance du salut.

Les enfants ne sont pas baptisés, car il faut être volontaire et conscient.

 

Voyons maintenant les principes de leur religion

 

De l’entendement du BIEN ou la théorie philosophique

 

Il existe un véritable enseignement religieux fondé sur une exégèse approfondie des Ecritures. Le Catharisme est une hérésie savante.

La complexité de la théologie cathare requiert un effort pour l’assimiler. La catéchèse de base doit être poursuivie d’ailleurs en séminaire pour les novices.

 

 

Critiques de l’Eglise Romaine par les cathares

 

Ce n’est pas l’Eglise Romaine qui est légitime pour transmettre le message de Dieu. Seuls les « Bons hommes » sont dans la vérité et la justice.

L’Eglise Romaine est persécutrice, c’est une fausse église et elle n’est pas justice, puisqu’elle est violente et s’impose par la force.

L’Eglise Romaine est riche et ne soulage pas les hommes.  Même les moines sont critiquables car ce qu’ils ne possèdent pas en propre ils le possèdent en commun. Le luxe des prêtres est difficile à supporter.

L’Eglise Romaine se mêle de commander même aux rois (Excommunication), ce n’est pas son rôle.

L’Eglise Romaine tue au nom du Christ, ce qui est inacceptable. Massacres, croisades contre les infidèles qui se continuera par les massacre des cathares, répression des juifs, ces meurtres ne peuvent être au nom du Christ.

L’Eglise Romaine justifie ses fondements par le mensonge.

 

Leur argumentation

 

Ils sont les représentants de la légitime Eglise du Christ, une Vrai Eglise qui ne trompe, ni ne ment, ni ne tue au nom de Dieu.

Ils prônent le retour à l’Eglise primitive, religion dite du Livre.

Ils ont une légitime filiation avec l’Eglise du Christ et des apôtres, imitent le Christ dans son attitude, sa pauvreté et son détachement du monde.

Il faut suivre la Bible, les Evangiles et le Nouveau testament. C’est SATAN qui a créé l’Eglise romaine et ses textes, d’ou une Bible cathare avec la propre lecture des textes sacrés.

Ils affirment que la haine qu’on leur voue est bien la marque de la justesse de leur cause, le martyr et la persécution légitiment leur lignée.

 

Dieu n’a pas de représentation physique sur la Terre, il est aux Cieux et n’a pas de dessein en ce monde terrestre.

 

Dieu ne peut donc être représenté, sauf par le lys représentant la pureté et le poisson (car se reproduit sans accouplement), un peu comme l’islam.

Donc tout ce qui peut rappeler une représentation physique de Dieu est à rejeter.

Une église ne peut abriter Dieu, car Dieu ne peut être dans un lieu construit par l’homme, il serait emprisonné. Les églises sont donc inutiles, le sacrement de l’autel une mascarade,et  la consécration du corps et du sang dans l’hostie et le vin est de la pure magie !

La messe et l’eucharistie sont du théâtre. Comment un curé pourrait tenir Dieu dans ses mains, et comment Dieu accepterait de se laisser manger et d’être mis dans un endroit aussi honteux que la bouche.

Les chants, les autels, les icônes, les cloches, les chants, les ornements, les habits, tout est rejeté.

A certains moments les Cathares passeront même de la critique à la raillerie.

Les pèlerinages, les processions sont des superstitions car Dieu n’est pas spécialement présent quelque part.

La Croix : comment peux-t-on adorer un instrument de torture. Les miracles sont de la fumisterie, car il n’y a pas d’intervention divine dans ce monde.

Comment peut-on s’entretuer, comme dans les combats entre croisés et musulmans au nom du même Dieu.

Ce n’est pas Dieu qui fait les belles récoltes, mais le fumier qu’on met dans la terre.

Le signe de la Croix est utile pour chasser les mouches ou désigner son corps voici mon front, ma barbe, une oreille.

Le goupillon est utile car il rafraîchit.

Les idoles sont à jeter. Les Eglises sont des maisons pour des idoles, et ceux qui adorent des idoles sont des sots.

Le baptême des enfants : l’enfant n’est pas assez conscient de cet engagement important, l’eau c’est de la blague, le parrain s’engage à sa place c’est risible

Christ n’est pas né de la Vierge, n’a pas souffert pour les Hommes, n’est pas mort, n’est pas ressuscité. Marie  n’est qu’une femme de chair , un Dieu ne peut naître d’un utérus

Eve est une libidineuse.

 

 

Théorie Cathare sur Dieu et les Eglises  Sont-ils manichéens donc hérétiques?

 

L’existence d’une véritable Bible cathare est prouvé  car on en a trouvé des exemplaires malgré les autodafés inquisitoriaux. Ca ne vous rappelle rien ?

Et dans ces Bibles on trouvera les mêmes références mais pas vues de la même façon.

 

Interprétation des termes de la Bible au profit de leur théorie 

 

Le meilleur exemple est l’interprétation du Pater, seule prière d’ailleurs à être faite par les croyants. D’ailleurs pour eux seuls les chrétiens baptisés peuvent s’adresser à Dieu directement.

« Notre père qui êtes aux Cieux »-  pour le distinguer de ce monde mauvais où il ne peut être.

« Que ton règne arrive » - pour se débarrasser de cette mauvaise terre.

« Donne nous aujourd’hui notre pain supra substantiel » (au dessus de la matière) et non notre pain quotidien, pain de la corruption de l’Eglise Romaine

« Délivre nous du mal » - certitude que le monde actuel est mauvais.

 

Différence dans le rôle et la nature du Christ


-       pour Rome le Christ est fait homme, venu ici bas pour souffrir et mourir de sa chair pour la rémission du péché originel, création unique, avec éternité de  récompense et éternité de punition.

-   pour les cathares : il n’y a pas de péché originel. Le christ est un messager qui transmet au monde le baptême de pénitence pour le salut éternel des âmes. En quoi sa mort et sa souffrance sont utiles ? Sa mort est inadmissible. Dieu abandonne son fils et l’expédie à l’abattoir. La croix ne peut être acceptée par Dieu, instrument de supplice.  La passion du Christ a existé mais elle est la conséquence de sa mort et non la raison d’être de sa mission terrestre

Sa mort est l’œuvre de Satan, mais le Christ ne souffrit et ne mourut qu’en apparence car le Christ ne s’est pas incarné réellement car c’est un être divin, fils envoyé du Père.

 

Leur dualisme est simplement chrétien et non manichéen

 

Ils ne pensent pas qu’il y a un Dieu bon et un autre mauvais, comme les disciples de Mani, mais qu’il y a une vraie Eglise de Dieu qui est toute Bonté et qui n’appartient pas à ce monde, et une Eglise de ce monde, l’Eglise Romaine, qui a pactisé avec ce monde au point d’accumuler des Richesses et rechercher le Pouvoir (par exemple le Pape Innocent III qui se targe de mettre et de démettre les rois).

  Les cathares se disent « ne pas être de ce monde », (et si le corps est une prison terrestre qu’on le brûle car le corps n’est rien, les corps sont les prisons charnelles des âmes) comme le Royaume de Dieu., car ce monde a haï et persécuté Jésus et ses apôtres.

Dieu ne peut avoir créé ce monde mauvais, et ici-bas le père Céleste n’a rien à lui. Il n’a nul dessein sur ce monde et ne veut pas y mettre de l’ordre.

Ce monde est l’œuvre de Satan et il faut rejeter cette Eglise Romaine et tous les biens terrestres.

 

Réactions l’Eglise Romaine

 

Ces affirmations feront naître cette accusation de manichéisme et justifiera une diabolisation et une codification de l’hérésie. En effet contester le monde créé par Dieu devient hérétique. Dire qu’il y a deux Dieux, l’un Bon, créateur du Royaume Céleste et l’autre Mauvais créateur de ce bas monde devient une hérésie et une accusation de manichéisme, ce qui devient commode pour les accuser.

C’est hérétique car la Bible dit bien que Dieu a crée le Ciel et la Terre, et que Dieu est un Tout Puissant Créateur (Théorie de l’Eglise Romaine).

Ces cathares mettent en péril la race humaine car ils pensent que l’acte charnel ne doit pas exister.

Ces cathares donnent un pouvoir de rédemption à la femme, ce qui ne peut se concevoir.

 

En conclusion

 

Le Catharisme est donc un monothéisme dualiste parce qu’il prêche l’existence d’un seul Dieu, mais qu’il n’est ni à l’origine, ni aux commandes du mal qui existe sur Terre, alors que l’Eglise Romaine est un monothéisme moniste fondant dans une seule cause et dans un même dessein le Bien et le Mal.

Ainsi le Catharisme annonce le bonheur et le pardon pour tous, car même les méchants et leurs persécuteurs deviendront bons un jour, alors que l’Eglise Romaine annonce le Paradis mais aussi l’Enfer, la punition et se permet de condamner à mort des êtres humains. L’Enfer n’existe pas, l’Enfer c’est le monde présent. Ce monde périra un jour, les puissants seront détruits, l’apocalypse viendra où Satan et les mauvais périront, mais toutes les âmes bonnes seront alors au Paradis, dans un monde céleste Beau, il n’y aura jamais résurrection de la chair et il n’y aura jamais de damnation éternelle.

 

 

Les 5 étapes historiques

 

1-   Expansion de la contestation de l’Eglise Romaine  


Dans toute l’Europe.

En France il existe des débats publics entre les prélats et les cathares pour comparer les doctrines. Débats longs et contradictoires où les cathares sortent souvent convaincants pour la population et se moquent des émissaires du Pape.

St Dominique critique les légats incapable d’apporter une opposition convenable.

D’où la création de l’ordre  des Dominicains pour contrer la critique de l’Eglise Romaine, riche, violente et puissante.

Il faut combattre les cathares avec les mêmes armes :  pauvreté, humilité, charité, pieds nus, sans argent avec la Bible comme seul bagage.

L’Eglise Romaine ira même jusqu’à fabriquer de toutes pièces des miracles comme à Fanjeaux où les documents des Cathares brûlent lorsqu’ils sont jetés dans un feu alors que ceux de l’Eglise Romaine sautent des flammes en l’air plusieurs fois jusqu’à toucher le plafond. De nombreux tableaux existent sur ce miracle.

 

Eglise romaine influence les autorités civiles pour brûler les hérétiques. En France Philippe Auguste laisse le Catharisme se développer.

 

1207- Grand colloque contradictoire à Pamiers pour ramener une dernière fois les hérétiques à l’Eglise catholique romaine qui met en place de nombreux prédicateurs pauvres et mendiants

 

2- Les croisades

 

Début du 13e siècle le Pape Innocent III appelle à la guerre sainte (ça ne vous rappelle rien). On assiste à une offensive généralisée de l’Eglise Romaine contre ses marges (schismatiques byzantins, infidèles sarrasins d’Espagne, païens saxons)

1208 L’assassinat d’un légat du Pape par soit disant des hommes du Comte Raymond VI de Toulouse sert de prétexte au déclenchement de la croisade dans le Sud de la France

Philippe Auguste laisse faire et permet à ses vassaux de gagner le salut de leur âme en allant combattre de lointains vassaux méridionaux, protecteurs d’hérétiques que sont les Comtes de Toulouse et de Foix , et le Vicomte de Trencavel d’Albi, de Béziers et de Carcassonne

1209 juin Une armée dirigée par l’abbé de Cîteaux (armée dirigée par un prêtre, un comble !) envahit le Sud.

Arnaut Amaury se distingue par le massacre de Béziers en juillet   « Dieu reconnaîtra les siens, la vengeance divine a fait merveille, on les a tous tués »

La religion est utilisée comme prétexte. C’est en fait une armée de mercenaires venus des pays du Nord qui pille le pays. Les terres et les biens sont attribués aux vainqueurs, une razzia à faire le plus vite possible car la croisade personnelle d’un chevalier ne doit pas excéder 40 jours, mais le roulement des croisés ( 15 à 20.000) fera qu’il y aura toujours des pilleurs sur le territoire.

On peut considérer que c’est une véritable guerre entre les Barons du Nord et les habitants du Sud, qui était une région relativement riche. Toute la population est passée au fil de l’épée, et les Cathares sont brûlés.

 

1209 août. Début du siège de Carcassonne considérée comme la citadelle de l’hérésie. Vicomte de Trencavel se rend pour protéger la population. Il est emprisonné dans son propre château et  meurt en deux mois.

Comme il est difficile de lui trouver un remplaçant parmi les Croisés le nouveau Vicomte de Carcassonne est choisi par Amaury : ce sera Simon de Montfort, baron d’Ile de France ( comté de Montfort l’Amaury), qui deviendra un redoutable exterminateur à tel point que le Pape le désavouera en 1214 en lui disant qu’il allait un peu fort.

Tous les châteaux sont pris, sauf Toulouse. Le Comte Raymond VI depuis 1187 laissait se développer le Catharisme et louvoyait entre aide et répression des Cathares.

1213 la mort du roi d’Aragon Pierre II venu aider Raymond VI au siège de Muret va changer la donne. L’Espagne est mise hors-jeu et va attiser les intérêts de la France

1215 Le Concile de Latran par Innocent III réorganise le monde Chrétien et décide une intensification des croisades, et le Concile de Montpellier proclame Simon de Montfort chef unique du pays conquis. Le pays est mis à feu et à sang, et les nobles se réfugient dans les châteaux encore debout, où à Toulouse. Ces défenseurs de leur pays, les faydits, combattent et sont les premiers à être exécutés en cas de défaite. Viennent ensuite les Cathares qui sont brûlés et qui n’ont jamais tué qui que ce soit de par leur engagement.

 

1218 Simon de Montfort est tué devant Toulouse par une pierre lancée par des femmes, son fils reperdra tout.

1219 Première intervention royale avec le prince Louis, fils de Philippe Auguste, c’est le massacre de Marmande

Mais en 1224 reconquête des comtes locaux avec redémarrage du catharisme.

 

3- L’annexion par le Royaume de France

 

Les Rois de France ont eu différentes attitudes dans le temps. 

Philippe Auguste a d’autres préoccupations que ces vassaux du Sud. En 1214 il écrase les allemands de l’Empereur Othon à Bouvines et doit régler des questions avec l’Angleterre.

 

Louis VIII, Louis XI sont plus intéressés par ces territoires et décident une annexion de ces régions au Royaume de France, afin de faire une frontière avec l’Espagne. Ils reconstruiront les châteaux qui sont nos Châteaux Cathares actuels.

1226 La croisade royale de Louis VIII marque le début de la fin du Catharisme car c’est une véritable armée qui envahit le pays et non des croisés.

1229 Raymond VII de Toulouse se soumet à Louis IX, futur St Louis mais la victoire est plus militaire que religieuse.

Les cathares n’ont plus de protecteurs et passent dans la clandestinité.

 

1244 Montségur : une des dernières places fortes où s’étaient regroupés les faydits et les cathares. Il faudra 10 mois de siège mené par un vrai chef de guerre du Roi pour investir la forteresse. La place forte tombera par un stratagème la nuit de Noël en escaladant les falaises. La trêve des combats n’avait pas été respectée. Les conditions de la reddition sont d’ailleurs proches d’une vraie chevalerie : vous avez la vie sauve, vous pouvez partir avec vos biens et vos armes, vous nous donnez les Cathares. 220 sur le bûcher.

 

4-L’Inquisition en parallèle

 

1233- Naissance de l’inquisition : premier système de dictature au monde mis en place par la religion chrétienne !!!!

Ce que l’on ne peut pas faire avec les croisés on va le faire avec l’Eglise !

75 ans de traque après le grand bûcher de Montségur.

Tribunal ambulant de villages en villages avec délation, pression, dénonciation, un véritable système totalitaire de surveillance de la population.

On invente l’Ordalie, le jugement de Dieu par des épreuves, où celui qui est soupçonné est toujours perdant.

Les cadavres sont exhumés et on organise des bûchers posthumes avec assurance d’une damnation éternelle.

Les repentis sont obligés de porter des croix de feutre jaune (ça ne vous rappelle rien ?), et subissent de très lourdes peines avec confiscation de leurs biens, leurs maisons détruites, les lieux bannis. Si relaps, bûcher immédiat sans jugement

 

5-   La phase finale

 

1255 Queribus, ultime défenseur de la foi cathare, tombe sur ordre de Saint Louis.

1271 Comté de Toulouse rattaché à la Couronne de France , et les Cathares n’ont plus de soutien officiel.

Il va se créer un réseau clandestin de solidarité pour protéger les derniers élus. Et paradoxalement il y eut une résurgence fulgurante, notamment en 1299 par un prêcheur convaincant, Pèire Autier.

  Mais cette fois-ci l’alliance d’un Roi Philippe le Bel et d’un pape Boniface VIII sonnera le tocsin du mouvement car c’est la Force Publique qui agit.

1304 L'Ecrasement commence.

1307 Premier arrêt des Templiers par Philippe le Bel, qui ont joué un rôle mineur contre les Cathares.

Rafle de villages entiers comme à  Montaillou avec une véritable répression policière, reality show devant les cathédrales, grand feu et cadavres maudits.

1310.C’est la traque finale. Les Cathares sont tous capturés et brûlés.  Pèire Autier est brûlé vif à Toulouse le 10 Avril 1310 en place publique

1321 Il reste un dernier Cathare en Espagne Guilhem Belibaste, il faudra une trahison pour le ramener en France (on peut compter sur la lâcheté humaine car on avait promis à ce traître la restitution de ses biens).  

Ce dernier Cathare dira en conclusion sur son bûcher «  je ne me soucie pas de ma chair, elle appartient aux vers. Tout ce que le Père Céleste a à lui dans ce monde visible, ce sont les esprits ».


 

Cathars

 

L'expulsion des Albigeois de la ville de Carcassonne en 1209


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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 17:32

 

Préambule

 

Parler de la laïcité est toujours un réel problème vu les différentes énormités qu’on dit en son nom.

Pourquoi donc parler de ses fondements philosophiques, voire métaphysiques quand certains réduisent sa définition à un ensemble de lois et règlements pour vivre ensemble (c'est désormais la formule consacrée) voire à une inscription d’ordre constitutionnelle, plus ou moins caractérisée par une armature juridique qui peut varier du tout à son contraire ?

Parce que tout simplement les multiples et divers adversaires de la laïcité, telle qu’elle a surgi au moment de la révolution française dans les années 1789 et suivantes ont tout fait et continue à tout faire pour la dénaturer, car elle est dérangeante, c'est le moins que l'on puisse dire.

En effet les lois formant les caractéristiques d’une société sont toujours sous-tendues par un idéal, lui-même généré par des conceptions philosophiques de l’organisation de la société et qui aboutissent à ce qu’on appelle à terme des civilisations.

Eh oui, toutes les civilisations ne se valent pas comme peut le prétendre une certaine gauche dégénérée, des islamogauchistes aux écologistes relativistes qui ont envahi désormais notre modèle de pensée en imposant une pensée unique de gens bien-pensants et pensants-bien qui monopolisent nos médias.

Les civilisations qui ne prennent pas en compte les libertés individuelles, la liberté absolue de conscience , l’égalité en droit des citoyens, la possibilité à des populations de se constituer en nation sur un territoire lui appartenant n’ont pas intrinsèquement la même valeur que les sociétés essayant d'intégrer les valeurs laïques ,sans compter celles qui ne reconnaissent pas la dignité de l’individu comme celles qui pratiquant l’excision par exemple dont justement certains de nos relativistes culturels et complaisants tolèrent les pratiques en les excusant et en leur donnant des circonstances atténuantes.

Or la laïcité, dit-on dans nos loges, fait parti des plus hautes valeurs morales conceptualisées à nos jours ; c’est donc qu’il est fondamental de mettre à jour les fondements philosophiques qui la sous-tendent, et peut-être dégager une certaine conception métaphysique qui en est l’aboutissement.

 

Pendant longtemps en loge je me suis mis à réfléchir à ce problème, jusqu’à ce que je lise un petit ouvrage, celui de notre F… Daniel BERESNIAK du GODF et de OITAR au titre tout simple la LAICITE qui devrait être, à mon avis, obligatoirement lu par tout apprenti à son entrée en loge. Cet ouvrage m’a incontestablement, il y a plus de 30 ANS, ouvert la voie de réflexion sur cette recherche philosophique et métaphysique de la laïcité.

 

Mais alors il faut analyser comment ce concept de laïcité est né historiquement , et pourquoi c’est un concept qui se fonde sur des préceptes et des piliers organisationnels et non un dogme rigide amené par une sorte de révélation de la part d’un Saint-Esprit laïciste et encore moins une simple idée ou principe mal défini et fourre-tout capable d’emmagasiner le tout et son contraire.

 

Il faut donc faire un peu d’histoire pour comprendre la genèse de ce concept.

 

L’éclosion de l’idéal laïque en France de 1789 à 1807 et l’élaboration concomitante du concept de laïcité.

 

C’est effectivement en France que cet idéal laïque a vu le jour et que ce concept de laïcité s’est élaboré petit à petit à la suite de luttes politiques.

En effet si le mot laïcité fut un mot inventé par LITTRE dans son dictionnaire en 1877 avec une définition a minima qui était la suivante : « ce qui est laïque, ni ecclésiastique, ni religieux », c’était par ce néologisme donner en fait un début de fondement philosophique à cette conception des rapports en société qu’avait entrainé les principes de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen d’aout 1789 sur la liberté individuelle et l’égalité en droit avec la mise en pratique de son article 10 : « Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre publique établi par la loi. »

Mais comment cela a pu être conçu en France ?

Pour comprendre le processus, il faut remonter au bouillonnement des idées du début du siècle et de la fin du siècle précédant, appelé globalement le siècle des lumières. Celui –ci remit en cause les principes de l’autorité habituellement reconnue d’un ordre naturel, c'est-à-dire prétendument d’origine divine non contestable , et c’est au nom de la raison que des propositions nouvelles furent élaborées dans tous les domaines de la vie en société

La France avait un passé sanglant de guerre de religions et un passé d’oppression totalitaire de l’Église catholique, aggravé après la révocation de l’Édit de Nantes de 1508 et de l’Édit d’Alès de 1629. Or 2 collaborateurs protestants français de la rédaction de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert émirent l’idée que la solution pour l’organisation de la société n’était pas une organisation de type communautariste à l’image de celle imposée de l’Édit de Nantes d’Henri IV qui avait failli historiquement à sa mission, car c'était une organisation typiquement communautariste associant des privilèges accordées à telle ou telle communauté religieuse à des interdictions d’exercice selon le lieu (il faut savoir par exemple que l’Édit de Nantes interdisait le culte protestant é dans beaucoup de villes comme à Paris, et interdisait le culte catholique dans quelques villes du sud-est en prévoyant ici et là des quotas dans l’administration, voire des places fortes armées comme à La Rochelle sensées protéger la communauté protestante, places fortes supprimées d’ailleurs par Louis XIII et Richelieu avec l’Edit d’Alès) Ces protestants participant à l’élaboration de l’Encyclopédie firent le choix d’une organisation sociétale fondée sur la liberté de culte et l’égalité en droit, considérées comme des libertés individuelles toutes les deux, et non communautaires; toute la communauté protestante française en 1789 adhérait déjà à ces idées.

 

Et c’est le symbole de la fameuse journée du 7 juin 1789 où les protestants parisiens voulurent appliquer ces principes.

Malgré l’avis défavorable du lieutenant général de police de Paris, les protestants parisiens se réunirent dans une auberge pour célébrer leur culte, ce qui fut appelé la liberté du culte public, c'est-à-dire non clandestin , mais ce n'était pas un culte en public comme l’admet aujourd'hui l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme, la différence est très importante.

Nous sommes donc le 7juin 1789 à quelques semaines du serment du jeu de paume du 20 juin et après l’ouverture des Etats généraux le 4 mai ; l’autorité royale n’intervint pas contre ce coup de force d’une centaine de protestants parisiens La liberté de culte était instituée dans les faits. Elle le fut dans le Droit par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen le 26 août 1789, précédé de la célèbre phrase du pasteur RABAUD SAINT-ETIENNE à l’Assemblée Constituante « ce n’est pas la tolérance que je réclame, mais la liberté ».

Nous avons donc , en ces journées du 7 juin et du 26 août 1789, le premier fondement de la laïcité émancipatrice ; la liberté de culte acquise non par une liberté communautaire ou communautariste, mais par la liberté individuelle et l’égalité en droit individuelle elle aussi.

 

Le deuxième acte symbolique fondateur de cette laïcité émancipatrice fut, par ces même protestants parisiens, dans leur premier temple construit à Paris en 1791, l’inscription de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen sur une plaque de marbre à l’entrée du temple aux coté du Notre Père inscrit sur une autre plaque de marbre. Il faut bien comprendre la signification symbolique de cet acte audacieux ; cela ne voulait absolument pas dire qu’il y avait apport d’éléments exogènes pour la refondation d’une foi religieuse de type syncrétiste , c’eut été impossible à concevoir pour des adeptes de la rigueur calviniste vis-à-vis du rôle des Ecritures bibliques pour la fondation de la foi ; mais cela signifiait quelque chose de très fort et de très révolutionnaire : c’est que la foi religieuse devait intégrer les hautes valeurs morales et philosophiques humanistes qui sont conçues par la réflexion philosophique au nom de la raison, en l’occurrence en 1789-1791, la liberté individuelle et l’égalité en droit, ce qui revenait à reconnaître qu’aucune organisation religieuse ne devait être considérée comme prédominante dans l’organisation d’un état républicain, et aucune croyance religieuse ne devait s’imposer à tous.

 

Le troisième acte, cette fois juridique, constituant le fondement de la laïcité, et qui fait logiquement suite après la désastreuse application de la Constitution Civile du Clergé de 1790 inspirée de l’abbé Grégoire, qui n’est d’autre qu’une fonctionnarisation du clergé comme l’est l’organisation de la dite laïcité turque de Mustapha KEMAL, fut la séparation de l’Église et de l’État obtenue par décret en 1795 par le conventionnel protestant et franc-maçon BOISSY D’ANGLAS, séparation annulée par le concordat napoléonien de 1801.

 

Mais l’acte suivant de la fondation de la laïcité fut fait étonnamment cette fois dans la continuité de la conception laïque et républicaine de la nation par NAPOLEON quand il convoqua en 1807 le Grand Sanhédrin (en référence à l’organisme du royaume de Judée) face à la communauté juive en France.

En effet le débat durait depuis 1789 en France pour savoir si la communauté juive devait être considérée comme une nation avec des lois propres communautaires s’appliquant à une minorité constituée, ou au contraire composée de citoyens français ayant les mêmes droits et devoir que les autres.

A la différence des protestants, le problème était en plus du problème religieux, un problème de constitution de la nation française.

 

Après la célèbre phrase à l’Assemblée constituante en décembre 1789 de CLERMONT TONNERRE « il faut tout refuser aux juifs comme nation et tout accorder aux juifs comme individus, » c’est 1791 que les juifs obtinrent le statut de citoyens français; mais ce droit fut rogné à plusieurs reprises ensuite, surtout suivant leur origine, séfarades du Sud-ouest, ou ashkénazes de l’Est et en particulier ceux d’Alsace, au nom de l’assimilation plus ou moins grande des différentes communautés locales à la vie de la société française..

Le problème fut aggravé par le fait qu'une grande partie des juifs alsaciens refusaient, semble-t-il d'après des documents de l'époque, d'être citoyens français, préférant être régis par des lois et règlements communautaires, à la différence, par exemple des juifs du Vaucluse (ex Comtat Venaissin) qui s’enthousiasmaient à l’idée d'être des citoyens français à part entière. Napoléon hésita longtemps, d’autant qu’il n’aimait pas la communauté juive en général, car ceux-ci pratiquaient des taux usuraires dans les prêts financiers. Mais finalement, malgré l’opposition virulente de son oncle le cardinal FESCH et des catholiques alsaciens, il trancha par la convocation de ce Grand Sanhédrin en 1807 composé de moitié de rabbins et de moitié de délégués civils, avec le marché suivant ; ou vous êtes une nation à part en France et vous n'avez pas les droits de citoyens, ou vous êtes citoyens français avec les mêmes droits et devoirs; dans ce cas vous abandonnez toutes les dispositions du Talmud contraire au Droit Civil, notamment celles concernant le mariage, le divorce, la polygamie ; la répudiation, les unions mixtes, les prêts à usure, etc… ; malgré la réticence de certains rabbins dans quelques domaines comme les mariages mixtes, le Grand Sanhédrin, sous la pression des délégués juifs de la société civile accepta tous ces renoncements aux dispositions du Talmud contraire aux lois française.

 

Ce fut un tollé dans toute l’Europe, du Tsar à toutes les autres royautés à l’idée que les juifs de France obtenaient des droits complets de citoyens. Car cela voulait dire en plus que les organisations religieuses devaient se plier aux lois de l’Etat. Les responsables catholiques, orthodoxes et protestants de l’Europe comprirent vite le danger pour eux et marquèrent leur désapprobation..

 

Ce fut vraiment le quatrième fondement du concept de laïcité : les adeptes de toutes les religions doivent, quelque soient les prescriptions religieuses, se plier aux lois de l’Etat, quand celles-ci bien sur ne touchent pas à la liberté individuelle de culte et quand elles ne troublent pas l’ordre public par ses manifestations.

 

C’est donc par un abandon de souveraineté républicaine que SARKOZY , ministre de l’Intérieur, à l’origine de la constitution du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) en 2003 n’exigea pas à cette occasion la reconnaissance officielle par le CFCM du droit à chaque musulman de pouvoir renoncer à sa religion malgré les versets du Coran au sujet de l’apostasie, l’abandon de la mise en application de la prescription du voile islamique pour les femmes sur la voie publique, l’abandon de la revendication de la viande halal pour les cantines scolaires, etc….

 

 

L’élaboration du concept philosophique de la laïcité

 

L’élaboration du concept philosophique de la laïcité est donc établi désormais, et nous constatons qu’il est intimement lié à la conception républicaine de la nation, conception que nous ne faisons qu’effleurer ce jour, mais sachant qu’en conséquence elle induit des lois spécifiques dans un état qui se veut républicain.

Mais encore faut-il pour être complet aborder purement les préceptes philosophiques qui l’accompagnent. Car pour tout concept philosophique, il s’agit de la compréhension de sa représentation mentale à partir de principes-postulats qui, eux-mêmes induisent des préceptes à type de commandements , lesquels deviennent alors des éléments de la source. du droit

Et c’est là qu’intervient les recherches philosophiques du GODF essentiellement entre les 2 guerres mondiales pour affiner ce concept de laïcit.

Partant justement des principes-postulats de Liberté individuelle et d’Égalité en droit découverts par les philosophes du siècle des lumières et de Fraternité sociale développé, lui, lors de la révolution de 1848, la voie humaniste cherchée par les différents convents de cette époque aboutit à proposer deux préceptes qui se trouve indissociables au concept de laïcité

Ce sont la liberté absolue de conscience et la tolérance mutuelle.

Liberté absolue de conscience, en référence à l’article 10 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen « nul ne peut être inquiété pour ses opinions même religieuses » mais qui par l’adjectif « absolue » veut se distinguer d’une liberté de conscience communautaire fondée sur une organisation religieuse et des commandements religieux, appelée, elle, souvent liberté de religion mais destiné à être régie par une communauté organisée.

Tolérance mutuelle , ce qui signifie précisément que la tolérance doit être mutuelle, sinon elle n’a pas lieu d'être, et des mesures anticléricales sont alors légitimes et nécessaires dans les lois républicaines à l’encontre de ceux qui la refusent.

 

Pour conclure ce chapitre, il m’a paru nécessaire de rappelée la définition de la laïcité qu’un convent du GODF a donné dans les années 30 après de multiples débats :

« Fondée sur la liberté absolue de conscience, sur la tolérance mutuelle et la reconnaissance de l’autre, sur la dignité de l’homme, et sur l’indépendance des institutions à l’égard des influences dogmatiques, dominantes ou minoritaires, la laïcité constitue le moyen d’une solidarité ouverte et vivante, offerte en partage à chacun, en dehors de tout esprit de ségrégation . »

 

 

 

La valeur spirituelle de nature métaphysique du concept de laïcité

 

Si il y a une nature philosophique, y aurait-il une genèse d’une valeur spirituelle de nature métaphysique dans l’élaboration de ce concept de laïcité ?

En effet, si l’on considère que l’Humanité en général et l’Homme-individu en particulier sont des valeurs suprêmes uniques et irremplaçables et que le concept de laïcité qui en découle s’est élaboré à partir des 3principes postulats fondamentaux que sont la Liberté individuelle, l’Égalité en Droit et la Fraternité sociale, cela semble évident. il apparaît en effet obligatoire que chacun puisse édifier librement ses propres références et croyances métaphysiques, quelle que soit la religion ou la doctrine qui en est à la base, mais aussi que l’acceptation de la liberté absolue de conscience et de la tolérance mutuelle soit nécessaire à la réalisation de l’émancipation individuelle et collective.

De plus cette valeur humaniste, par son caractère universaliste ne peut pas, de par nature, se fonder sur des « révélations »  transcendantales de paroles et d’écrits, mais uniquement à partir de la Raison et sur les principes-postulats humanistes que nous venons d’admettre. Or si la Raison est le moteur exclusif de l’élaboration de la valeur humaniste du concept de laïcité, elle ne peut que prendre en compte comme support les découvertes scientifiques.

C’est la notion de la voie humaniste qui se trace au fur et mesure à travers les découvertes scientifiques et les progrès conceptuels de la morale.. C’est bien aussi une vieille histoire de l’humanité comme nous le rappelle notre F… Daniel BERESNIAK que le savoir et la connaissance ne sont pas figées, et qu’ainsi l’interprétation religieuse et/ou métaphysique ne l’est pas non plus et doit donc évoluer en fonction de la voie humaniste qui se trace au fur et à mesure à travers les découvertes scientifiques et les progrès conceptuels de la morale humaniste : c’est le fondement de l’attitude laïque par excellence.

Cette manière de voir les choses et le monde installe dans la conscience une ouverture d’esprit qui protège ipso facto contre les dérives dogmatiques figeant la pensée, mais aussi produit en retour par conséquent une intransigeance réfléchie à l’encontre de l’application de tout précepte ou dogme pouvant se révéler un obstacle objectif dans la réalisation de l’émancipation individuelle et collective, qui finalement est le but de cette voie humaniste.

Cette attitude laïque n’a pu exister que parce qu’elle est issue aussi de la philosophie grecque basée sur la Raison ; elle permet le développement de la science et du progrès humaniste conceptuel puisque l’acquis des connaissances ou la certitude des croyances peuvent sans cesse être relativisés, donc remis en cause ultérieurement par d’autres découvertes et d’autres avancées conceptuelles allant dans la direction de la voie humaniste émancipatrice grâce à l’action de la raison.

 

Par exemple la liberté individuelle de la femme et la possibilité de conquérir son égalité en droit dans notre société n’a pu se réaliser pleinement dans les faits qu’après les découvertes scientifiques de contraception efficace et sans vrai danger et les possibilités d’avortement avec peu de risques, ce qui a permis de se traduire juridiquement dans les lois avec plus de facilités.

La traduction spirituelle d’ordre métaphysique du concept de laïcité se trouve bien dans la libre interprétation renouvelée que ce soit de la parole révélée qui est à la base de la foi du croyant, ou des acquis philosophiques des uns ou du savoir scientifique des autres, pour qu’elle puisse aller dans le sens de la voie humaniste ; cette voie humaniste devient ainsi une sorte de « prédestination » au sens luthérien du terme permettant l’émancipation individuelle et collective.

Toute autre attitude de certitudes dogmatiques immuables de pensée religieuse ou totalitariste athéiste, mais aussi économiques, scientifiques, politiques est toujours un obstacle à l’édification d’une authentique société laïque.

Dans cet état d’esprit le DALAI LAMA  lors d’un séjour en France il y a une vingtaine d’années déclarait à la question d’un journaliste, que si la science démontrait un jour l’impossibilité de la réincarnation, base de la foi bouddhiste, ceux-ci devraient considérer cette réincarnation comme seulement virtuelle.

Et là on entre dans le problème des « réalités virtuelles » bien exposées il y a une vingtaine d’année aussi d’un point de vue philosophique et métaphysique par un chercheur grenoblois Claude CADOZ qui nous montre que des réalités issues ou non de croyances ou d'imaginations peuvent être conçues virtuellement pour être réelles mais non obligatoirement réalisées matériellement.

C’est à rapprocher d’ailleurs des tentatives par les cabalistes d’aller au-delà des réalités perceptibles et des croyances admises communément, ce qui remet en cause les idées reçues. Leurs tentatives de comprendre un autre univers en déstructurant les phrases et les mots de la BIBLE pour essayer d’en trouver d’autres significations par d’autres lectures ont donc permis , bien avant VOLTAIRE qui a repris ce thème, de penser que si Dieu a créé l’Homme à son image, cela pouvait aussi vouloir dire que l’Homme a créé Dieu à son image, et que si le Soleil tournait visiblement autour de la terre cela pouvait vouloir dire , bien avant les découvertes de GALILEE que c’était la Terre qui tournait autour du Soleil.

 

Cette conception de laïcité émancipatrice en tant que valeur intellectuelle, spirituelle, de nature même métaphysique puisqu’elle a regard critique d’analyse sur ce qui est au-delà de la physique comme le disait ARISTOTE en refusant les dogmes immuables, suppose d’admettre la relativité ou la virtualité des croyances ou certitudes, et, paradoxalement, nous donne les armes idéologiques pour prendre sans état d'âme les dispositions juridiques et politiques nécessaires pour la promouvoir contre l'action des forces obscurantistes, notamment les mesures d’ordre public.

 

Cette conception de laïcité émancipatrice en tant que valeur spirituelle universelle, condamne donc sans appel toutes les dérives de laïcité ouverte ou positive qui révèle une complaisance totale vis-à-vis des forces obscurantistes , ou même dogmatique a minima comme celle fondée sur une frontière arbitraire entre sphère privée et sphères publique, et ces dérives ont un point commun en tout cas : elles ne considère pas la laïcité comme une valeur spirituelle universelle.

L’importance de l’adhésion commune à cette valeur spirituelle du concept de laïcité doit être bien comprise. En effet comme nous l’avons déjà dit, à la fois elle nous protège contre tout dogmatisme laïciste, et à la fois elle nous invite à l’intransigeance envers les formes d’oppression concoctées par des dévots de toutes sortes, aussi bien vis-à-vis de la société toute entière que vis-à-vis des membres de leur propres communautés, formes d’oppression totalitaire qu’elles soient intellectuelles obscurantistes comme la diffusion du créationnisme ou sociétale comme le port en public du voile islamique.

 

 

Les mesures d’ordre public pour asseoir cette conception de laïcité émancipatrice

 

La laïcité dans un état ne s'impose jamais par une sorte de révélation apportée par une sorte de Saint-Esprit laïque ou laïciste, mais toujours par une lutte politique plus ou moins violente que font les forces politiques à travers leurs responsables et militants éclairé contre les forces obscurantistes de toute nature.

SI l'adhésion aux valeurs spirituelles laïques par les groupes communautaires ou religieux ou sectaires ne se fait pas spontanément comme pour les protestants français de l’Église Réformée en 1789 et années suivantes, le devoir du pouvoir politique est de les y aider au besoin par une mise en demeure comme ça été le cas lors de la convocation du Grand Sanhédrin en 1807 pour la communauté israélite de France, et quand ça ne suffit pas la contrainte par des lois est nécessaire comme ce fut le cas pour l’Église Catholique avec la loi de séparation des églises et de l’État de 1905;

 

C'est dans cette optique que les lois à caractère anticléricale ou anti manifestations religieuses sur la voie publique doivent se comprendre.

Les lois Jules FERRY de 1882 sur l'instruction publique obligatoire et celles qui ont suivi comme la loi GOBELET en 1886 excluant les clercs et les congrégation de l'enseignement public ont été nécessaire pour réduire l'influence pernicieuse totalitaire de l'Eglise catholique chez les enfants et adolescents.

Les lois interdisant le port d'habit religieux dans l'espace public s'est avéré une nécessité d'ordre public au Mexique en 1865 par le gouvernement de Bénito JUAREZ et en France en 2004 et 2010 en ce qui concerne le port du voile islamique à l'école et dans l'espace public.

 

Ainsi, contrairement à ce qui est véhiculé souvent par les tenants de la pensée unique, la laïcité n'oblige pas l’État républicain à être neutre, donc complaisant vis à vis des organisations religieuses et d'autres forces sectaires et obscurantistes.

L'état républicain a au contraire l'obligation d'assurer la liberté individuelle vis à vis de l'ensemble de la population, y compris vis à vis des propres adeptes de ces organisations communautaires pour leur donner les moyens intellectuels et juridiques nécessaire à ce qu'ils puissent s'en affranchir si ils le veulent.

Mais quel que soit la nécessité de ces lois anticléricales et anti-manifestations religieuses sur la voie publique, ce sont seulement des moyens pour instaurer la laïcité, moyens souvent indispensables, mais seulement des moyens pour instaurer les valeurs laïques dans une société

 

L'instauration des lois anticléricales en Turquie par Mustapha KEMAL n'a pas amené par elle-même la société à des valeurs spirituelles laïques. Le nettoyage ethnique et religieux a été validé par génocide, massacres divers et autres dragonnades. Et comme il n'a jamais eu de séparation d'églises et de l’État en Turquie mais au contraire fonctionnarisation des imams et autres clercs musulmans rémunérés par l’État et dont les sermons sont préalablement lus par les préfets, la reprise en main des rouages de l’État par les islamistes en est actuellement grandement facilitée.

 

A l'inverse, parce que la laïcité repose sur des valeurs spirituelles telles que nous venons de les énoncer, et qui nous donne un devoir de les défendre pour assurer l'émancipation individuelle et collective, il est indispensable de prendre les mesures d'ordre public qui s'imposent pour se faire.

Devant le danger du pré rapport de l'ONU dit de DURBAN 2 en 2009 préparé par la Libye de KHADAFI et par le Pakistan pour instituer mondialement un délit de blasphème qui aurait eu pour mission de protéger tous les actes d'oppression menés au nom de la religion musulmane, il fallait , comme l'avait demandé le Conseil de l'Ordre du GODF, et les organes de direction du DH et de la GLFF s'opposer à tous prix à sa diffusion et à sa discussion et non se montrer compréhensif pour admettre de possibles compromis au nom du respect des religions et des cultures comme l'ont prônée à ce moment là, la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) et le MRAP en France, car pour leurs dirigeants actuels de ces 2 associations, la laïcité n'est qu'une organisation a minima de la société capable de permettre de vivre ensemble, selon la formule habituellement consacrée, ce qui reviendrait à faire un retour en arrière historique au temps de l'Edit de Nantes qui avait eu aussi seulement cette fonction de permette de vivre ensemble. (rappelons que la LDH et le MRAP ont fait partir de leur rang le tiers de leurs adhérents respectifs qui défendaient la laïcité entre 2003 et 2006, pour se mettre au service d'une idéologie en faveur des revendications islamistes sous prétextes que les travailleurs immigrés en France sont exploités et descendants de populations colonisées ).Il en a été de même de la part de ces 2associations lors des interventions auprès de la commission GERIN à l'Assemblée Nationale sur l'interdiction du port du voile islamique dans la sphère publique.

 

 

Les différentes voies d’approches politiques et juridiques pour atteindre et appliquer le concept de laïcité

 

Nous avons constaté que le concept de laïcité s’était élaboré en France essentiellement pendant la Révolution de 1789 et années suivantes.

Mais comme c’est un concept et non un dogme, il est loisible alors de penser que la construction d’une société laïque puisse se faire d’une manière quelque peu différente de la voie française.

 

Or l’exemple le plus typique est celui des pays scandinaves, Finlande, Suède, Danemark, Norvège.

Le mécanisme a été celui amené par l’Église luthérienne qui a valorisé la place de la femme dans la société au cours des siècles. D’avancée en avancée, elle a permis à la femme d’avoir une condition égale à celle de l’homme aussi bien dans les faits que du point de vue juridique. Au bout du processus, la notion d’égalité individuelle a pénétrer la situation civile et politique de l’ensemble des citoyens et a atteint le cœur même de l’Église luthérienne qui a ordonné les femmes pasteurs et évêques sans compter parfois des hommes et femmes homosexuels. L’aboutissement fut , d'un état scandinave à l’autre, le vote des lois de séparation des églises et de l’Etat, dont la dernière fut en Norvège il y a tout juste 1 mois en mai 2012.

Ce mécanisme d’approche de la laïcité dans la société dominée par l’Église luthérienne montre 2 choses :

1/ que le concept de laïcité pour s’appliquer a besoin d’un support idéologique donc philosophique basé sur la liberté individuelle et l’égalité en droit des citoyens et est donc une valeur d'ordre spirituelle, et non simplement une disposition juridique de séparation des églises et de l’État

2/ que le concept de laïcité pour s’appliquer ne se résume pas à la seule loi de séparation des églises et de l’État comme veulent nous le faire croire les trotskistes de la Libre Pensée qui sont plus ou moins les maîtres à pensée de notre Commission Nationale Permanente de Laïcité et de son président qui pense d'ailleurs que l’Édit de Nantes est une des origines de notre laïcité, ce qui les amène à tolérer certaines formes d’oppression comme le port en public du voile islamique. La séparation des Églises et de l’État peut donc arriver presque en fin de processus de Laïcité d’un état.

 

D’ailleurs l’exemple a contrario est celui des USA dans lequel la séparation des églises et de l’Etat est totale, mais où la soumission des instances politiques et de l’élaboration des lois est, elle, totale vis-à-vis des différentes organisations religieuses, jusqu’à tolérer différentes formes d’oppression et d’obscurantisme comme le créationnisme dans les écoles.

 

Enfin il est je crois nécessaire de dire un mot d’une autre forme d’approche de laïcité si l’on considère justement que celle-ci est générée par la liberté individuelle et surtout l’égalité en droit de chacun, c'est dire la non discrimination civile pour chacun selon ses croyances ou appartenance à une communauté . C’est l’approche ésotérique d’un courant soufi dans l’Iran au 14ème siècle. Il considérait que la recherche ésotérique d’unité en Dieu passait par l’effacement dans la société de toute différence et de toute croyance de chacun. Un célèbre poème de SHABESTERI illustre bien cette pensée : je vous en fait part d’une strophe que vous pourrez retrouver dans le livre de Daniel BERESNIAK.

 

     « Je et Tu sont le voile

      Que l'enfer entre eux a tissé

      Quand ce voile devant vous est levé, il ne subsiste rien

      Des sectes et des croyances qui nous enchainent

      Toute l'autorité des lois ne peut porter

      Que sur ton Je lié à ton corps et à ton âme,

      Quand Je et Tu ne restent plus entre nous deux,

      Que valent mosquées, temples et synagogues? »

 

Dommage que cette approche fut condamnée violemment par le clergé chiite de l’époque et a disparu .

 

 

Conclusion

 

Pour conclure, nous pourrons dire que :

  • la laïcité est un concept philosophique issue de la pensée humaniste, et plus particulièrement des « Lumières » du 18ème siècle, fondée sur la Raison, les connaissances scientifiques et l'acceptation de la relativité de croyances.

  • la laïcité est un concept philosophique construit à partir des principes-postulats fondamentaux que sont la liberté individuelle, l'égalité en droit, la fraternité sociale.

  • la laïcité est un concept philosophique engageant l'application des préceptes de liberté absolue de conscience et de tolérance mutuelle.

  • la laïcité est un concept philosophique engageant des applications juridiques de type institutionnel comme la séparation des églises et de l’État et l'égalité en droit, et souvent des mesures anticléricales et anti-manifestations religieuses dans l'espace public, participant ainsi à l'émancipation individuelle et collective qui est le but de cette voie humaniste

 

          J’ai dit

 

 

 

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15 juin 2012 5 15 /06 /juin /2012 11:11

Léo Campion a eu ce mot inoubliable : « Quand on va chez des amis, on est certain de leur faire plaisir ; si ce n’est pas en arrivant, c’est en partant. »

Dérision ou sagesse philosophique construite sur l’expérience ?

Quand il y a dérision, il y a toujours des enchaînements de sens, variés et croisés ; comment ? Pourquoi ?

Par exemple, on pourrait parodier Léo Campion à propos des planches maçonniques ; on est toujours heureux lorsqu’elles commencent, ne serait-ce que parce que cela annonce la fin des ennuyeuses tâches administratives ou rituelles, et on est parfois satisfait lorsqu’elles se finissent …

Je ne sais pas ce que vous en penserez dans une vingtaine de minutes !

J’ai choisi ce sujet parce qu’il m’a semblé compatible avec l’esprit des Lumières, et peut être même consubstantiel ! Je vais proposer quelques pistes de réflexion.

 

J’avais envisagé de traiter ce thème pour faire mes adieux aux 9 Frères en Juin dernier car la querelle maçonnique de la mixité nous aura donné bien des opportunités de dériser de nos appels à l’égalité, à la fraternité, à l’humanisme, et à l’amour …

Ce n’est d’ailleurs pas fini, quand on voit comme certains s’agitent encore en coulisse, fiers des titres élevés qu’ils s’attribuent SGDG, c’est-à-dire Sans Garantie Démocratique du  GADLU.

J'avais pensé aussi qu’une planche distrayante sur ce sujet serait un challenge personnel, mais aussi et surtout un challenge collectif, car il n’est pas évident de pouvoir se livrer à une moquerie délicate et implicite, ou à une invitation fraternelle à l'autocritique, sans alourdir le contexte relationnel si fraternel de certains de nos ateliers. Bref, j’ai renoncé à cet acte qui aurait pu paraître dérisoire aux 9 Frères version 2011, et suis parti discrètement, sans faire mentir ainsi Léo Campion….

 

Dériser en Loge ne me paraît pas incongru, pourtant ! Ne prêtons-nous pas à faire rire les gens « normaux », je vise par-là les non-initiés, et pas seulement les candidats à la Présidence de la République,  nous tous ensemble ici, installés dans nos décors ?

A lire les journaux, en tout cas, nous faisons plus sourire qu'inspirer la terreur ou le respect.  Si nous prêtons à l’humour ou à l’ironie, ne pourrions-nous dériser ?

 

Le temple que nous bâtissons, il n’est jamais construit ! il n’y a pas de temple fini ; il n’y a que du travail !

Le chemin sur lequel nous allons, il ne mène nulle part ! il n’y a pas de destination finale , il n’y a que du voyage !

La vérité que nous cherchons, elle n’existe pas ! il n’y a que du doute et même la logique a ses limites !

Bref, notre vie maçonnique est confrontée à une forme de vacuité.

Est-ce que je dérise là ?

Ou est-ce que je philosophe ?

Cette vacuité est illogique pour nos références occidentales, mais elle serait naturelle pour un « oriental » pour qui, réaliser la vacuité des choses, c’est réaliser que rien n’est stable et définitif, que toute chose est en état de flux dynamique, que hormis le mouvement et la transformation, il ne reste rien…

 

La franc-maçonnerie est un produit de l’Occident, mais elle comprend cette approche et nous permet d’appeler transmission cette transformation. Au fond, la transmission, c’est la transgression de l’acquis pour permettre la transformation.

Voilà ce qui permet de placer quand même la franc-maçonnerie dans une posture universelle, et c’est probablement pour cela que je revêts cette « tenue » régulièrement  -je veux dire cet habillement-  depuis 38 ans ; c’est que je pense que ce n’est pas si risible, ou dérisoire, ou pas seulement.

 Alors, tentons de clarifier : de quoi parlons-nous à propos de dérision ?

 

D’après le dictionnaire de l’Académie Française, édition de 1932,  la dérision est une moquerie accompagnée de mépris. Elle se définit par :

   Rire au dépend de… ; ridiculiser, dénaturer, disqualifier, détruire…

 

Le rire est le propre de l’Homme d’après de grands philosophes.

 

Mais est-ce vrai pour la dérision, qui ne provoque pas toujours le rire, même quand elle le cherche ? En quoi est-elle propre à l’homme socialisé ?

Par exemple savez-vous qui a écrit : "Les hommes préfèrent rendre le mal que le bien car la reconnaissance est un fardeau et la vengeance un plaisir".

Eh bien, c’est Tacite ; un haut fonctionnaire, un historien, mais aussi un philosophe de par son observation de la société humaine contemporaine…

 

D’après la définition de l’Académie,  la dérision s’accroche à une idée de destruction,

Au passage, je note cette tendance savante et profane à parler spontanément de destruction plutôt que de dé-construction.

Cette idée de destruction nous invite donc à une première approche médicale.

Le rire de dérision se caractériserait pour les psychiatres par une connotation agressive, mortifère, destructrice, voire sadique, et pourrait être une expression de la pulsion de mort. On parle ainsi de l’auto-dérision du névrotique comme forme de masochisme.

 

 

Donc, sur un plan social profane, la dérision serait une forme d’expression psychotique, participant de l’auto-disqualification  du « malade ». Elle se traduit par :  

  * Annulation de la portée de ce qu’il dit, montre ou fait par la façon dérisoire de le faire.

  * Expression d’une chose et de son contraire ; ex : postures ou tenues  vestimentaires caricaturales, développement d’identités d’emprunt.

  * Création d’un malaise induisant une distanciation.

 

C’est amusant, car au fond, ces comportements psychotiques ne sont-ils pas proches de ceux d’un bon franc maçon en tenue, –je veux dire en loge ! - .

En effet, nos rituels ont pour but et vertu de créer de la distanciation, et nos symboles, ou plutôt notre praxis de la symbolique, a vocation à distinguer ou exprimer en toute réflexion le blanc et le noir.

 

 

Parmi les hypothèses formulées par des médecins sur la genèse du symptôme d’auto-dérision, j’ai noté ceux-ci :

   * Appareillage psychique défaillant,

   * Faible capacité « d’amortissement » des traumatismes et frustrations,

   * Impossibilité de faire baisser les tensions en produisant de l’imaginaire, du sens figuré, du symbolique

   * Absence de distinction claire entre « moi » et « non moi », par mauvaise intériorisation (appropriation en moi) de la réalité externe (le non moi), d’où :

   - difficulté à discerner ce qui vient du dehors et du dedans,

   - difficulté pour faire baisser les tensions émotionnelles,

 

A ce stade médico-scientifique, ou supposé tel, on peut comprendre que la dérision serait une forme de réaction spontanée à une difficulté de l’homme à vivre avec ses failles intérieures, ses appartenances multiples et forcément contradictoires. On comprend aussi les vertus thérapeutiques du travail symbolique en Loge pour rendre le franc-maçon plus sociable, je veux dire « meilleur ».

En tout cas, ceci légitime l’idée que la dérision authentique est une auto-dérision, ou du moins une dérision visant les groupes ou comportements auxquels on pense avoir des « appartenances ».

Dès lors que la dérision est liée à un état humain où le sujet se confronte à l’une de ses apparences ou existences sociales multiples, on peut se demander si ce n’est pas une réaction saine, une médecine douce de l’être, une initiation à l’autre en soi ; car comme le dit un de nos rituels, ne sommes-nous pas tous le même et un autre à la fois ?

 

Revenons à la définition académique de la dérision, qui oblige à distinguer 3 concepts cousins : humour, ironie, et dérision.

 

« L’humour est la politesse du désespoir. » a écrit Boris Vian.

L’humour permet en effet de mettre en évidence avec drôlerie le caractère ridicule, insolite ou absurde de certains aspects de la réalité, et ainsi de transcender une situation difficile, douloureuse, ou de pallier un manque, une carence.

Freud a écrit que l’humour est « un mode de pensée tendant à l’épargne de la dépense nécessitée par la douleur». L’humour ne vise donc les humains ou ne les met en scène que comme acteurs d’une situation.

 

L’ironie consiste à énoncer « ce qui devrait être, en feignant de croire que c’est précisément ce qui est ». L’ironie joue donc de l’illusion de la vérité ; elle affirme à la fois l’absolu et son anéantissement, la construction et la destruction : elle joue avec l’erreur, et crée ainsi une complicité entre l’ironiste et son lecteur ou auditeur.

Selon Bergson, l’humour serait l’inverse de l’ironie car il décrit « ce qui est, en affectant de croire que c’est bien comme cela que ce devrait être ».

 

La dérision est une voie plus oblique ; elle inverse complètement les valeurs pour bouleverser les constructions routinières, étouffantes et faire pressentir un nouveau « possible ».

Cette définition de la dérision ne vous rappelle-t-elle pas celle de l’initiation ?

 

Sur un plan collectif, la dérision est souvent présente dans les sociétés autoritaires.

Voici un exemple de dérision.

Récemment, dans un pénitencier africain, les prisonniers étaient placés en groupes dans des trous assez profonds, en fonction de leurs appartenances communautaires. Un inspecteur de l’ONU effectuant une visite pour s’assurer du respect  des droits de l’homme, a constaté que devant chaque fosse, il y avait des gardes armés pour empêcher les évasions.

Sauf pour l’une  d’elles où il n’aperçoit aucun surveillant ; elle est pourtant pleine de prisonniers. Devant son étonnement, et anticipant la question, le directeur de la prison lui déclare : « Ce sont des malgaches, ils se surveillent eux-mêmes. Dès que l’un tente de s’échapper, ses compatriotes se chargent de le ramener dans le trou ».

 

Eh bien cette blague est … malgache !  Comment la qualifier ?

Ironie pour les uns, s’ils ne se sentent pas impliqués ; humour pour les autres, s’ils  ne se croient pas concernés ? Impliqués, concernés, vous connaissez la meilleure définition comparative ; eh bien, dans l’omelette au jambon, la poule est concernée, mais le cochon est impliqué.

Là, je fais de l’humour, seulement.

En fait cette blague relève de la dérision !

Hélas, les malgaches n’ont connu que des régimes autoritaires, parfois sanguinaires, depuis la décolonisation. Les malgaches forment un peuple plutôt doux, peu enclin à la violence, mais plutôt au débat. C’est peut-être ce qui facilite le travail des dictateurs successifs et rivaux. Alors les malgaches résistent dans leurs têtes en dérisant d’eux-mêmes, faute de résister avec des armes.

 

Cela nous rappelle cet extrait du Discours de la servitude volontaire de La Boëtie : «  c’est ainsi que le tyran asservit les sujets les uns après les autres. Il est gardé par ceux dont il devrait se garder, s’ils valaient quelque chose. » La Boêtie, vous vous en souvenez, appelle à n’avoir ni Dieu, ni Maître, parce que la liberté est naturelle ; il ajoute : «  c’est pourquoi nous ne sommes pas seulement nés avec elle, mais aussi avec la passion de la défendre » !

 

Les Belges aussi aiment les blagues belges, bien que la Belgique ne soit pas une dictature ; mais la question provinciale les étouffe ; elle exerce une quasi-dictature sur les esprits. Dériser leur offre une capacité de résilience sinon de résistance.

D’autres peuples aiment la dérision … Réfléchissez auxquels, et demandez-vous sous quel régime institutionnel, et souvent confessionnel, ils vivent.

 

Quand il y a débat, surtout public, il est de bonne guerre de faire rire ce public. Et surtout dans les sociétés ou les collectivités où on ne rit pas normalement ; c’est vrai qu’on ne rit pas toujours dans nos tenues, quand beaucoup trop se prennent au sérieux, mais on ne peut en déduire que les Loges sont soumises à une autorité trop autoritaire … Là, je dérise … mais je répète ; la dérision est dans la distanciation.

 

Revenons aux sociétés vraiment  totalitaires, aux collectivités autoritaires ; pour les « soumis », pour les peuples, la dérision y est une déconstruction salvatrice, une résistance à la douleur d’y vivre, un appel à l’évasion sinon à l’espérance. Elle est un bon moyen d’extirper la frustration sociétale, pour chaque individu comme pour  la communauté ou le peuple.

 

On dérise donc plus quand il faut subir plus d’autorité, et quand cette autorité n’est pas légitime. Dériser plus, pour résister plus, c’est finalement un programme populaire ! Partout !

Même en maçonnerie peut être ; l’an dernier, une très haute autorité maçonnique dans une lettre ouverte appelait à distinguer pouvoir et autorité, pensant sans doute ainsi guider certains frères dans leur approche de la mixité… Comprenez : le Convent a le pouvoir, mais l’autorité, c’est autre chose … suivez mon regard ! Apparemment, ce n’était pas de la dérision, ni de l’autodérision ; mais ça en avait le goût pour les amateurs … j’allais dire pour les initiés !

 

A ce sujet, il me semble que l’autorité vraie n’a pas besoin d’apparat, ce qui la garde de la dérision ; sauf si elle est en mission de représentation, bien sûr. J’ajouterais que les détenteurs d’une vraie autorité savent qu’elle ne peut être absolue ; ils prennent même souvent  soin de générer des contestations et des débats, en favorisant l’existence d’« imprécateurs », comme dans le fameux roman de René Victor Pilhes. Une  autorité se légitime en créant les conditions pour rester contestable et contestée, et dépasser cette contestation.

  

Les rois de France, dont le problème majeur, était finalement que leur pouvoir absolu pouvait les pousser à des erreurs fatales pour leur couronne faute de contestation officielle possible, avaient eu l’idée de se flanquer de Fous du Roi, pour qu’une distanciation émerge finement, aux limites d’une contestation légitime ; pour un Roi absolu, du coup immortel avant d’être mort, c’était une forme judicieuse de gouvernance ; mais, comme dans le roman de RV Pilhes,  n’était-ce pas aussi et d’abord une pratique inavouée de dérision appropriée ou discrètement maîtrisée, comme un élément de l’Art Royal ?

Alors, pour affronter sa condition mortelle quand on se veut ou apparaît immortel ou sacré, pour se protéger d’une imprécation fatale, ne faut-il pas de l’auto-dérision, quitte à se l’administrer par le moyen d’un autre soi-même, le fou de soi, le Fou du Roy !

Au fait, c’est le roi Salomon qui a dit : «  méfions-nous des tentations du pouvoir », en conclusion d’un débat avec … Hiram. Voilà qui légitimerait un degré de dérision parmi les 33 du rite écossais ; peut-être le 33ème pour éviter de blasphémer en créant le 34ème.

 

 

 

La dérision, puisqu’elle a une vertu salvatrice ou apaisante, peut-elle être une pratique systématique ?

 

A remettre tout en question, en dérisant sans raison ou sans objet, on deviendrait facilement hostile à soi-même, on se prendrait alors soi-même en dérision ; la dérision compulsive peut faire qu’on ne vit plus car on s’essouffle sur une détermination sans objet.

Des esprits se proclamant forts disent parfois que la vie est une immense dérision. 

Mais qu’est-ce que la vie, au-delà de sa définition biologique ?

Pour un rationaliste, la vie est probablement d’abord la seule antithèse de la mort, la seule lutte contre la disparition : la vie, c’est donc la Transmission.

 

La transmission est l’inculcation, à un être libre, de croyances incertaines. Elle est la raison d’être de la franc-maçonnerie. On transmet en effet ce qui, dans la tradition, est jugé digne de survivre, et ce contenu change avec le temps !

Le dernier homme, dans le monde ou une communauté, n’advient que lorsque la transmission devient impossible. La dérision a donc un rapport avec l’espérance, comme avec le doute.

 

A l’époque dubitative qui est la nôtre actuellement, mais qui bénéficie des progrès de la connaissance, du progrès technique et des avancées de la raison humaine, je vise notamment la philosophie des Lumières, l’ultime chose digne d’être transmise serait le doute lui-même !

Ce doute précieux, c’est en fait la liberté de choisir sa culture et son art de vivre.

 

La dérision apporte le doute, ou le porte, mais elle n’est pas le doute ; elle dé-scelle les croyances jusqu’aux plus petites certitudes ; elle se jette sur elles et les éloigne en les portraiturant en ridicule ; mais la dérision comme telle ne transmet que de la dérision : elle est rituel et non rite ; elle est vecteur de sens, mais pas sens.

La dérision est donc un moyen, une voie, un rituel sans rite.

Quand elle s'érige en mise en œuvre d'un rite, le mythe n'est plus loin.

Mais ce mythe serait forcément détourné et volatile ; il ne pourrait pas être authentiquement fondateur puisque il ne procèderait d'aucun sacrifice.

C’est le paradigme de la dérision. Alors que toute transmission n’a de raison d’être que par l’espérance pour la reconstruction, la transmission qu’elle emporte est un retour au chaos ; elle déconstruit et laisse un chantier d pierres brutes que chacun taillera à sa façon.

 

Pour certains esprits forts, la dérision ne peut donc pas être une forme moderne d'espérance, mais elle peut être un rituel d’appel à l’espérance perdue. Et pour nous francs-maçons, cette espérance perdue serait l’amour symbolique et fraternel. Alors faut-il dériser pour aimer ?

 

Pour rester dans la dérision, surtout vis-à-vis de mes propres réflexions, je pourrais faire valoir que la dérision  permet de s'arracher à l'immobilisme ou à la réalité, et de projeter une autre façon de voir, de se voir. Elle est donc refondatrice, si elle est suivie de volonté de construire, donc d’espérance.

 

Elle permet de réduire nos fractures intérieures. Elle est donc l'ennemie des identarismes.

C’est pourquoi elle est résistance spontanée aux totalitarismes. Elle sert l’universalisme parce qu’elle procède le plus souvent de comparaisons ou allégories.

 

La dérision est donc forcément pacifique, même quand elle est cruelle !

C’est pourquoi elle est une arme constante contre les totalitarismes et les dogmes, parce qu’elle est transgression à l’origine, et parce qu’elle ne peut être que pacifique et humaniste.

Et la dérision a une vocation universaliste

 

J’aimerais conclure en pointant que la dérision n’a de sens que si elle se décline en blanc et noir, c-a-d qu’elle doit bien s’accompagner d’autodérision pour prendre toute son efficacité sinon son sens.

Parfois, le rite est si prégnant qu’on ne peut pas auto-dériser sans trop choquer, sans risquer le blasphème ! Il faut donc réduire les effets de transmission  par "transportation" de la dérision.

D'où la nécessité de l'imprécateur en matière de rites profanes et citoyens !

En ce domaine, d’ailleurs, dérise-t-on des hommes ou des pouvoirs ? Des personnes réelles, ou des  personnes composées ?

Des postures ou des positions ?

 

En fait, l’autodérision ne consiste pas à se moquer de soi en tant qu'être, mais en tant qu' « étant »... elle vise à radiographier pour les maîtriser des comportements décalés ou spécifiques, ou irrationnels ... C’est ainsi qu’on dérise par rapport au rationnel ou au normatif; d'où le rapport de la dérision au pouvoir et non à l’autorité.

 

Je vais donc conclure en me référant à l’actualité des totalitarismes et du sacré ; au hasard, parlons du Moyen Orient et de l’Islam reconquérant.

Les Egyptiens n’avaient pas attendu le 25 Janvier 2011 pour développer un humour à usage politique. Ils étaient déjà réputés pour les « nokat » ; ce sont des blagues qui disent ce qui ne peut s’exprimer plus directement. Le mouvement révolutionnaire leur a donné un regain de vigueur, et pendant la révolte de la place Tahrir, les bons mots et les pancartes truffées de traits d’esprit étaient partout présentes.

Ce sens de la dérision est une réponse universelle à la violence aveugle, au sens strict, de la répression. L’humour politique a animé cette révolution, comme il fut présent partout chez nous en Mai 68, et n’a pas joué seulement le rôle d’exutoire. C’est aussi une manière d’encourager la détermination des protestataires et de donner du sens et une arme supplémentaire à leur mobilisation, en faisant rire de l’adversaire.

Voilà pourquoi les tenants des « sacrés », civils ou mystiques, veulent éradiquer la dérision, et du même coup, tout humour. Et pourquoi ils assassinent, emprisonnent, ou incendient, même dans la France contemporaine, s’attaquant aux journaux ou aux théâtres… en attendant pire pour contrôler nos consciences, car l’essence des  totalitarismes est de vouloir tout contrôler, les corps, les esprits , et même les inconscients qui sont si sensibles à la dérision.

Voilà pourquoi, le droit de dériser, de caricaturer, de moquer, est un acquis bimillénaire, mais érigé en droit et devoir humain par les Lumières, et qui doit être défendu en toutes circonstances, surtout par les francs-maçons

 

                                                 J’ai dérisé, et dit

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